La fin des années 60 dégage une odeur de souffre. A Détroit,
les Stooges et le MC5 repoussent les limites du Rock destroy, chacun semblant
tout faire pour être plus violent, plus fou et plus provocateur que le voisin.
Coté anglais, les Pink Fairies transcendent le Heavy Rock, en flirtant avec l’énergie
destructrice qui fera le succès de Motörhead , et les distorsions violentes de
Hendrix. Et puis il ne faudrait pas oublier le Rock crasseux de Blue Cheers,
superbe bouillon sonore annonçant les phénomènes Stoner et Grunge. Que dire
encore du blues hurlant de Steppenwolf , et du psychédélisme paranoïaque de Cream ou The Gun ?
Finies les mélodies délicieusement Pop des Zombies, des Kinks et autres Beach boys; les bluettes bucoliques des Byrds et de Dylan, et
le psychédélisme onirique du Grateful Dead. La nouvelle décennie sera une
décennie de violence, définitivement lancé par la sortie du premier Led Zeppelin.
Bientôt rejoint par Deep Purple, Uriah Heep et autres partisans
de guitares puissantes et virtuoses, Led Zep' annonce le début d’une
nouvelle ère. La guitare est plus que jamais le symbole de cette révolution et
, après être devenu un instrument plus important sous Hendrix, elle s’exprime
pleinement dans de long solos, portés par des musiciens qui sont autant d’icônes
vénérés.
Lorsque cette révolution est mise en marche, Blue Öyster
Cult existe déjà depuis 1967, mais ces multiples changements de noms l’empêchèrent
de faire partie des pionniers du Hard Rock. Le groupe voit donc débarquer Led Zeppelin I et II, In Rock , Very 'eavy... Very 'umble, et autres déflagrations sonores
avec la frustration des groupes qui touchent au but sans réellement l’atteindre. Balloté de label
en label, le groupe finit par décrocher un contrat avec Columbia et adopte
définitivement le nom Blue Öyster Cult en 1970. Il semble alors avoir trouvé sa
personnalité, mixant le psychédélisme du Grateful Dead, avec la violence du
MC5, le tout saupoudré d’une noirceur découverte lors de l’écoute du premier
album de Black Sabbath.
Chez Blue Öyster Cult, l’ambiance ésotérique des
compositions compte autant que la puissance de ses riffs. Et cela tombe
bien car, après seulement un an d’existence, le Hard Rock élargit ses
horizons. Led Zeppelin sort un troisième album nourri de douceurs Folk , Uriah
Heep vient flirter avec la classe du Prog' naissant, et Black Sabbath ne va pas
tarder à inventer le Heavy Metal.
C’est au milieu de cette folie créative que sort, en
1972, le premier album de Blue Öyster Cult, et c’est clairement le disque d’un
groupe qui sent que son heure est venue. "Transmaniacon MC" démarre l’affaire avec
un riff galopant sur fond de clavier agressif, comme une version mystique des
premiers rugissements de Deep Purple.
Placé à mis parcours, "Stairway To The Star"
représente le Culte dans toute sa splendeur fascinante. La batterie imprime une
rythmique planante, sur laquelle vient se caler un riff destroy, débouchant sur
le solo délirant de Donald "Buck Dharma" Roeser.
"Before The Kiss, a Redcap" enfonce le clou
avec un riff galopant comme un troupeau de mammouths sous amphétamines,
entrecoupé de breaks lourds que n’auraient pas renié Black Sabbath. Puis vient l’étendard
de cette secte vindicative, le titre par lequel le culte de l’huitre bleu
annonce le début de son glorieux règne. "Cities On Flame With Rock 'n Roll" représente
le début d’un siège, celui d’une culture Rock en pleine mutation. Porté par un
solo flamboyant, les prédicateurs se lancent dans une chevauchée héroïque, qui
clôt le titre sur un dernier assaut glorieux.
Le titre est le point d’orgue d’un disque qui voit Blue Öyster Cult définir son style si particulier, fait d’ambiances dignes d’un roman
de Science-Fiction, et mixant la violence primaire du Rock de Detroit, et la
lourdeur inquiétante des messes Sabbatiennes. Annonçant ainsi un brillant
avenir en noir et blanc.
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