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vendredi 26 avril 2019

Big Star : Radio City


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Faire le portrait de Big Star , c’est raconter l’histoire des loosers les plus brillants de la pop américaine. Chilton, piloté par sa maison de disque, pour qui il rabâche le tube the letter, quitte le confort de sa vie de pop star sur un coup de tête.  Chris Bell, lui , est un grand amateur de pop anglaise , dont le plus grand regret est de ne pas avoir pu être un beatles.  Sans contrat, Chilton rode ses chansons dans quelques petits groupes locaux. Déterminé à s’imposer sur la scène rock, Chris Bell a fondé un power trio , et reprend des tubes des yardbirds devant un public distrait. C’est lors d’une de ces performances qu’il rencontre Alex Chilton , faisant ainsi naître le plus brillant des groupes maudits.

Un premier disque sort en 1972 et, malgré l’engouement de la critique, il finit rapidement dans les bacs à soldes. Déprimé par ce qu’il considére , à juste titre , comme son premier chef d’œuvre, Bell fait une dépression si grave qu’il doit se faire interner. Obligé d’assurer les concerts suivant en trio , big star ne convainc pas son public, ce qui n’empêche pas le groupe de revenir en studio en 1973 , pour produire ce qui restera son plus grand chef d’œuvre.

Venu de Memphis, Chris Bell fut biberonné au rock n roll direct et sans concession, cette influence revient en force ici. Il ne faut pas oublier que, en 1973, le glam triomphe encore, les stooges ont sorti le brulant raw power , et le premier new york dolls dynamite le rock n roll à grands coups de riffs protos punk. Résultat, Chris Bell veut revenir à une certaine simplicité, tout en gardant ses irrésistibles refrains pop.

On a souvent qualifié big star de « pionnier de la power pop », ce disque prouve qu’il fut bien au dessus de la guimauve fade de REM et autres gloires new wave. Ecoutez « semptember girls », une expression du génie musical aussi impressionnante que Penny Lane, toute la grandeur de big star y atteint son zénith. D’abord ce riff, d’une simplicité enfantine, semblant sortir des studios sun , qui laisse place à une mélodie légère , culminant sur un refrain qu’on croirait chanté par un groupe Anglais.

Seuls les beach boys étaient capables d’une telle grâce pop , mais ils n’ont jamais su l’exprimer dans un rock aussi carré, fidèle au génie Américain. Les hommes viennent du berceau du rock, et ça s’entend sur le riff de « o my soul », qui ouvre le disque sur un rythme presque blues.

« radio city » fonctionne sur un schéma implacable, alternant les rocks enjoués, et les ballades douces amères, le tout rassemblé par la voie légère ou mélancolique de Chris Bell. Cette formule ressemble bien à un rêve éveillé, le disque qui aurait du devenir l’aboutissement du rock mainstream , un album dont le résonnement aurait du être énorme.

Des grandes productions de Spector à born to run de Springsteen, nombreux sont ceux qui ont cherchés à atteindre un équilibre entre authenticité et grandiloquence, douceur pop et rugosité rock , et c’est bien ce que Big Star réalise ici. Alors comment expliquer le bide commercial que le groupe subira lors de la sortie du disque ? Comment comprendre qu’une telle merveille a pu tuer ses géniteurs en ne trouvant pas son public ?

Voila une énigme qui restera longtemps insoluble, mais en voyant l’échec de ce disque, big star ne pouvait que se dissoudre. Il lui était sans doute impossible de continuer en sachant qu’il avait atteint le sommet de son art, et ce, dans l’indifférence générale.   

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