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mardi 4 décembre 2018

[LOST TAPES #05] The Gun [éponyme] (1968)


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Autrefois roadies pour les Kinks, Paul Gurvitz a sans doute été d’avantage marqué par la puissance inédite de "You Really Got Me", que par les bluettes telles que "Lola", et autres ritournelles Pop. Sa carrière de musicien commence en 1963, lorsqu’il forme son premier groupe, The Knack.
En 1967, alors que Cream commence à réinventer le Blues, et que le Jimi Hendrix Experience vient de sortir sa version de "Hey Joe" , le groupe se renomme The Gun et devient le nouveau Power Trio né en Angleterre. Le combos signe chez CBS en 1968 et, lors d’un d'un de ces moments magiques qui dépassent tout entendement, enregistre un premier titre impressionnant de férocité.

Installant les rails d’une chevauchée de riffs infernaux, le rythme est carré, évitant toute fioriture au profit d’un véritable martellement métronomique. La guitare dévale cette voie à un rythme effréné, prenant d’assaut nos oreilles innocentes avec une violence jouissive. Dire que ce "Race With The Devil"  est un tube serait réducteur. C’est un assaut sonore historique gardant toute sa force aujourd’hui encore. Même Deep Purple n’a jamais atteint cette brutalité, cette intensité dans les chevauchées de guitares, et cette cohésion de musiciens qui tapent sur le même clou sonore avec une cohérence qui force le respect.

Cette puissance assourdissante aurait suffit à  faire de ce disque une œuvre incontournable dans la grande histoire de la Pop, mais The Gun ne se résume pas à un nouveau rassemblement de bourrins chevelus, venus annoncer la couleur d’une décennie de violence musicale.  
En pure groupe British, les anglais ont ajouté une section de cuivres à leur attirail épique, donnant à cette musique corrosive une touche de classe proto progressive. Car, si le groupe n’est composé que de trois musiciens, il a des airs de grosse production digne des futures méfaits grandiloquents d’Alice Cooper ou Uria Heep.

Loin d’atténuer l’énergie du trio, les cœurs et cuivres installent des mélodies vibrantes, qui permettent à la guitare de surgir comme les troupes de Clovis sur les plaines de Tolbiac. Véritable curiosité discographique, The Gun sera totalement masqué par l’avalanche musicale d’une année pas avare en chef d’œuvres hurlants.
1968 voit naitre Electric Ladyland, Truth, Wheels on Fire, sans parler des premiers exploits de Ten Years After. La jeunesse mondiale commence à vouer un culte aux premiers guitares heros, tels que Hendrix, Jeff Beck, Eric Clapton


Noyé dans ce tourbillon infernal, qui voit des artistes déjà confirmés atteindre le sommet de leur popularité, le premier album de The Gun tombe vite dans les oubliettes de l’histoire. Aujourd’hui pourtant, sa force est encore intacte. On constate que la guitare de Gurvitz n’est pas moins virtuose que celle de Clapton. Sa grandiloquence n’a rien à envier au charisme Hendrixien, et on peut même voir dans ce mélange de classe et d’efficacité, l’annonce de prochaines années marquées par la classe du Rock Progressif et l’énergie du Hard Rock.

Le meilleur disque des années soixante c’est peut être celui-ci.

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