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mardi 4 août 2020

FAITH NO MORE : The real thing (1989)

Formation :
Mike Patton : chant
Jim Martin : guitare
Roddy Bottum : claviers
Billy Gould : basse
Mike Bordin : batterie



Années 80 : Faith No More vient de sortir deux albums, « We care a lot » assez anecdotique puis « Introduce Yourself » plus intéressant et qui figurent avec d'autres disques (de Red Hot Chili Peppers ou Fishbone notamment) parmi les albums précurseurs de la scène "fusion" qui va exploser dans les années 90s, mélange de métal, de funk, de rap voire de punk suivant les groupes.
Chuck Mosley, le chanteur, qui ne s’entend plus avec le reste du groupe part et est remplacé par un nouveau venu Mike Patton. Son arrivée apporte indéniablement un souffle nouveau et va révolutionner le groupe qui tout en restant dans le genre « fusion » et toujours ouvert à différents styles musicaux, va effectuer un virage métal.
D’emblée on sent que vocalement Mike Patton, qui en 15 jours compose l’ensemble des textes avant l’enregistrement, est supérieur à Mosley, le dépasse, avec un registre plus étendu, il amène une dimension nouvelle par ses capacités à s’adapter et à maîtriser presque tous les genres musicaux y compris l’expérimental (mais avant tout le métal et le phrasé rap) et surtout une voix un brin plus déjantée, plus démonstrative, expressive, moins monocorde, moins terne.

Le son également est nettement plus incisif sur cet album, ce qui le rend plus efficace qu’ « Introduce Yourself », plus puissant, mieux produit (pourtant le label et le producteur sont les mêmes – sans doute plus de moyens).
« Introduce Yourself » malgré ses imperfections était un album avec un charme particulier et une ambiance spéciale qu’on ne retrouve pas entièrement ici (certains ne seront forcément pas d’accord). Toujours est-il que si « Introduce Yourself » et « The Real Thing » ont une base musicale commune les deux albums sont assez différents.

« The real thing », le troisième album de Faith no more, sort donc en 1989.
FNM alterne les styles et les ambiances et on a déjà un aperçu de ce que sera leur chef d’oeuvre « Angel Dust » (où cette variation sera plus poussée et plus réussie encore).
On passe d’un genre musical à l’autre avec aisance même si le métal reste le fil conducteur (mais encore une fois Angel Dust poussera à tout point de vue les limites un peu plus loin dans la démesure et franchira un cap).
En tout cas FNM est le premier groupe a avoir mis une telle dose de rap et de funk dans son métal. C’est un nouveau Faith no more que déboule pour un album qui va s’avérer marquant.

Les riffs de guitares sont plus tranchants mais globalement – et c’est rare – le clavier et la basse sont loin d'être négligés, bien au contraire.
L’utilisation du clavier est magistrale (déjà sur l’album précédent il est vrai) : sur « From out to nowhere » le très bon titre qui ouvre l’album, « The real thing » et l’excellent instrumental « Woodpecker from Mars » notamment, il apporte une atmosphère et une coloration aux morceaux, leur donne une autre dimension, comme une touche de peinture qui change un tableau.
« Epic » est le single du disque avec son intro et ses passages rap métal très réussis, assez remarquable en intensité. Le style du groupe est parfaitement résumé dans ce titre. Du rap métal 3 ans avant Rage Against the machine.
« Surprise ! You’re dead » lui sonne quasiment thrash métal et ne ferait pas tâche sur un album de Metallica.

« Zombie eaters » c’est la pièce maîtresse de l’album, plus complexe, entre ballade et heavy rock, le meilleur titre avec « The real thing » et  « Woodpecker from Mars » , « The real thing » étant davantage dans l’expérimental et qui mixe ambiances à géométrie variables. Pour mieux désorienter l’auditeur.
« Underwater love » est le seul titre un peu faiblard et sans grande originalité de l’album.
L’instrumental « Woodpecker from Mars » est remarquable avec en avant – ce qui est rare – la basse et le clavier qui se taillent la part du lion ; changements de rythme, break, un grand morceau.

« War Pigs », la reprise de Black Sabbath est à la fois réussie et décevante; très bien certes mais beaucoup trop fidèle à l’original.
Quand on s’appelle Faith no more on doit prendre des risques sur ce genre de reprise et nous donner une version différente et plus déjantée qu’une simple copie.
Je m’attendais donc à mieux, dommage, étant entendu que War Pigs reste un immense morceau.

Enfin « Edge of the world » qui clôture l’album est une très belle ballade, qui montre que FNM est aussi doué sur ce style musical.
Si « The real thing » est moins original et moins diversifié que ne le sera l’album suivant « Angel Dust », moins dans la créativité (avec Angel Dust Faith no more rend une copie quasi parfaite) il est néanmoins très convaincant.

En tout cas un must du rock fusion de cet fin des années 80 et qui inaugure ces 90s où les barrières auront véritablement explosé entre les styles.