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vendredi 27 décembre 2019

Black Sabbath : Paranoid




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1970 : Le rêve hippie est déjà bien amoché, blessé sérieusement par le chaos d’Altamont , et le retour à la terre de groupe San Franciscain, qui se trouvent une passion pour les rythmes poussiéreux de la country. Le premier album du sabb représentait magnifiquement cette désillusion, le pacifisme avait échoué, et le ton devait désormais se durcir. En une journée , black sabbath a lancé un premier pavé incroyablement puissant, gommant toute trace de rêveries pour entrer dans un cauchemar folklorique.

Ils étaient plus lourds que led zeppelin , plus sombres que n’importe quel groupe , et offraient au public la bande son idéale pour oublier le prog déjà décrié , et le psyché sophistiqué. Cela fait beaucoup , surtout pour un disque enregistré en une journée dans un studio des plus basiques.

Du coté des média , qui ont toujours eu un train de retard , on s’empresse d’accuser le groupe de satanisme , soulignant qu’ils utilisaient à outrance « l’accord du diable ». Cet arrangement fut d’abord qualifié ainsi par les illuminés, pour vomir leur haine du blues.  Avec le sabb, il annonçait une autre voie.

Les musiciens du groupe sont aussi catholiques, et cette propagande ne les laisse pas insensible, poussant Ozzy à porter une croix chrétienne à chacune de ses apparitions. L’agenda du groupe, boosté par les ventes du premier album, est plein, et black sabbath entre dans la sainte trinité du hard rock naissant : led zepp , deep purple , black sabbath.

Le second album sera enregistré en seulement quatre jours, mais le titre est d’abord refusé par le patron du label. Choisi en référence au titre le plus engagé du disque, war pigs aurait pu froisser une Amérique engluée dans son intervention au Vietnam, c’est donc le plus consensuel paranoïd qui est choisi pour représenter le disque.  

Après un premier disque résolument hard blues, malgré une ambiance de fin du monde annonçant l’assaut des disciples du métal morbide, paranoid fait entrer le sabb dans la mêlée des prophètes du riff chromé.

Ce disque est le plus direct, le plus tranchant, et le plus rock du groupe d’ozzy, qui laisse un peu sa noirceur de côté pour riposter aux décharges rythmiques de la secte du pourpre profond. En un seul album, le sabbath noir fait déjà le tour de cette folie en trois accords explosifs qui réunit des groupes aussi divers qu’ACDC , led zeppelin , Aerosmith …

Avec sa guitare sonnant comme une sirène pacifique, war pigs est le seul titre se rapprochant de la solennité du premier album. Prêcheur de l’apocalypse, Ozzy décrit crûment la violence de la guerre et de ses dirigeants « traitant les gens comme un amas de chair et d’os ». On peut y voir un parallèle avec le immigrant song de led zeppelin , qui était lui aussi un titre de transition ouvrant la voie à un nouveau son.

Si le titre du zepp paraissait plus guerrier que le manifeste presque peace and love déclamé par Ozzy , c’est que l’invasion préparée par le groupe est surtout annoncée par sa musique. Sèche et brutale, la batterie de Bill Ward entre dans cette guerre explosive que se livrent les batteurs, depuis que Bonham a redéfini les codes du genre.

Chaque martellement est une explosion annonçant les éruptions électriques balancées par Iommi. Guerrier à six cordes, le moustachu maléfique balance ses plus belles flèches, jouant sur les tempos pour mieux marquer le hard rock au fer rouge.

Le passage le plus culte reste bien sûr Iron Man, riff pesant entretenant ses résonances comme autant de secousses sismiques , pendant qu’Ozzy souligne la profondeur dévastatrice d’une guitare sortie des limbes.

Paranoid est le seul véritable passage du sabb sur les terres de plus en plus fréquentées du hard rock, sa musique n’est pas une introduction , elle dit déjà tout en huit titres. Certes, des titres comme paranoid ou farries were boots semblent déjà hacher le blues avec une violence rythmique irrésistible, mais ce n’est qu’une nouvelle version de cette réactualisation annoncée par led zeppelin sur ses deux premiers album. Le sabb joue d’ailleurs, lui aussi, sur les contrastes, mais ses cassures rythmiques sont plus sèches, comme si la moindre harmonie pouvait casser cette tension qui lui sert de moteur.

Et c’est précisément cette tension , exprimée ici de la façon la plus tranchante , qui ne fera que s’alourdir au fil des mois , obligeant black sabbath à quitter les rives d’un heavy rock dont il avait déjà fait le tour sur ces huit titres monumentaux.                                                                                                                                                                                                                                                             

dimanche 31 mars 2019

BLACK SABBATH HEAVEN AND HELL AND MOB RULES

1979, après 9 ans au top Black Sabbath est au plus mal, moribond.
Les grands albums du début des années 70 semblent loin, depuis "Sabbath Bloody Sabbath" sorti en 1973 le groupe n'avance plus.
A chaque nouvel enregistrement la qualité des albums baisse pour devenir insipide avec "Never say die" le dernier en date.
Le groupe est miné par les abus en tout genre et les querelles internes. Le torchon brûle entre Ozzy le chanteur et le reste du groupe.
Finalement un "divorce" a lieu et rares sont ceux qui à l'époque prédisent un avenir radieux au groupe.
Mais c'est alors que Tony Iommi le guitariste a une idée de génie : faire appel à R.J Dio pour remplacer Ozzy Osbourne. Dio qui officiait dans Elf puis dans Rainbow s'est surtout fait connaître pour ses quatre albums (3 en studio et 1 en live) enregistrés avec le groupe de Ritchie Blackmore et notamment le très bon "Rising".
Lui aussi cherchait un nouveau projet, le timing est donc idéal.
Mais pas facile malgré tout, bien que le talent de R.J Dio soit évident, de remplacer Ozzy dont la voix collait si bien à l'atmosphère de Black Sabbath.



Formation:
chant : Ronnie James Dio
guitare : Tony Iommi
basse : Geezer Butler
batterie : Bill Ward (Heaven and hell) puis Vinnie Appice (Mob rules)
et au synthé/clavier : Geoff Nicholls


HEAVEN AND HELL (1980)

Meilleur album de Black Sabbath selon moi (avec Paranoid) ; après plusieurs années de vaches maigres et d'albums moyens Black Sabbath se sépare d'Ozzy et récupère Dio, parti de Rainbow.
Et là la magie opère très vite ; Iommi retrouve ses talents de compositeur et de guitariste et R.J Dio, reconnu comme l'un des grands chanteurs de l'histoire du hard rock, est toujours au meilleur de sa forme.
La production de Martin Birch (le grand producteur "Hard and Heavy" de l'époque, en maître du genre met remarquablement en valeur la puissance du groupe.
La structure des morceaux ne bouge quasiment pas, c'est plutôt le son qui change au risque de dérouter les anciens fans (mais en général la grosse majorité d'entres eux adhéreront très vite, après quelques petites réticences à ce nouveau line-up).
La première face est un chef d'œuvre avec "Neon Knights"/"Children of the sea"/"Lady evil" et bien sur "Heaven and hell" ; là on atteint des sommets rarement égalés (seules les premières faces de "Deep purple In rock" et de "Led Zeppelin IV" peuvent à mon avis rivaliser et atteindre ce niveau).
La deuxième face, un peu moins bonne, contient néanmoins l'excellent "Die Young" (mon titre préféré) et on finit tout en émotion par "Lonely is the world", une balade mais différente de celles enregistrées avec Ozzy ; du très grand Black sabbath.
Seule "Walk away" est un peu faiblarde.
Au niveau de la structure des morceaux il n'y a finalement pas tant de changements que cela, toujours les gros riffs, une grosse rythmique et les morceaux rapides côtoient les morceaux plus lents/lourds avec également des titres qui alternent passages rapides et lourds.
Mais surtout la voix de Dio s'intègre parfaitement à Black Sabbath et apporte quelque chose de nouveau. Ce qui en théorie n'était pas gagné d'avance !
Par contre le son a évolué et s'est modernisé depuis "Paranoid" et "Master of reality". La production énorme donne un coup de jeune au groupe à une époque où Judas Priest, Iron Maiden et autres jeunes loups de la N.W.OB.H.M arrivent en force.
Et puis autre point positif c'est le bon dosage entre les morceaux - au delà des compositions - qui frappe l'auditeur (même si évidemment le côté flippant/angoissant de certains titres des premiers albums de Sabbath a disparu).
L'apport discret mais efficace du clavier est également à souligner car il apporte un plus en aérant les morceaux (par exemple "Die Young") tout en étant utilisé à bon escient.
Avec R.J Dio on change aussi d'univers : bienvenu dans le monde médiéval, celui des sorcières, des dragons et des chevaliers…


MOB RULES (1981)

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Que faire quand on vient de sortir un chef d'œuvre comme "Heaven and hell" ?
Sorti en 1981 "Mob rules " est la réponse.
On ne change pas une équipe qui gagne : même formation (mise à part l'arrivée de Vinnie Appice à la batterie à la place de Bill Ward qui a jeté l'éponge) ; même gros son, même type de compositions que pour l'album précédent, mélange de morceaux rapides, lourds et de titres plus cools et mélodiques, sorte de balades à la sauce "Black Sabbath", le tout toujours parfaitement équilibré.
La rythmique assure toujours très bien (toujours aussi puissante) et Iommi semble au sommet de son art aussi bien pour les riffs que pour les solos ; quant à R.J Dio, album après album, sa voix est toujours aussi divine et féérique, ses intonations placées au bon moment et au bon endroit et qui font mouche.
Le son est énorme (toujours Martin Birch aux manettes qui fait du bon boulot), une production vraiment parfaite.
"Turn up the night" et "The mob rules" montre que Black Sabbath maîtrise parfaitement les morceaux rapides ; "Voodoo" au tempo médium est également une réussite, les titres plus lents "Falling off the edge of the world" et surtout le titanesque "The sign of the southern cross" sont parmi les moments forts ; le plus calme "Over and over", presque une balade, permet à Tony Iommi de sortir un de ses meilleurs solos, tout en émotion, bonifié par la voix du regretté Dio.
"Country girl" est assez quelconque mais c'est le seul titre qui ne soit pas à la hauteur.
Un grand album mais un ton en dessous de "Heaven and hell" malgré tout.
Cinquième et dernier chef d'œuvre de Black sabbath après le premier album, Paranoid, Master of reality et Heaven and hell ; la suite sera moins bonne, Dio et Appice quitteront le groupe, fâchés avec Butler et Iommi et "Mob rules" annonce le début de la fin malgré l'arrivée prometteuse de Ian Gillan qui ne restera que pour enregistrer le très moyen "Born again".
En tout cas il est indéniable et incontestable qu'en l'espace de deux albums studio R.J Dio a donné un nouveau souffle à Black Sabbath.
Quant à "Live evil" sorti en 1982 avec la même formation que celle de "Mob rules" j'aurais peut-être l'occasion d'en reparler plus tard.