Robert Fripp : guitare, mellotron
John Wetton : basse, chant
Bill Bruford : batterie
L'autre grand album de King Crimson
avec « In the court of the Crimson King ».
Sorti en 1974 « Red » est
le dernier album de King Crimson première période (1969-1974), la
meilleure aussi même si d'autres disques comme « Discipline »
sorti en 1981 sont également intéressants.
Assez différent au niveau de
l'ambiance général, il faut dire que la composition du groupe n'est
plus du tout la même, seul Robert Fripp est encore présent. Wetton
et Bruford complète la formation qui se retrouve en trio même si
plusieurs anciens membres participent à l'enregistrement en tant
qu'invité.
C'est plus carré, millimétré, plus
compact, moins aérien (sauf sur « Starless ») et surtout
plus pesant.
Plus jazz rock aussi, notamment par
l'apport du saxo, même si le côté prog est toujours bien présent.
Sans faire offence à « Fallen
angel » (loin d'être mauvais, honnête balade buccolique au
départ qui monte en puissance sous le feu des cuivres) et
« Providence » (plus expérimental) , les trois pièces
phare de l'album sont « Red », « One more red
nightmare » et « Starless » ; pour les
morceaux « cool », « planants », « légers »
ou expérimentaux, King Crimson a fait mieux que « Fallen
angel » et « Providence », notamment avec
« Moonchild » et « I talk to the wind » sur
le premier album et surtout la voix de Wetton n'est pas au niveau
pour ce type de titres plus intimistes et doux. En tout cas pas au
niveau de Greg Lake, le chanteur sur les deux premiers albums.
Passons donc directement aux trois
pièces essentielles, aux trois petits bijoux, nettement au dessus du
lot.
« Red »
le morceau est un instrumental oscillant entre jazz rock, prog, et
hard rock, très réussi, hypnotique presque heavy metal dans le son
de la guitare, le saxo apporte également quelque chose une
épaisseur supplémentaire car magnifiquement utilisé et
d'ailleurs Fripp a fait appel à deux de ses « ex » Mel
Collins et Ian Mc Donald venus prêtés main forte ; une ambiance
tendue, presque inquiétante et des musiciens qui s'en donnent à
cœur joie (mention spéciale à Bruford le batteur).
« One more
red nightmare » est plus expérimental entre cool et « heavy »,
toujours un excellent saxo, un morceau dans la lignée de « Red »
au niveau des riffs et de l'atmosphère novatrice et toujours le même
son si particulier, marque de fabrique de KC.
Sur « Starless »
on retrouve par séquence un peu le King Crimson de « Epitaph »
et de « In the court of... » (le morceau) : guitare
acoustique, nappe de mellotron, ambiance qui monte cresendo ; là
c'est la basse de Wetton qui donne le ton mais Fripp et Bruford ne
sont pas en reste, accompagnés par le saxo ; tout reste très
compact, parfaitement travaillé, d'une grande beauté et d'une
grande créativité. 12 minutes de bonheur total. Le travail de
Robert Fripp à la guitare est à la fabuleux, grandiose tout en
restant assez discret de prime abord.
« Red »
et surtout « Starless » sont excellents (Starless étant
un des meilleurs morceaux de King Crimson et un des meilleurs
morceaux de l'histoire du rock progressif tout simplement) et donnent
à cet album un aspect un peu « magique » et en font une
œuvre essentielle.
Ce qui frappe en
premier à l'écoute de cet album au delà des compositions c'est le
son assez unique, de l'ensemble, absolument unique, sans équivalent,
presque métallique par moment, notamment sur « Red », la
patte Robert Fripp évidemment, véritable expérimentateur en
sonorité....et c'est bien là l'un des plus du groupe. Un son qui
influencera ensuite autant des groupes de new wave, de métal, de
post-punk que des artistes comme Bowie avec qui Robert Fripp a bien
sur travaillé.
Quant à Wetton et Bruford, la section
rythmique, elle est phénoménale, sans doute la meilleure section
rythmique de KC.
Petit bémol, déjà
évoquée, la voix de Wetton par rapport à celle de Greg Lake, moins
bonne, moins chaleureuse et qui se marie moins bien aux parties
instrumentales. Vraiment dommage et embêtant que les parties
chantées ne soient pas à la hauteur du reste, pas mauvaises mais
juste un peu moins bonnes.
En conclusion une
fusion totale, aboutie et parfaite de jazz rock progressif avec un
zest de métal mais qui n'a rien à voir avec le hard rock qu'on
pratiquait en 1974, quelque chose de vraiment nouveau, et d'original et qui se
renouvelle depuis le premier album.
Pour moi King Crimson est sans
hésitation possible dans le top 3 du rock progressif avec Genesis et
Van der Graaf Generator mais c'est je pense le plus créatif, celui qui a le plus apporté.
Car KC, à chaque album, a su se réinventer,
parfois maladroitement certes, mais a toujours innové et a toujours
eu ce son si particulier qui en fait un groupe à jamais unique.
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