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samedi 25 mai 2019

Khan : A Space Shanty


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A l’origine de Khan , il y a Steve Hillage , guitariste virtuose ayant mis sa carrière entre parenthèse après l’échec commercial de l’album d’Arzachel en 1969. Il se concentre alors sur ses études , qu’il passera toutefois à Canterbury. La ville est alors en pleine effervescence, les musiciens locaux se frottant à la complexité du Jazz pour obtenir un rock aussi riche que celui de soft machine. C’est d’ailleurs dans cette ville que Soft Machine est né des cendres de the wildflowers , annonçant ainsi une nouvelle voie pour le rock progressif.

Hillage est absorbé par cette époque de créativité débridée , et finit par abandonner ses études pour former Khan avec Dave Stewart. Ayant déjà composé une poignée de titres, Hillage embarque le groupe pour deux mois de répétitions quotidiennes. Khan part ensuite affuter son rock sophistiqué en concert, avant d’enfin entrer en studio pour produire ce « space shanty ». Mais rien ne se passe comme prévu, et le batteur Pip Pyle quitte la formation, avant de continuer une brillante carrière en compagnie de David Allen et Gong.

Le groupe finira tout de même par lui trouver un remplaçant en la personne d’Eric Peachey. Issu d’un obscur groupe de blues rock , l’homme est le symbole de cette époque où la nouvelle génération abandonne les complaintes des ramasseurs de coton du Mississipi , pour s’égarer dans de grandes mélodies utopistes ou fantastiques.

Le producteur, lui aussi , n’est pas choisi au hasard. Neil Slaven vient de terminer son travail avec Egg, autre groupe phare du prog expérimental, dont il a produit le merveilleux « the polite force ». Lors des sessions d’enregistrement, le perfectionnisme de Steve Hillage met les nerfs de son producteur à rude épreuve. L’homme superpose ses parties de guitare en cherchant l’équilibre parfait , et les séances s’éternisent .

A space shantey finit par sortir en 1971, et heureusement l’attente en valait la peine. Le concept, critiquant l’alliénation des grandes villes, peut paraitre un peu niais à notre époque urbaine. D’autant que , face à cette aliénation, Khan promeut les poncifs hippies que sont l’élévation spirituelle et le mysticisme.

Mais cette pochette, représentant un vaisseau semblant sorti de l’imagination de Phillip K Dick, alliée à ce titre inspiré des chants de marins , et annonçant une série de compositions futuristes, nous laisse présager une nouvelle perle progressive.

L’affaire commence sur une violence presque hard rock , l’ouverture mêlant guitare et clavier agressifs, qui nous donnent presque l’impression d’entendre Uriah Heep dans ses plus belles œuvres épiques. Et puis la mélodie reprend ses droits, annonçant les disques les plus complexes des flowers king dans ses intermèdes les plus méditatifs, avant que le rythme ne s’emballe dans un déluge Crimsonien. On l’aura compris, a space shantey  est surtout l’œuvre de Steve Hillage , sa guitare semblant diriger les changements de rythmes et autres variations d’une musique incroyablement riche.

Derrière lui , le clavier de Dave Stewart est bien sur là pour ajouter ses notes rêveuses , et encrer le disque dans la grande légende Canterburienne. Il faut dire que les années 70 et 71  furent particulièrement riches pour la scène de Canterbury. Elles verront egg clore sa période expérimentale avec l’hallucinant « polite force », Caravan atteindre le sommet de sa grâce jazz rock sur If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You et in the land of grey and pink, alors que soft machine venait de sortir l’inclassable third.                                                                                            

Et n’oublions pas ce grand David Allen, ex fondateur de la machine molle, qui passera les années suivantes à développer une nouvelle vision du psychédelisme  avec camembert electrique, et la future trilogie radio gnome de gong.

Dans cette avalanche de chefs-d’œuvre, a space shantey représentait le rock Canterburien dans ce qu’il avait de plus sophistiqué, les passages atmosphériques ménagent nos oreilles éprouvées par tant de trouvailles mélodiques.

Les musiciens réunis ici parviendront peut-être à un plus haut niveau de beauté musicale, mais ils renoueront rarement avec cette inventivité débridée.