Ni vraiment country ni vraiment blues ni vraiment rock, un peu tout ça à la fois et un style musical qu'on a même parfois a qualifié de "Bayou Rock", Creedence Clearwater Revival est un groupe unique avec un univers et un son uniques (marque s’il en est des grands groupes) mais aussi le géniteur de compositions qui ont traversé les âges et les modes.
Formé à la fin des années 50 mais n’ayant pris son nom définitif qu’en 1967 le groupe des frères Fogerty a mis du temps pour se faire connaître et a galéré de nombreuses années durant ces sixties avant de connaître le succès.
Du rock très roots qui sent bon le terroir, les racines de l’Amérique (même si CCR vient de Californie et n'a jamais mis les pieds en Louisiane quand sort l'album !) le bayou et le Mississipi, la terre des pionniers, les terres du blues, qui est comme la country, une des grandes influences des musiciens et qui font que Creedence reste un groupe atypique de la galaxie du rock de la fin des années 60, presque à part, y compris aux USA.
"Bayou country", leur deuxième disque, est peut-être leur meilleur album, en tout cas celui qui contient les sublimes ‘’Bayou country" et surtout "Proud Mary" l'un des grands classiques indémodables de l'histoire du rock; cette dernière est l’égal de "Sympathy for the devil", "My Generation", "Light my fire", "Help" ou « Somebody to love » avec un refrain prenant qui ne vous lâche plus. On sent le vécu, la moiteur du Mississipi, ça vient des tripes ça ne fait aucun doute ! Et puis il y a quelque chose de chaleureux chez CCR, chaleur que l'on retrouve dans chaque titre.
CCR c'est aussi une voix unique, celle de Tim Fogerty, voix qui est le mix parfait entre blues et rock ; c'est aussi des guitares qui procèdent par petites touches en ayant l'air de ne pas y toucher mais qui sont terriblement efficaces et qui vous entrainent dans un rythme qui vous envahit tout doucement (et au final guitares et voix s'harmonisent parfaitement).
"Bayou country" est en grand album, original, indémodable, intemporel, et qui n'a absolument pas vieilli, un album à la fois typique de la fin des années 60 tout en gardant son originalité (on est pas loin du blues rock mais ça reste très différent des anglais de Cream par exemple).
Hormis "Bayou country" et "Proud Mary" deux autres titres sont hautement recommandables : "Keep on Chooglin" un grand morceau de blues rock qui s'éternisent pour finir comme une jam session entre potes et « Penthouse paper » où Tim Fogerty nous fait encore preuve de ses talents de chanteur et de guitariste (encore un remarquable blues au son assez primaire où la guitare fait merveille), titre sur lequel on frôle l’extase tant le blues rock, quand il est joué comme ça, tutoie les sommets auditifs.
Citons encore « Bootleg » un excellent blues rock qui sent bon la fin des sixties alors qu’à l’inverse « Graveyard train » est un vieux country blues plus « roots », assez traditionnel. Les deux facettes du blues que CCR alterne avec dextérité.
Comme je le disais plus haut une atmosphère vraiment spéciale entoure ce disque ; un album à découvrir car il est unique.
Et alors que le succès commercial mais aussi d’estime, largement mérité, jaillira enfin sur CCR, que la reconnaissance tant attendue était là, le groupe, suite à des tensions internes, notamment entre les deux frères, tirera définitivement sa révérence en 1972 mais en ayant eu la bonne idée de sortir sept albums entre 68 et 72, albums dont certains font largement partie de la grande Histoire du Rock.
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