Le roxy theater restera , pour beaucoup , la salle où Zappa atteignit le sommet du free jazz déjanté. Dans ce décor respectant
parfaitement la grandiloquence de Los Angeles , le fou à moustache a donné les
plus grands concerts de sa vie , accompagné du plus grand groupe qui l’ai jamais
porté .
Comme lui , gov’t mule va vivre ici une soirée
historique, le début de son virage vers une musique plus mature. On ne le
répétera jamais assez, mais « dose » était le sommet d’une musique foudroyante,
qui ne pouvait que s’émousser au fil des répétitions. En vieux routard, les américains cherchèrent
leurs voies sur scène, espace de totale liberté, où ils développaient des
improvisations uniques.
A ce titre, le premier disque constitue le début de la route,
la mule fouillant dans ses influences comme un guerrier du blues faisant
l’inventaire de ses armes. Vient bien sûr d’abord le blues, et ce thorazine
shuffle rallongé avec bonheur, dans la pure tradition des frères allman. Cette
ouverture représente le socle permettant au groupe de décoller sans perdre pied,
c’est la sève savoureuse d’une œuvre qui ne cesse de ce complexifier.
A la fin du titre, Hayne souhaite à son public une
bonne année 1999, époque célébrant un rock alternatif dont il est très éloigné.
Comme pour enfoncer le clou de cette différence, le riff plombé de « war
pigs » vient secouer les murs de l’impressionnante enceinte. La version
des sudistes est moins sombre , moins immédiate aussi , le trio ne pouvant
s’empêcher de rallonger ses coups de tonnerre à travers de savoureuses
improvisations.
On reconnaîtra à leur batteur le mérite de faire oublier
la frappe assommante de Bill Ward , le groove du groupe donnant au tout un coté
plus puissant que braillard. Hayne n’est pas Ozzy , et son chant plein de
lamentation, allié à ses solos virtuoses achève de prouver que , à une certaine
époque, le sabb prêchait bien le même culte que les pionniers du hard blues.
Le clou est enfoncé par cette version habitée de 30 days
in a hole , le brûlot rock d’humble pie, transcendé par la force d’une jam où
son énergie viscérale pactise avec
l’épaisseur graisseuse engendré par le zeppelin de plomb. On ne s’étonnera pas que « mr big »
referme ce premier ballet d’hommage, la finesse rugueuse de free ayant donné un
second souffle au rock venu du sud-américain.
Déjà transcendé sur son premier album studio, Mr Big
s’ouvre sur un solo qui semble demander la bénédiction des pionniers du chicago
blues. Puis vient ce riff inusable, boogie lancinant au feeling vicieux. Les
anglais ont toujours cherché ce son, cette grâce traditionnelle, mais seules les
américains semblent capable de l’exprimer avec autant de pureté.
Le blues anglais a toujours eu quelque chose d’un peu
hors sujet, une finesse mélodique plus pop que purement blues, c’est sa
grandeur et son plus grand complexe. La mule ne fait pas exception à la règle,
qui veut que les musiciens américains sont réellement habités par le blues, et
donne au titre de free un nouvel aboutissement.
Du Boogie , on en aura encore une bonne tranche avec ce « look
on yonder wall » , au riff sautillant que n’aurait pas renié status quo du
temps de sa splendeur. Un piano bastringue fait son entrée, subtile annonce d’une
deuxième partie de concert où le groupe semble se métamorphoser.
On part ensuite sur quelque chose de plus sophistiqué,
comme la superbe intro jazzy de soulshine. Le feu d’artifice se fera alors plus
mélodique, plus musical aussi, comme pour donner plus de profondeur à une
performance des plus intenses.
Et c’est cette seconde partie, où les jams du groupe
laissent percer leurs douceurs cajoleuses, qui s’avère la plus intéressante. Le
tout trouve son point d’orgue sur « Cortez the killer », monument du
loner, dont la mule étire le folk méditatif sans en amenuiser la beauté
bucolique.
Beaucoup penseront que la seconde vie de gov’t mule ne
démarrera qu’à la mort de son premier bassiste, mais les germes d’une seconde
partie de carrière grandiose se trouvaient déjà sur ce disque.
Je te conseille l'écoute de l'album Sco mule ! Les gov't mule invitent John Scofield qui est, pour moi, un des meilleurs guitariste de tous les temps !
RépondreSupprimerJe l'ai déjà écouté une paire de fois , ils sonnent un peu comme le mashavishnu orchestra dessus . De ma part c'est un compliment.
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