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jeudi 20 juin 2019

Todd Rundgren : Todd


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Todd Rundgren s’est forgé grâce au psychédélisme , et la seule gloire de ses Nazz restera d’avoir fait la première partie des doors. Après un premier album conçu pour leur ouvrir les portes du succès, les nazz partiront dans une voie plus underground, sous la houlette de Rundgren . Mais leur management ne l’entendait pas de cette oreille, et les expérimentations du guitariste sont toutes retirées du mix final, pour accoucher d’un disque simple et sans saveur . Sans surprise , le résultat se vautre aussi lamentablement que son prédécesseur. Cette expérience a le mérite d’inciter Todd Rundgren à tracer sa voie en solo.

 Les premiers disques ne retiennent pas l’attention, les morceaux étant trop courts pour séduire les amateurs de longues pièces instrumentales, alors que sa tendance à partir dans tous les sens rebute les puristes.

Or , ce qui séduisait les amateurs de rock virtuose à l’époque , c’était les rêveries jazzy de King Crimson, les prouesses symphoniques de Yes , ou le lyrisme rêveur de Genesis. Il faudra attendre 1972, après que des groupes comme soft machine ou gong aient ouvert le genre à des formats plus courts , pour que Rundgren obtienne enfin le succès tant attendu.

Les ventes ne seront jamais exceptionnelles. Something anything n’obtient qu’un modeste disque d’or , et son successeur est 54e dans les charts , mais elles permettent au musicien de diffuser ses excentricités. A wizard a true star était le premier manifeste de son art déjanté , fait de soul mielleuse , d’electro planante à faire rougir les avant gardistes allemands , et de mélodies définissant une nouvelle pop.

L’homme ne cherche pas, comme beaucoup de groupes progressifs, à trouver une idée unique, afin de la développer tout au long d’un disque. Il prend un malin plaisir à enchainer les petites pastilles expérimentales de deux ou trois minutes, faisant de ses albums de véritables galeries d’art minimaliste.

 Attention, ces compositions ne sont minimalistes que dans leurs durées , l’homme ayant le don de dire en quelques secondes ce que ses contemporains ne peuvent exprimer qu’après de longues minutes de tâtonnements nombrilistes.

Alors qu’il permit pendant des années de pomper les formules issues de la musique classique, pour donner un coté respectable et intellectuel à une pop devenue « sérieuse », les moog et autres synthétiseurs ne servent ici qu’à nous transporter dans des contrées inexplorées. Le son de synthétiseur de Rundgren est inimitable, et s’apparente souvent au sifflement d’un vaisseau dépassant le mur du son. Ici , ce son abat plutôt tous nos repères , qui sont autant de murs dressés entre nous, et la folie d’un artiste bien décidé à forger un son unique.  

L’homme passe son temps à rendre méconnaissable ses sources d’influence. Placée au milieu de ce délire hypnotique, sa guitare n’est plus seulement une autre incarnation du blues rock abrasif des yardbirds, ses rêveries entrainantes ne sont plus les filles de la soul, et ses mélodies ne s’apparentent plus à des cousines des douceurs glam rock.

Ces influences sont noyées dans une orgie de bruitages et ambiances électroniques , défigurées par un chanteur accompagné de chœurs psychédéliques, et elles sont finalement fondues dans une succession de manifestes excentriques.

Les artistes comme Rundgren ne seront jamais de brillants suiveurs, et ils se rapprocheront encore moins des grands visionnaires de leur époque. Ce sont des parias , évoluant au gré de leurs délires, et dont les œuvres sont souvent les plus durables et fascinantes.

Ecouter ce Todd , c’est comme mettre la main sur l’œuvre d’une civilisation oubliée. Le disque nous fascine car il semble éloigné de tout ce qui a été, et sera, fait. C’est l’œuvre d’un homme qui semble avoir totalement abandonné le monde réel, le temps de créer son œuvre.