L’histoire du MC5 commence dans un lycée Américain, par
la rencontre entre Wayne Kramer et Fred Smith. Pris de passion pour un Rock
encore en plein âge d’or, les deux hommes apprennent quelques rudiments de
guitare, et décident de fonder leur propre groupe. Ils sont rapidement rejoints
par Rob Tyner à la basse et Dennis Thompson à la batterie. Mais Tyner ne
sait pas jouer de son instrument lorsqu’il accepte le poste, et abandonne rapidement
son apprentissage, tuant son groupe dans l’œuf.
Heureusement, cet arrêt sera de courte durée et le démissionnaire
réintègre rapidement la formation en tant que chanteur. Michael Davis est alors
recruté pour occuper le poste laissé vacant, et le gang se nomme MC5
(Motor City Five), un nom collant parfaitement au Rock brûlant qu’il veut
créer.
Les choses sérieuses commencent réellement en 1966,
lorsque le groupe rencontre le poète et militant gauchiste John Sinclair. En
quête d’un groupe pour promouvoir les idées de son White Panters Party, une
organisation anti raciste réclamant la fin de la conscription, l’abolition de l’argent,
et rejetant la bigoterie de l’Oncle Sam. La violence de ses revendications, et
du Rythm 'n blues sulfureux du groupe, détonne dans une Amérique encore endormie
par le Flower Power.
Propulsé en première partie de groupe comme Cream ou le Big Brother de Janis Joplin, le groupe est comparé à un cataclysme naturel. Ce
cataclysme trouve un environnement idéal lorsqu’il débarque sur la scène de
Détroit et son boucan subversif attire les oreilles de Dannie Fields, le directeur
des Disques Elektra. Lors d’un concert entré dans la légende, Fields assiste médusé à
la prestation d’un MC5 obligé de tout donner après la prestation explosive des Stoogies en première partie. Il signe immédiatement ces deux groupes, et décide
d’enregistrer le MC5 directement sur scène.
Entre temps, une intervention de la police dans un
quartier afro-americain de Détroit fut la provocation de trop, déclenchant fusillades,
pillages et incendies. Le soulèvement est si important que le président Johnson
déclare que « la ville est en état d’insurrection ». A Détroit, le
rêve hippie est bel et bien mort et enterré. La tension liée à ces événements est
encore palpable lorsque, en ouverture du concert qui deviendra sur disque Kick Out The Jam, Sinclair déclame ces paroles vindicatives :
" Brothers and sisters,
I wanna see a sea of hands out there.
Let me see a sea of hands.
I want everybody to kick up some noise.
I wanna hear some revolution out there, brothers.
I wanna hear a little revolution.
Brothers and sisters, the time has come
for each and every one of you to decide
whether you are gonna be the problem,
or whether you are gonna be the solution.
You must choose, brothers, you must choose.
It takes 5 seconds, 5 seconds of decision.
Five seconds to realize your purpose here on the planet.
It takes 5 seconds to realize that it's time to move.
It's time to get down with it.
Brothers, it's time to testify and I want to know,
Are you ready to testify?
Are you ready? "
Le MC5 n’était donc clairement pas là pour embarquer son
public dans des rêveries niaises, mais pour immortaliser une prestation qui
serait un doigt d’honneur à l’Amérique conservatrice, libérale et raciste.
Ramenant le Rock à son expression la plus viscérale, le Five est une véritable
tribu primitive, qui explose toute les normes musicales à grands coups de
larsens destructeurs. La batterie balance des décharges sonores assourdissantes,
Fred Sonic Smith atomise le Rythm 'n blues à grand coups de riffs crasseux et
tranchants, et Rob Tyner hurle ses refrains avec la rage désespérée d’un
kamikaze en plein assaut final.
Cette simplicité apparente n’empêche pas Kick Out The Jam d’être un album révolutionnaire. Ces riffs tranchants, propulsés
par une rythmique incisive, formeront le prototype sulfureux menant à la
naissance de toute une génération de Punks, partisans d’une musique juvénile et
primaire. Et n’oublions pas le Blue Öyster Cult, qui utilisera cette fougue
révolutionnaire pour faire décoller son hard rock mystique.
Après la sortie du disque, chaque
concert du groupe est le théâtre de scènes de chaos, engendrées par une armée de Freaks, chauffés par les appels à la révolte de musiciens de plus en plus
politisés. Consommant de plus en plus de drogues, et profitant de ses concerts
pour inciter les employés et les ouvriers à la révolte, le Five attire l’attention
de la justice américaine. Effrayé par ces multiples provocations, Elektra Records
finit par abandonner le groupe pour éviter d’être une victime collatérale de
ses frasques.
La moins frileuse Atlantic récupère alors un groupe
lessivé par les drogues, et privé de son leader, dont la condamnation à dix ans
de prison pour deux joints tient plus de la répression pour l'exemple que de la justice. Le groupe de Rob Tyner essaie donc de lisser
son image, troquant son Rock révolutionnaire pour un Rock 'n Roll vintage et énergique.
Mais le succès ne sera pas au rendez vous, il finit par imploser en 1972.
Sorti en 1969, Kick Out The Jam restera
son album le plus important, signant la fin des années 60, et l’avènement d’une
décennie qui sera marquée par la violence du Punk et du Hard Rock.
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