Thin Lizzy , comme Motörhead ou Black Sabbath à ses
débuts , est un des plus beau représentant du débat qui voit s’affronter
metalleux et rocker depuis des années. Après avoir vus leurs plus belles années
défiler devant leurs yeux, les deux camps font une sorte d’inventaire
historique, ressortant toutes leurs précieuses reliques, pour les réévaluer
avec un maximum de recul.
Sorti en 1978, Live and Dangerous est un
des disques que les hordes métalleuse tentèrent de récupérer avec le plus de
férocité. Il est vrai que les joutes épiques de guitares contenues sur "Emerald"
ont clairement inspiré les chevauchées sanguinaires du Heavy Metal britannique.
Pour être plus clair, Iron Maiden n’a rien fait d’autre que se réapproprier
cette technique ancestrale, avec la puissance que l’on connait.
Pourtant, limiter Thin Lizzy à une bande de metalleux néandertaliens
serait une erreur impardonnable, le groupe étant bien plus cultivé que la
plupart des tacherons braillards qui lui succéderont. D’ailleurs, aucun groupe
de Heavy ne pourraient démarrer son live avec un rythme aussi carré que celui
de "Jailbreak", ce glorieux Boogie sous stéroïdes. Le metal a en partie construit
sa légende sur l’abandon de ses beats binaires, qui constitue une bonne part du
son de Thin Lizzy.
Phil Lynott avait aussi une finesse, et une aptitude à
écrire des mélodies doucereuses, qui faisaient la grandeur et la beauté de son
groupe. Bien que propulsé par des musiciens toujours prompts à s’embarquer dans
d’homériques duels guitaristiques, "Southbound" , "Still in
love with you" et "Cowboy song" séduisaient grâce à une
sensibilité Pop à faire pleurer dans les chaumières. Et puis quel groupe de
metal aurait pu, devant un public foudroyé, rendre hommage au prolo rock qu’est
Bob Seger ?! Trop souvent oublié quant il s’agit de parler du Rock de Détroit, l’homme
est honoré par une reprise de "Rosalie" digne des pires sauvages de la scène Hard Rock. Le groupe resserre alors ses rangs, troquant, limitant ses soli tranchants
au minimum syndical, réduisant ainsi son Rock Heavy à son expression la plus
directe. Le résultat n’aurait pas fait tâche à coté des plus violents
néandertaliens enfantés par la Motor City.
Si Live and Dangerous est devenu une référence
en matière d’album enregistré en public, ce n’est pas seulement à cause de
la puissance de ces gladiateurs du Hard Rock, mais parce qu’il représente toute
la variété de la musique Lizzienne, avec un force hallucinante. Des mélodies
les plus poignantes aux charges les plus sauvages, le groupe de Phil Lynott
cherchait toujours la classe dans la simplicité. Dans ces conditions, on ne s’étonnera
pas qu’un de leurs guitaristes s’en aille enregistrer avec Motörhead quelques
années plus tard.
Les deux groupes partageait cet amour de la simplicité, d’un Rock aussi immédiat qu’entrainant. Bien plus que des décibels, Live and Dangerous est surtout un monument de feeling et d’efficacité.
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