New York, milieu des années 60, profitant des pauses accordées
par la bijouterie où il travaille, Leslie West squatte les magasins de guitares
des alentours. Ses déambulations le ramènent de plus en plus tard à son poste
qui ne l’intéresse guère, et finissent par lui valoir un licenciement.
N’ayant pas réussit à garder un emploi stable, West pense
que la guitare sera son seul moyen de nourrir son imposante carcasse. Il forme
alors un premier groupe de Blues et débarque sur scène affublé d’une cape de
plumes. Cette tenue excentrique lui vaudra d’être qualifié de « Canard Psychédélique de cent-cinquante kilos », par un Bill Graham moyennement convaincu par
le passage de son jeune groupe dans son légendaire Fillmore.
Dans le même temps, le producteur Felix Pappalardi grave
son nom dans l’histoire, en produisant le dernier album de Cream. Doté d’une
puissance de feu inédite, Disraely Gear est un album essentiel de
ce Rock Psyché qui commence à sérieusement se durcir.
Cream est le plus célèbre éclaireur de ce chemin violent
et assourdissant annonçant les futurs hurlements du Hard Rock. C’est aussi
le trait d’union qui scellera le duo Leslie West/Felix Pappalardi. Alors que le second s’est fait une petite réputation grâce au groupe d’Eric Clapton, le premier développera son touché unique après avoir été subjugué par une des
prestations Claptonniennes tonitruantes.
Lorsque Pappalardi est appelé, pour travailler sur le
premier disque solo de West, il est subjugué par le touché unique que le
guitariste a développé. Le projet d’album devient donc un groupe, qui enchaine
les succès après un passage remarqué au festival de Woodstock.
Dernier épisode de cette saga glorieuse, Live : The Road Goes Ever On est aussi le plus
fulgurant. Nous sommes en 1972, et Black Sabbath a abandonné les terres du Rock
plombé, pour montrer la voie à une armée de métalleux. Led Zeppelin est parti
à la conquête de la Folk, et Deep Purple préfère la rapidité d’un Rock chromé à
la lourdeur rythmique des premiers albums du dirigeable de plomb.
Mountain est donc devenu le
groupe de Hard Blues le plus puissant du monde, et cet événement ne pouvait
être célébré que sur cette scène, qui lui permet de transcender son art. La basse
de Pappalardi bourdonne comme un moteur de Boeing, appuyant une rythmique
bluesy à souhait, le tout formant une véritable rampe de lancement, à partir de
laquelle Leslie West envoie ses mélodies plombées.
Les premiers titres vont à l’essentiel,
et fond l’effet de coups lourds et secs sur une enclume d’acier. Les autres
groupes avait déjà tenté cette formule, mais rares sont ceux qui se sont
approchés de ce niveau de puissance. Mais aucun d'entre-eux n’avait ce touché bluesy, ni ce feeling mélodique unique que possédait West.
Mais l’époque est surtout aux
longues digressions et autres improvisations sans filet, pouvant mener au Sublime comme au désastre. Mountain y atteint le sommet de sa puissance,
allongeant son propos sans perdre la lourdeur saisissante qui le caractérise,
tel Héphaïstos martelant le fer d’une épée légendaire.
Cet exploit s’affirmera comme le
chant du cygne d’un groupe dont le règne n’aura duré que deux ans. Suite à la parution de ce Live , Leslie West est appelé pour participer à l’album Who’s Next des Who, projet que les intéressés finiront par effectuer seuls.
Peu de temps après, Mountain se sépare alors qu’il est au sommet de sa gloire et de son succès commercial.
Le groupe sera ensuite reformé, sans retrouver la même popularité, et les carrières
solos de ses membres ne seront pas plus brillantes.
Cela explique sans doute le
fait que, malgré l’influence qu’il a eu sur la scène Hard Rock, Mountain est
progressivement tombé dans l’oubli. Cette histoire fait de Live : The Road Goes Ever On un disque essentiel, dernier soubresaut d’un
groupe qui a atteint les plus hauts sommets, avant de sombrer subitement.
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