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dimanche 3 mai 2020

The Jim Jones Revue : Burnning Your House Down


The Jim Jones Revue - Burning Your House Down (2010, Vinyl) | Discogs

Jim Jones rejoint ses premiers groupes à partir de 1988. Le rock se réveille alors de son long cauchemar grâce à la résurrection du hard rock. Les guns ont commis le casse du siècle avec appetite for destruction , et tout le monde réclame sa part du butin. Il y’a les vieux routards d’abord, qui se libèrent de la guimauve radiophonique, pour retrouver la verve de leurs débuts.  Le « groupe le plus dangeureux d’amérique » a aussi entrainé toute une arrière garde au succès aussi rapide qu’éphémère.

Symbole de de ce revival, le passage des guns à Paris en 1992 fut le théâtre d’un duel historique entre Slash et Joe Perry.  Le rock avait repris confiance en lui, et les riffs des White Stripes prirent la relève au début du 21e siècle.

Pendant ce temps, les groupes de pop garage de Jim Jones végétaient dans une Angleterre obnubilée par la britpop des frères Gallagher. Las de prêcher dans le désert , Jim Jones plaque tout , il a trouvé un alter ego plus proche de ce qu’il veut jouer. Rupert Orton partage la même passion pour le rockabilly et le son de Détroit, un cocktail qui vit pour la première fois le jour grâce au MC5.

Le son de la Jim Jones Revue s’est mis en place de façon instinctive, Jim Jones enfourcha sa guitare, et le groupe le suivit instinctivement.

Premier essai : Boom Boom Badoom Boom
Second essai : Boom Badoom Boom Boom

De toute évidence ces musiciens tenaient une formule parfaite . LA formule parfaite du rock n roll. Il leur suffisait désormais de rester callés sur ce modèle , accélérant et ralentissant le rythme selon leur instinct , alors que leurs guitares subissaient les pires outrages. Après tout, les grandes figures du rock originel qu’ils aiment tant n’ont rien fait d’autre. On peut d’ailleurs constater que, le MC5, c’est surtout le rock des origines agrémenté d’une fureur nihiliste à faire s’écrouler les usines de Détroit.

Ils s’en sont d’ailleurs bien rendus compte quand, en 2009, Chuck Berry les a embauchés pour effectuer la première partie de sa tournée anglaise. Leur musique contenait la même énergie que la musique du premier maitre du riff. 

Lorsqu’il entrèrent en studio, pour graver ce fire on the floor , les producteurs se frottèrent les mains. Pour eux, le groupe a la puissance primaire de the go , premier groupe d’un Jack White en pleine ascension. Alors ils vont se charger de donner à cette fureur un écrin correct, qui ferait presque dire que Jim Jones revue a remplacé la fureur crasseuse de the go par une certaine classe rugueuse. 

Ici, on ne fait pas dans la dentelle . Le swing belliqueux est souligné par un piano qui semble tenu par le killer (Jerry Lee Lewis) lui-même. « Burnin your house down » sonne comme les stray cats boostés aux amphétes , c’est le son d’une bande de guerriers déchainant les foudres d’un rock qui fut foudroyant avant de devenir heavy. 

Dishonest John semble sorti des grandes heures de Détroit, high horse donne des leçons de boogie à foghat , et cette pression ne redescend jamais. Jim Jones éructe comme une version ultra virile de l’iguane, poussé au cul par un beat binaire à réveiller les morts. Pendant les rares moments où la guitare s’attarde dans de petites envolées solitaires, ses hurlement métalliques ne font qu’accentuer la puissance de l’éruption.

« Burning your house down » n’obtiendra malheureusement qu’un succès d’estime, le rock commençant déjà à se terrer dans l’underground. Qu’importe, ces quelques minutes montrent que, cette année-là, la Jim Jones revue représenta le rock dans ce qu’il a de plus direct.     

vendredi 17 avril 2020

Jim Jones and the righteous mind : Super Natural


Jim Jones & The Righteous Mind - Supernatural - Chronique - La ...

Jim Jones est un rocker comme on en fait plus depuis la mort des stray cats. La Jim Jones revue, son premier groupe, ramenait le rock au berceau. Une guitare, une basse , une batterie , et un rythme binaire, voilà de quoi ressusciter cette devise immortelle : bebopalulabebopbamboum !

La Jim Jones revue , c’était les stray cats avec le feu au cul , Eddie Cochran croisant le fer avec le MC5. Autant dire qu’en 2011, quand ces puristes ont tiré leur révérence, leurs fans sont partis noyer leur chagrin dans les bars rétro. Et la cuite allait durer 6 ans, jusqu’au jour où une bande de teddy boy recroisa le nom de Jim Jones. C’était dans une de ces foires aux disques , qui sont autant de lieux de résistance au milieu de la médiocrité ambiante.  

La pochette les rebuta un peu , elle ressemblait trop aux délires morbides des crétins du heavy metal. L’agressivité des enfants de black sabbath était en grande partie responsable de la mort du swing , alors ils ne voulaient pas voir Jim Jones tomber dans cette bouillie infâme.

Nos amis puristes prirent tous de même le disque, et enfourchèrent leurs vieilles Harley pour écouter cette curiosité. La vieille sonorisation crache un riff déchirant, qui ouvre la voie à une orgie sonore assourdissante. Cette entrée les laisse sans voix, ce qui est joué ici avec une force inédite, c’est bien le rock dans ce qu’il a de plus cru.

S’inscrivant dans la lignée du pur rock n roll , ce premier riff semble ressusciter la hargne proto punk des frères Asheton. Jim Jones and the righteous mind , c’est la Jim Jones revue plongée dans un bain acide , et produisant sa propre version du rock psychédélique psychotique.

Après une intro qui botte les fesses d’Iggy Pop , les mercenaires s’en prennent au groove vicieux de John Lee Hooker sur base is loaded. Le jungle beat est violement lacéré par un riff chromé, tout droit sortie du Detroit de la belle époque. Le solo réveille d’ailleurs le fantôme de Fred Sonic Smith, chaque note sonnant comme une décharge dévastatrice.
Kick out the rock motherfucker !

La pression ne redescend même pas sur « somethings gonna get it hand on you » , cette dance voodoo jouée avec un groove sulfureux. « Super Natural » fait partie de ces disques qui prennent l’auditeur à la gorge dès les premières secondes, pour ne plus le lâcher. 

Quand le tempo ralentit , c’est pour mettre plus de force dans chaque décharge. La batterie de « no fool » imprime un rythme tribal, sur lequel vient se calquer un riff répétitif et dévastateur. Les distorsions donnent au titre un air de délire psychotique, une simplicité dérangeante sortie du brasier « sister ray ». 

Les auditeurs commencent alors à demander grâce devant tant de violence groovy. Qu’ils se rassurent le piano de « aldecide » lui donne presque des airs de ballade. Mais la guitare est encore là, rugissant entre deux cœurs vindicatifs, et le rythme ne tarde pas à s’accélérer. 

                                                                           
Sorte de pub rock sous hormones, « boil yer blood » est un boogie saignant qui ferait passer endless boogie pour une bande de sous allman brothers. Jim Jones ménage ensuite ses effets , posant une voix plus apaisée sur le blues ésotérique « shallow grave ». 

Cette petite accalmie prépare le terrain pour le dernier assaut, la charge électrique nettoyant l’auditeur de toute la guimauve que ses oreilles ingèrent à longueur d’année. « till it’s all gone » est le titre le plus sauvage de l’album et, si « everyone but me » semble refermer le bal sur une note apaisée, il flotte dans cette mélodie une aura de danger que l’on a plus croisé depuis la sortie de « raw power ».

Lorsque les dernières notes s’évanouissent, nos teddys boys finissent leurs jacks d’une traite. Le rock n roll venait encore de se réinventer pour quelques années, et ce disque était un acte de renaissance digne des grands disques de, Creedence , des Stooges , du MC5 … 

Il est le descendant de tous ces groupes qui, de différentes manières, ont su ramener le rock au bercail.