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dimanche 7 juillet 2019

Gong : Angell Egg


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Avec flying teapot , la secte de David Aellen avait ouvert les portes d’un univers planant et fantastique , où les instrumentaux étaient comme fondus dans un brouillard cotonneux. A une époque où le prog explosait, et alors  que soft machine donnait naissance à une nouvelle scène, gong n’a pas tardé à produire le successeur de sa tasse de thé volante. Plus que de stupides intérêts commerciaux, le concept réunissant les albums justifiait largement cette effervescence créative.

Premier d’une trilogie appelée radio gnome, Flyin teapot berçait tranquillement l’auditeur, pour le laisser dans les décors farfelus de ce angel egg. A une époque où caravan , soft machine et autres khan célèbrent la beauté d’un free jazz mélodique , on ne s’étonnera pas que l’album s’ouvre sur un tapis de sons hypnotiques, aussi doux qu’une ballade de Khan. La transition entre les deux disques est parfaite, angels egg reprenant un psychédélisme rêveur et délirant lié à la légèreté du monde fantastique qu’ils ont créé.

Le disque s’avére toutefois plus varié que son prédécesseur , ses titres mêlant le jazz au psychédélisme et à la pop , le tout dans une atmosphère de folie douce. Cet attelage est réuni par un rythme langoureux, comme une douce rêverie après l’absorption de cette herbe qui rend idiot. On retrouve régulièrement les rythmes orientaux , qui fascinent toute une génération depuis les délires hypnotiques des Byrds , Beatles , et autres voyageurs pop.

On est partagé entre une douce poésie libertaire , qui s’exprime merveilleusement sur des titres comme prostitute poem , et les rock burlesques tels que Only Way. Dans les passages les plus enjoués , Aellen chante comme un lutin défoncé , alors que la rythmique développe un boogie rallongé et délirant. On trouverait presque un parallèle entre cette grande fête loufoque et les grandes œuvres de Frank Zappa, les deux artistes ne pouvant s’empêcher de cacher leur virtuosité derrière un grand cirque burlesque.

1973 a vu l’arrivé de dark side of the moon et the lamb lies down in broadway, et pourtant angel egg fut un succès. Contrairement aux dernières œuvres de pink floyd et Genesis, gong ne cherchait pas un concept alambiqué légitimant la grandeur de son œuvre, il proposait une expérience au public. Libre à lui de la glorifier.

Angel egg est une succession de paysages somptueux et enthousiasmants, sur lesquels se promènent des personnages absurdes, représentés par une poignée de chant désacralisant cette beauté innocente. Le plus grand souhait de Aellen était celui-là, développer une beauté musicale simple et innocente, rejetant le pompeux pour atteindre l’évidence.

Pas besoin de dix écoutes pour entrer dans ce disque, il suffit comme le précèdent de se laisser porter à travers ses vignettes musicales. Et pourtant, ce disque n’est qu’une étape, et l’auditeur attentif ne manquera pas de remarquer, dans ces instrumentaux gracieux, les prémices d’un prochain disque encore plus abouti.

Gong avait démarré sa grande fête psychédelique avec la spontanéité de fying teapot , il la poursuit avec les pièces plus abouties d’angell egg, il ne lui restera plus qu’à  se sacrifier aux rites des grandes pièces instrumentales. De cette manière, chaque épisode de sa radio gnome reste aujourd’hui l’aboutissement d’une inspiration unique.           

                                                                        

dimanche 14 avril 2019

Gong : Flying Teapot


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David Allen a d’abord trouvé sa vocation en voyant Jeff Beck jouer, lors d’une prestation où il annonçait déjà une nouvelle voie pour le Blues. Époustouflé par ce guitariste, dont « l’instrument semblait doté d’une vie propre », il décide que c’est désormais à lui de tenir la guitare au sein de Soft Machine. Suivra une période aussi courte que fantasmée par ceux qui n’eurent pas la chance de la vivre. Car Soft Machine n’est pas encore le groupe culte que nous connaissons aujourd’hui et sa carrière ne commencera à décoller qu’en 1968, après son concert en compagnie de Hendrix .

Entre temps, David Allen n’a pu rentrer en Angleterre pour un problème de visa, sa participation à Soft Machine se voit donc arrêtée nette par un contrôleur zélé. Le voila coincé à Paris, avec sa guitare sèche pour seule compagne de misère, ce qui ne l’empêche pas de rapidement réunir quelques connaissances pour fonder la communauté hippie la plus créative des années 60. On y trouve donc, pour ne citer que les plus illustres, David Allen, guitariste passé par Soft Machine, qui cherche à s’éloigner du Jazz Rock, Gilli Smith, une poétesse féministe passionnée par les effets sonores planants, Didier Malherbe, un flutiste/saxophoniste fou de Jazz et de musique indienne, Tim Blake, qui bidouille ses synthés en s’inspirant de l’avant-garde allemande, et Mick Howlett, un bassiste amateur de groove funky.

Seul Steve Hillage, le guitariste, est partisans d’un Rock Progressif plus proche de cette époque de finesse symphonique. Mais Gong n’est pas vraiment un groupe de Rock Progressif, dans le sens musical du terme. C’est plutôt la réunion de musiciens cherchant une nouvelle forme d’expression. Pour se faire, ils imaginent une émission diffusée dans un monde fantasmagorique : la Radio gnome Invisible.


Flying Teapot est le premier volet de cette série, qui ne connaitra jamais d’équivalent dans la culture Pop contemporaine. En ouverture une voix grave chante sur un rythme burlesque, soutenue par des borborygmes loufoque. Puis le saxophone se joint à la fête, tricotant une sorte de Jazz Rock embué, avant que la guitare ne suive un rythme binaire hypnotique. On passe rapidement de la lourdeur rythmique d’une messe de hippies défoncés à un extravagant Boogie spatial, le tout sur un « Radio Gnome Invisible » qui nous plonge d’entrée dans un monde délirant.

Puis la théière volante s’élève, dans une introduction synthétique digne de Tangerine Dream, avant de rapidement revenir à un Boogie funky, porté par la voix d’un gnome rieur. Le groove qui se dégage de ce second morceau est aussi irrésistible que fascinant. Le synthé parvenant à cohabiter avec la chaleur d’un saxophone rassurant, et la beauté psychédélique d’une guitare distordue, sans que l’on puisse réellement comprendre par quelle magie ces éléments se mélangent avec une telle grâce.

C’est un nouveau groove qui ce dégage de ce Space Rock déjanté et, si Gong semble toujours privilégier la légèreté d’un univers enfantin, la virtuosité de ses musiciens est indéniable. La folie de leur monde est d’ailleurs revendiquée dès le refrain de "The Pot Head Pixies", où deux voix défoncées nous assènent « I am , you are , we are crazy », sur fond de Jazz Rock acide, qui repart rapidement sur un rythme de Music Hall hippie.

Fou, le monde que nous propose Gong l’est sans doute , mais c’est plus que sa folie qu’il nous propose de rencontrer. C’est la puissance fascinante d’un groupe se nourrissant de ses divergences pour créer un univers inexploré, dont lui seul a les clefs.

Univers qu’il prolongera sur les disques suivants, le rendant plus expérimental, plus jazzy (Angel Egg), ou plus virtuose (You) . Mais Flying Teapot a pour lui ce charme irrésistible qui accompagne les grandes découvertes.