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mardi 29 octobre 2019

Hammer Of the God épisode II: le chant du cygne


De 1973 à 1975 , led zeppelin est au sommet de sa popularité , ses concerts réunissant plus de fans que les Beatles à l’époque de leur arrivée historique en Amérique. Dans le même temps ,  le contrat qui les lie à Atlantic touche à sa fin. Peter Grant est donc en position de force pour renégocier les avantages dont le groupe bénéficiait jusque-là.

Page ayant monté son propre label , swan song, Atlantic devra désormais se contenter de distribuer les albums produits par le label. Cette initiative servira aussi à aider quelques groupes, dont le plus fameux reste bad company , et rappelle bien évidement la création d’apple record par les beatles. Voilà donc notre gang produit par son propre label , qui sera dirigé par un Peter Grant qui leur laisse une totale liberté.

Cette liberté a sans doute motivé les musiciens, qui ont déjà presque bouclé leur sixième album lorsqu’ils sont conviés à la fête célébrant la naissance de swan song. Celui-ci sera double, pour ne rien jeter de la précieuse matière que le groupe a accumulé depuis des mois.

Physical graffiti


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Dans un immeuble à l’apparence vétuste , les musiciens du zepp apparaissent aux fenêtres , où l’on peut aussi apercevoir Elisabeth Taylor , la reine Elisabeth, la vierge Marie …
Led zeppelin semble se prendre pour les beatles , mais nous n’oserons dire que ce disque est leur sergent pepper. Le chef d’œuvre des beatles était célébré pour son avant gardisme, les scarabées lançant la mode des concepts albums, bientôt suivie par Towshend , les pretty thing , et plus tard par Lou Reed, tout en ouvrant une voie que le rock progressif ne manquera pas d’explorer avec « a day in the life.

La grandeur de physical graffiti se situe plutôt dans son inventaire des contrées visitées par le zeppelin de plomb. Composé de quelques titres issus des sessions de IV et de house of the holy , il est le manifeste d’un groupe qui , après s’être abreuvé aux sources du blues , avoir dansé sur les rythmes ska et funk, et avoir déchiqueté les normes du rock, revient sur terre chargé de trésors somptueux.

C’est bien sur le blues qui ouvre le bal, et voit le groupe développer une énergie plus sèche, où la réverb a disparu pour accentuer le tranchant de ses riffs syncopés, qui s’allie à la violence du clavier de John Paul Jones. Abandonné lors des sessions de house of the holy , the rover prend le relais sur une introduction percutante de John Bonham. D’une simplicité irrésistible, le riff joué par Page donne une idée de comment Keith Richard aurait pu jouer, si il avait démarré sa carrière quelques années plus tard. Joe Perry n’atteindra d’ailleurs jamais cette efficacité à mi-chemin entre les canons du rock dit heavy, et les contemporains de Little Richard, il faut dire qu’il n’avait pas un Robert Plant pour donner au tout une touche mélodique des plus séduisantes.

Led Zeppelin cite ensuite Dylan et, entre ses mains, ce qui était une folk song issue du premier disque du Zim devient le manifeste épique d’un homme attendant la mort, avec l’assurance de celui qui a fait son devoir. Les licks de Jimmy Page ouvrent le morceau sur un rythme langoureux, que Bonham explose d’un monumental riff de batterie. Son kit semble résonner au milieu d’un dôme, ajoutant au côté solennel de ce manifeste épique, qui prend toujours ses racines dans les terres inépuisables du blues.

Le titre fut enregistré en deux prises, le groupe entrant dans une véritable transe collective qui se passe d’artifice. D’une richesse incroyable, ce long blues mystique se paie même le luxe de flirter avec le funk le temps d’un riff, avant de se clôturer dans un tonnerre plombé qui fait écho aux grands déluges virtuoses produit par le quartet.
Après les sonorités mysticos funks de « house of the holy », suivis du blues corrosif de trampled underfoot, on entre dans le monument de ce disque, le titre chargé de succéder à Stairway to heaven pour marquer un nouveau chapitre de l’odyssée musicale du Zepp.

Kashmir est inspiré par le passage de Page et Plant au Maroc , en 1973. Profitant d’une pause entre deux concerts , les deux hommes visitèrent le désert sur une route vierge, et qui semblait ne jamais s’achever. Séduit par cette sérénité et ce paysage serein, Page le met en musique sur Kashmir. Son riff tournoie autour d’un rythme hypnotique dans une boucle fascinante. Blues de bédouin, rock venu des terres orientales , aucun qualificatif ne semble coller parfaitement à ce titre qui , plus qu’aucun autre , transcende les courants et les normes musicales pour imposer un nouvel objet de fascination.

La partie la plus virulente de l’album se clôt sur ce voyage oriental, laissant le second disque prendre le relais dans une ambiance plus apaisée.  In the light ouvre le bal de façon plus méditative, Page soignant désormais ses harmonies instrumentales pour renouer avec les sonorités « hard/prog » de no quarter. Comme sur le chef d’œuvre de house of the holy , les variations de rythme s’enchainent, Plant plaçant même un chant bluesy digne du premier album.

On revient ensuite au folk , d’abord parcouru de sonorités celtiques sur brown yr aur, puis nourrit par la douceur sompteuse du folk Californien sur « down by the seaside ». Cette partie est sans doute la plus intéressante , celle qui montre la finesse d’un groupe qu’on a trop souvent réduit à ses charges électriques.

Ten Years Gone renoue ainsi avec la beauté mélancolique de rain song, qui prouve encore que le duo Page/ Plant n’a rien à envier au fameux Lennon/ Mccartney. C’est d’ailleurs les sonorités de la pop anglaise qui sublime le boogie rock de Night Flight , rehaussé par une des meilleures prestations vocales de Plant.

Puis led Zeppelin fait de nouveau parler la poudre avec le duo rock « the wanton song » et boogie with stu ,  dernier tribut payé au rock n roll, avant un retour vers les plaines verdoyantes exploré dans le led zeppelin III.

Black country woman renoue avec ce mélange de folk et de blues qui illuminait le troisième album du zepp, tout justes rehaussés par la mandoline mystique de John Paul Jones. Sick Again clôt ensuite l’affaire sur un hard rock alambiqué et bourré de cassures rythmiques , une ruade hard rock comme seul le groupe de Jimmy Page sait en produire.

6 ans après avoir annoncé une nouvelle ère sur le premier album, led zeppelin a digéré toutes les innovations de son époque, et les restitue dans une célébration virtuose.


Après la sortie de physical graffiti, led zeppelin suit l’exemple des stones , et donne son dernier concert en Angleterre, avant de s’exiler aux Etats Unis pour des raisons fiscales. Dans le même temps , les ennuis s’accumulent , et font dire à certains que Page est en train de payer le pacte qu’il aurait signé avec le diable, pour obtenir son fulgurant jeu de guitare.

Lors d’un voyage en famille , Robert Plant est victime d’un accident de voiture qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant , les médecins affirment qu’il ne pourra pas remarcher avant six mois. Quelques temps auparavant, Page c’était blessé la main en sortant du train de Victoria Station, et a dû adapter son jeu à ce nouvel handicap. Sans oublier les concerts que le groupe dut annuler à cause de la grippe que son chanteur contracta quelques jours avant son accident.

Ajoutez à cela l’absence d’un John Paul Jones qui semble fuir le rythme infernal des tournées, et la descente aux enfers d’un Bonham qui noie son mal du pays dans l’alcool, et vous obtenez l’ambiance délétère qui influence la production de « presence ».

Presence


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Aucune piste acoustique, aucun break mélodique, aucune ballade. Presence c’est led zeppelin au bord de l’implosion, c’est le catharsis sauvage d’un groupe qui sent sa fin s’approcher. Le premier titre « achille last stand » aurait presque pu donner l’illusion que le groupe était toujours au sommet , que son génie n’avait pas fini par s’étioler dans le rythme infernale de ses tournées.

En plus de suivre la tradition qui veut que chaque disque du zepp s’ouvre sur une explosion électrique, le titre est une véritable symphonie de guitare, une mêlée sauvage et épique tricotant une fresque homérique contée par Robert Plant. Le titre montre que le zepp avait encore de grandioses monuments à produire , que la relative baisse de régime qui va suivre n’était qu’un essoufflement temporaire.

Si les registres sont toujours variés ,  for your life et royal orlean renouant avec les sonorités funk de house of the holy , avant que le groupe ne renoue avec le heavy rock sur hots from nowhere , le zepp semble avoir perdu une bonne part de son feeling.

Toujours calé sur la même puissance, chargeant sans réellement savoir ce qu’il vise led zeppelin est comme les troupes gauloises lors de la bataille d’Alésia. Il crie, lance ses charges avec la force du désespoir, répète le même schéma jusqu’à le rendre insupportable.  Son désespoir est parfois magnifique, comme sur le blues héroïque de nobdy’s fault but mine, mais le manque de finesse de l’album émousse sa puissance épique.

On peut , lors des premières écoutes , s’enthousiasmer sur cette puissance cathartique , mais l’effet ne dure pas, et on finit rapidement par ranger ce disque au côté des hurlements juvéniles de groupes que le zepp avait toujours surpassé jusque-là.   

Quand l’album se clôt sur une version frelatée de « since i’ve been loving you » , on ne peut que constater que la machine est grippée , ses rouages tournent désormais à vide et sa grandeur appartient désormais au passé.  

Le groupe survivra en célébrant sa gloire scénique sur le live « the song remain the same » , avant de définitivement sombrer dans les mélodies sirupeuses de In throught the out door .
 Peu de temps après , John Bonham meurt d’une intoxication à l’alcool , entrainant la chute d’un groupe qui ne pouvait continuer sans lui.


De cette glorieuse épopée se terminant dans une déchéance tragique digne de Shakespeare, il nous reste une œuvre foisonnante et immortelle, nous ouvrant les portes d’un univers unique.


mardi 22 octobre 2019

Led zeppelin : Hammer of the god épisode I



En cette fin de sixties , un des plus grands groupes de blues anglais est en pleine décomposition. Les yardbirds furent l’épicentre du rock britannique, le volcan propageant les flammes ardentes d’un nouveau rock. C’est là que commença la légende d’Eric Clapton , qui quitte le groupe quand celui ci tombe dans ses égarements pop. Jeff Beck prend alors le pouvoir , poussant le groupe vers un son plus violent, qui donne naissance au brûlant Roger the enginer.

Dernier maillon de de ce fabuleux défilé de guitaristes, Jimmy Page ne côtoie Beck que quelques jours. C’est néanmoins la notoriété des yardbirds qui permet au grand musicien de studio de sortir de l’ombre, et de diriger le groupe après que Jeff Beck soit parti démarrer une brillante carrière solo. Devenu seul maître à bord , Page expérimente , cherchant une façon de réinventer sa culture blues. C’est là qu’il joue les premières version de « dazed and confused » , utilisant son archet de violon pour accentuer la violence de ses improvisations.

Mais rapidement, les yardbirds ne lui suffisent plus , et il se met en quête de musiciens capables de donner vie aux sons qu’il a en tête. Il se dirige d’abord vers Steve Mariott, mais le chanteur n’est pas encore prêt à quitter des small faces en pleine gloire psychédelique. Rencontré alors qu’il faisait la première partie des stones en même temps que les yardbirds , Terry Reid lui oppose le même refus . Reid lui conseil toutefois d’assister au concert du band of joy, vantant les mérites de son chanteur.

Là , dans une petite salle proche du black country , où les ouvriers anglais gagnent péniblement leur vie, il a une révélation. Véritable Janis Joplin male , Plant chante avec une ferveur qui réinvente la vision du chanteur rock tel qu’elle fut définie depuis Elvis.

Les deux hommes se retrouvent peu de temps après , et s’entendent rapidement grâce à leurs passions pour les grands pionniers du blues. Rapidement choisi pour devenir le chanteur du groupe que Page souhaite monter , Robert Plant en profite pour imposer son ami John Bonham au poste de batteur. Ce souhait fut un vrai cadeau pour Page , tant Bonham est un véritable Hephaistos rock , forgeant ses rythmes sauvages et groovy avec la puissance d’un dieu grec.

La légende est enfin en marche lorsque John Paul Jones , qui a côtoyé Page lorsque les deux hommes travaillaient dans l’ombre des studios, rejoint le gang. Renommé New Yardbird , le groupe commence à se souder en répétant « train kept a rollin », classique des yardbirds lancé sur un rythme en forme de cavalcade, qui dut coller parfaitement à la frappe écrasante de Bonham.

Dans la salle de répétition , les musiciens entrent dans une symbiose tonitruante, comme si la réunion de ces cinq musiciens donnait naissance à un cinquième élément. Pendant ce temps, un des personnages clef de notre histoire commence à fréquenter le milieu rock.

Peter Grant est un homme hors norme , dans tous les sens que l’on peut donner à ce terme. Son physique de géant russe lui ouvre les portes du catch , avant que le cinéma ne le récupère pour le faire jouer dans des séries B sous-rémunérées. Économisant ses cachets , l’ogre anglais parvient à s’offrir un minibus.

Embauché par un grand tour manager , il conduit Chuck Berry , Bo Diddley et Gene Vincent. Quelques mois plus tard , il s’associe à Mickie Most , l’homme qui découvrit les animals, et avec qui il rachète le contrat des Yardbirds. Lorsque le groupe se sépare , Grant devient naturellement le manager des new yardbirds, qui deviennent Led Zeppelin après leur première tournée.

Nous sommes enfin entrés au cœur de notre récit !

Convaincu du talent de ses poulains , Grant parvient à les faire signer chez Atlantic. Alléché par le succès de l’ex groupe de Page , la maison de disque de Cream offre au zepp une liberté totale , et un cachet jamais vu à l’époque.

Ce qui a sans doute convaincu Ertegun , c’est aussi le premier pressage de ce qui deviendra led zeppelin I , apporté comme un précieux message par Peter Grant. Ces riffs étaient en train d’écrire une nouvelle histoire , et Atlantic devait en faire partie.


Led Zeppelin I



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Trente-cinq heures , c’est le temps que pris Led Zeppelin pour enregistrer l’annonce d’une nouvelle ère . Il faut dire que les bombes qui composent ce disque furent mises en place à l’ancienne , la scène étant le véritable cratère d’où naquit les explosions groovies du zepp. Le disque est lui aussi doté d’une production minimaliste , Plant se contentant de chercher le placement de micro capable de reproduire toute l’ampleur de ce nouveau brasier . Les titres sont à peine retouchés, et laissent ainsi les pistes déborder les unes sur les autres pour retrouver le groove spontané des sun sessions.

Sans aucun artifice , la puissance de led zeppelin explose dans nos oreilles dans une orgie hard blues. Page commence déjà à marier les extrêmes, ses riffs plombés s’éteignant dans les arpèges mélodieux qui ponctuent les débordements de babe i’m gonna leave you. Le rock cherche , toutes les décennies, une nouvelle façon de jouer le blues. Cette musique n’a pas de d’âge , pas de but , elle est telle une vieille bécane que chaque génération emmène vers d’autres chemins inexplorés.

Et tout dans ce disque annonce la voie que le rock prendra lors de la prochaine décennie, des riffs tranchant de Page en passant par la voix perçante de Plant , sans oublier bien sur la frappe pachydermique de Bonham.

Les hommages se multiplient , soutenues par une musique qui tient plus de la réinvention que de la récitation appliquée , ce qui n’empêchera pas les soupçons de pillage. Il est vrai que les références sont nombreuses, le groupe se réappropriant le « i can’t quit you babe » d’Otis Rush , avant de citer « the hunter » d’Howlin Wolf au milieu de « how many more time ». Ajoutez à cela le texte de black mountain side , largement inspiré de blackwaterside d’Anne Briggs , et la réadaptation de babe i’m gonna leave you de Joan Baez, et vous obtenez des soupçons de plagiat qui perdurent aujourd’hui.

Pourtant , la musique que les anglais déploient , en plus de montrer l’amour que le groupe voue au folk et au blues , fait muter ses deux institutions musicales, avec une violence qui s’impose comme une réponse anglais au chaos de Detroit (où les stooges et le MC5 débutent une carrière chaotique). Ce mélange va vite devenir la bible d’une nouvelle génération de musiciens amoureux de décibels , tout en restant très attachés au génie mélodique de la pop sixties. En dehors des hard rockers , Johnny Ramones avouera avoir forgé son jeu en reproduisant la simplicité viscérale de « communication breakdown ».  

Cet album n’est pourtant pas le plus fulgurant du zepp, l’orgue de John Paul Jones plombant l’ambiance à mi parcours (your time is gonna come). C’est néanmoins le plus influent , celui qui annonce le passage à une nouvelle ère confirmée par la séparation des Beatles la même année.  


A sa sortie en 1969 , le premier album est un succès , surtout célébré dans une Amérique sensible au son de cette bande de rosbeef jouant le blues avec une ferveur peu commune. Le Zepp va donc d’abord chercher la reconnaissance sur la terre de ses pères spirituels, qui lui ouvrent les portes du Fillmore.

Fondée par Bill Graham , la salle est le lieu de pèlerinage ou des centaines de hippies vont rencontrer les nouveaux héros de la pop mondiale. Zappa , le grateful dead , les allman brother , et de nombreux autres groupes cultes ont foulé ce temple de la révolution psychédélique. Après son passage , le zeppelin entre dans une spirale infernale faite de concerts aux quatre coins du globe, et d’orgies en compagnies de groupies locales, avant qu’Ahmet Ertegun ne vienne leur imposer un retour rapide en studio.

Le rock est alors en pleine ébullition, Dylan a sorti sa fameuse trilogie folk rock , les beatles ont écrit leur somptueux épitaphe avec abbey road, et les stones démarrent leur retour au blues avec beggars banquet et let it bleed.

Ajoutez à cela une ribambelle de groupes plus underground , mais pas moins brillants , et vous comprenez que le rock est devenu un champs de bataille où chaque groupe lutte pour sauver sa peau. Comme ci cela ne suffisait pas , les média américains critiquent violemment Robert Plant , dont ils ne supportent pas les gémissements Jopliniens . Jimmy Page lui-même commence à douter de son chanteur , qui n’a pas rempli toutes ses attentes lors des premières tournées.

Toutes ces tensions nourrissent la puissance de led zeppelin II, enregistré entre les concerts , dans pas moins de treize studios. Les sessions s’éternisent pendant plusieurs mois , la rythmique étant enregistrée dans un premier studio , avant que le chant ne soit ajouté quelques jours plus tard , ce qui transforme l’enregistrement du disque en assemblage sans fin.

La première partie de ces enregistrements est réalisée en Angleterre, avec le producteur qui sera responsable du second soft machine , et de l’album de blind faith. En Amérique , Eddie Kramer prend le relais après avoir produit les trois classiques du Jimi Hendrix experience. Ces nom prestigieux montre que led zeppelin est sur le point d’entrer dans la légende , une entrée confirmée dès la sortie d’un album qu’on surnomme déjà «  le bombardier marron ».

Led Zeppelin II



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Désolé de vous l’annoncer comme ça les mecs mais c’est plié , terminé , naze !
Bon d’accord , vous avez maintenu l’illusion , ça fait quand même presque cinquante ans que vous nous balancez la même sauce sans réussir à la projeter aussi loin. On y a même cru , régulièrement , et on avait pas tout à fait tort à l’époque.

« Machine head » était presque plus puissant , mais manquait un peu de relief , Uriah Heep avait un vrai talent pour les mélodies épiques mais était un poil trop pompeux, et Cactus restait accroché au blues comme un morpion à son testicule.

Mais bon , on avait déjà fait notre deuil , led zeppelin ayant lui-même abandonné ces contrées sulfureuses pour flirter avec la folk de Crosby Still et Nash. Ce II n’est pas seulement le prolongement logique du premier , c’est un nirvana que le hard rock ne retrouvera jamais.

L’ascension démarre avec Whole Lotta love , et son riff aussi puissant qu’une charge de mammouths en rut. Plant défend chèrement sa place de chanteur, sa voix devenant un véritable instrument s’unissant à la guitare dans un grondement lubrique.  

Véritable alchimiste sonore , Page fait cohabiter l’ombre et la lumière , des titres comme what is and what should never be ou ramble on reprenant la structure en montagnes russes de dazed and confused. Led Zeppelin prend désormais le temps de préparer ses décharges , ses éclaircies mélodiques envoûtant l’auditeur avant qu’une nouvelle éruption heavy ne le transporte dans une transe sauvage.
Ici , les breaks restent chargés de plomb, ce sont des poudrières qui explosent lorsque les hurlements de Plant allument la mèche . Les thèmes rejoignent ceux des grands pionniers du blues , et se partagent entre les manifestes libidineux de whole lotta love et lemon song , et les complaintes d’amants trompés tel que « heartbreaker ». Sorte de communication breakdown sous speed, heartbreaker sera d’ailleurs repris par nirvana au début des années 90.

Led Zeppelin en profite pour déployer sa finesse mélodique sur « thank you » , ballade à la mélodie Byrdsienne qui semble annoncer le virage folk que son groupe prendra ensuite. Ajoutez à cela « ramble on » sorte de rock Tolkenien épique à souhait , et vous obtenez la base de la mythologie Zeppelinienne.

Alors , les marmots hurlant , vous allez sans doute me demander pourquoi ce disque résonne plus fort que toutes vos ébauches tonitruantes. Le dernier élément de réponse est sans doute à chercher dans ce bring it on home qui clôture le disque.

C’est un nouveau blues qui se dégage de ce riff assommant , une nouvelle matière faisant carburer la locomotive rock plus vite que jamais , et confirmant ce II comme l’aboutissement de ce qui fut entamé sur le premier.

Led Zeppelin était rock avant d’être hard , et de ses enseignements on ne retiendra malheureusement que les clichés.


Après la sortie du second album , led zeppelin est sur le toit du monde. Les concerts deviennent alors de véritables triomphes , et les cachets des musiciens leur permettent de mener la grande vie. Mais le rythme infernale des tournées excède le groupe , qui accentue ses excès, pour le bonheur de « journalistes » avides de scandales. Il est temps de prendre du recul sur cette vie folle , et led zeppelin va profiter de la demande d’Ertegun , qui réclame déjà un nouvel album, pour s’exiler au pays de Galles.

Théâtre des mythes Arthuriens, le vert pays leurs permet de profiter du calme d’un cottage qui n’est même pas doté de l’eau courante et de l’électricité. Le groupe n’y achèvera qu’un titre , « that’s the way » , mais l’ambiance des plaines celtiques va largement inspirer les mélodies de son troisième album.

Led Zeppelin III



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« Nous venons du soleil de minuit où soufflent les chauds printemps / le marteau de dieu mènera nos bateaux vers de nouvelles terres. »

Comment imaginer meilleure ouverture que cet immigrant song ?
Sur l’introduction, la voix de Plant sonne comme le tocsin annonçant l’arrivée des sanguinaires nordistes sur les terres anglaises. L'alliance entre ce récit épique et la guitare tonitruante de Page fait le lien entre le II et la douche froide que les fans vont prendre sur les titres suivants.

Comme le disait Page lui-même , il aurait été impossible de faire la même chose une nouvelle fois , le résultat n’aurait pu sonner que comme un décevant frelaté de l’originale. Ce qui choquera , c’est donc cette seconde face , et les larmoiement acoustiques de Friends , qui font dire à beaucoup que Led Zepp creuse désormais le même sillon soporifique que Crosby Still and Nash.

Aux titres acoustiques , le zepp offre pourtant des mélodies mystiques, tel un Dylan ayant troqué la philosophie beat pour les récits chevaleresques de Chretien de Troyes. Gallows Pole fait même cohabiter la rusticité du country folk , et les récits sombres du blues originel, sur un rythme qui flirte avec le bluegrass.

« Ton frère m’a apporté de l’or, ta sœur a réchauffé mon âme/ Mais maintenant je ris et tire de toutes mes forces et te regarde te balancer au bout de cette potence. »
Ces mots sont de Robert Plant , comme tous ceux qui compose ce III, et ils montrent un talent d’écriture que n’aurait pas renié Leadbeally.

Le blues , Led Zeppelin le transcende d’ailleurs une nouvelle fois sur « since I’ve been loving you », monument inoxydable du répertoire zeppelinien. Cinq notes, une voix, un rythme , voilà de quoi est fait ce classique. Comme tous les classiques du blues , c’est la ferveur de l’interprétation qui fait toute la différence.

Et puis il y’a bien sur son parfait opposé, celebration day, compilation de quatre riffs succédant dans un chaos virtuose que les fils de King Crimson ne feront qu’effleurer. Et pourtant , on retiendra surtout cette seconde face mal aimée, où la batterie sait être puissante sans devenir envahissante, où le chant de Plant s’adapte au registre des titres , et où la guitare de Page sonne parfois comme celle d’un troubadour céleste.

Ce sont ces titres qui font que ce disque est devenu le plus incompris de l’histoire du zepp, C’est eux aussi qui le rendent passionnant. Plus que Wishbone ash, le zep a su donner ses lettres de noblesse à un son enivrant, une nouvelle forme de puissance hard folk aussi transcendante que les déflagrations précédentes.       


Bien que décrié , III est loin d’être un échec commercial. A sa sortie, le disque est premier des classements américains et australiens , et le constat est le même dans plusieurs pays européens. C’est un résultat jamais vu depuis les beatles, mais ce bon classement ne durera que quelques jours. Alerté par ce rapide déclin des ventes , Ahmet Ertegun demande au groupe de revenir à un son plus proche de ses deux premiers albums, pour éviter que la fièvre ne retombe.

Nous somme alors en 1971, les stones viennent de sortir sticky finger , et les Who partent promouvoir Tommy lors de performances grandiloquentes. Dans sa maison de Pangbourne , Jimmy Page se passionne pour les théories de Crowley, et commence à écrire ce qui deviendra « l’album aux runes ».

Pour l’enregistrement , Andy John propose de louer le studio mobile des stones, mais Page préfère ramener son groupe dans le cottage où fut conçu led zeppelin III, avec quelques escales au studio island. Ne supportant plus l’acharnement des critiques , qui prennent son groupe pour un effet de mode, le guitariste impose une pochette sans titre ni nom.

IV deviendra vite un des disques les plus vendus de tous les temps, et la critique ne pourra que saluer l’exploit.


Led Zeppelin IV


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Dans le grand débat visant à élire le plus grand disque du Zepp , deux noms sortent du lot , le second et ce IV. Ce constat montre une vision étriquée de ce premier album , tout juste salué comme un retour dans la forge électrique, après la pause bucolique du III.

Ce IV n’est pourtant pas fait du même bois, une maturité aux accents heavy folk ayant remplacé la sauvagerie primaire du bombardier brun. Séduit par l’écho profond de « everybody know this is nowhere », Page l’adapte parfaitement ici. C’est surtout sur la batterie que cet écho fait des merveilles, le guitariste ayant placé les micros en hauteur afin de restituer toute la raisonnance de cette machine à groove qu’est John Bonham.

Décharge électrique tonitruante , Black Dog est la rencontre de deux riffs s’enchainant dans une successions de transitions abruptes . Hurlant au mileu de la tempête , Plant fait le lien entre les deux secousses, bien aidé par la frappe pleine d’autorité de John Bonham, dont le feeling boogie justifie largement son surnom de « bête ».

« Faire ce que tu veux doit être ta seule loi » . Page applique à la lettre cette pensée de Crowley , ne renouant avec la tradition que le temps d’un « rock n roll » à faire rougir Chuck Berry, et du blues langoureux de « when the leave break ». Autant que l’ombre des grands pionniers du rock et du blues , l’influence de Tolkien plane plus que jamais sur ce disque.

Influencé par les écrits de l’auteur du seigneur des anneaux, et par l’histoire de l’Ecosse, Plant signe une fresque folk , avec la mandoline de Page en guise de harpe Homérique. Sa voix laisse régulièrement la place aux lamentations de Sandy Denny , qui illustre ainsi ce mélange de drame et d’exploits glorieux qui fait les grands récits épiques.

Le titre représente surtout une introduction parfaite pour Stairway to heaven, grand poème mystique dont la mélodie semble effectuer une longue ascension vers le Vahalla. La recherche de l’originalité a toujours été le credo qui a guidé la carrière du zepp, avec ce IV cette recherche trouvait un nouvel aboutissement.

« Trample underfoot » invente un blues syncopé et synthétique , avant que four stick ne montre toute la virtuosité d’un Bonham poussé dans ses derniers retranchements. Tout ici sonne neuf , original, comme si chaque disque du groupe devait définir une nouvelle route musicale.

IV n’est pas meilleur que le II , mais il n’est pas moins bon non plus. C’est un exploit musical destiné à marquer les siècles à venir.


Le succès de IV dépassa toutes les espérances de ses géniteurs. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires , et affectueusement surnommé l’album aux runes, le vinyle a prouvé que Led Zeppelin était bien plus qu’une mode passagère, et a fait du groupe une institution respectée .

Jouissant enfin d’un succès obtenu au terme d’une dure lutte , le groupe ralentit le rythme, chacun profitant des pauses entre les tournées pour goûter aux joies d’une vie plus apaisée. Le rythme des tournées reste tous de même soutenu , le rock est encore en pleine ébullition et Peter Grant ne veut pas que ses poulains se fassent éclipser par l’avalanche de chefs-d’œuvre de cette année 1972.

Cette année là , Bowie initie la vague glam sous les trait de Ziggy Stardust, et les stones font encore parler la poudre blues rock sur « exil on the main street ». Mais surtout , les mélodies jazzy de King Crimson annoncent l’avènement de sa cour vouée au culte de l’élitisme symphonique, et des rythmes cool de Miles Davis.

L’époque célébre de nouveau l’élitisme , tout en gardant ce goût pour la violence initiée par Led Zepp I et les sauvages de Detroit.

House of the Holy



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La naissance d’un hard rock progressif ?
Voilà comment Jean Michel Guesdon ouvrait son chapitre sur house of the holy. Tout d’abord , il faudrait se mettre d'accord sur la définition du rock progressif. Certains diront qu’il s’agit du chemin balisé par Jethro Tull , Yes , et autres Genesis . Mais c’est oublier le renouveau qui eu lieu dans les années 90.

 Comme toute les étiquettes , rock progressif sert surtout à qualifier une tendance temporaire , c’est-à-dire celle des seventies. Mais , si l’on prend la définition de progressif au pied de la lettre , on peut aussi bien y ajouter le sergent pepper des beatles , village green des kinks , la trilogie électrique de Dylan , et autres monuments avant gardistes.

A ce moment là , Led Zeppelin arrive dans les premiers groupes capable de qualifier ce désir de partir sans cesse sur des routes inexplorées. Il a déjà payé les frais de ses expérimentations après la sortie du III , disque qui aurait mérité mieux que les commentaires tièdes qu’il déclencha . La majorité aurait préféré voir le groupe barboter dans la même mare juvénile que ses rejetons hard rock , le succès aurait ainsi été plus immédiat, mais la fascination moins durable.

Et voilà que , avec house of the holy , ces même fans se retrouvaient face au disque le plus complexe , le plus travaillé , et le plus aventureux que leur groupe ait produit. Placé en ouverture , the song remain the same démarre sur un riff en forme de compte à rebours , avant que Bonham et Jones ne fassent décoller la machine sur un rythme ébouriffant.

Page tresse alors une somptueuse fresque sonore , ses enchaînements de riffs donnant une leçon de virtuosité à Yes. Les harmonies somptueuses explosent ainsi dans un riff plein de reverb, sommet d’un feu d’artifice lumineux. Quelques titres plus tard , les claviers hypnotiques de John Paul Jones permettent au Zepp de retrouver cette ambiance épique , la voix d’elfe de Plant ajoutant au récit fascinant de « no quarter » une aura mystique.

Rain song prend le relais sur un ton plus apaisé que l’on doit à une remarque de George Harrison. Lors de sa rencontre avec le Zepp , celui-ci aurait affirmé : « Le problème avec vous les gars , c’est que vous n’écrivez jamais de ballade ». Piqué au vif , Page crée une harmonie romantique , qui permet à son chanteur de retrouver la classe mélodieuse de « thank you ».

Cette fois l’incompréhension viendra du nouvel amour de Page pour le Ska et les rythmes jamaicains, qui colore le riff de « dyer maker » , qui veut tout simplement dire jamaica. Le groupe en profite pour faire un petit clin d’œil à James Brown avec le rythme funky de the crunge.

Deep purple ne tardera d’ailleurs pas à reprendre ses rythmes funky sur « burn » , prouvant ainsi que , même si il est encore incompris , led zeppelin a encore sorti un grand disque .