Les temperance movement sortaient de nulle part, et ont
eu l’intelligence de sentir le classique rock revenir quelques semaines avant
que tout le monde ne s’y mette. Aujourd’hui , malgré l’état lamentable du
marché du disque , le rock reste une fête pour tout observateur curieux.
Malgré l’intégration d’un ex membre de Jamiroquai ,
désirant revenir à une énergie plus pure et brute , ce premier album est passé
totalement inaperçu. Pourtant, alors que
les rivals sons se taillaient la part du lion avec leur vénéré Great Western Valkirie, sorti la même année que ce disque , les temperance
movement survivaient en parcourant l’europe. Leur tournée passa par l’Angelterre
, la France , l’Allemagne , la Suisse et la Belgique. Tourner, tourner ,
tourner . Pour survivre , pour forcer ce destin capricieux qui ne voulait pas
comprendre ce qui était en train de ce passer.
Les temperance
movement aurait pu être la réponse anglaise aux assauts hard rock des Rivals Sons , et l’éternelle rivalité entre les deux pays aurait pu renaitre. Mais, si
les groupes sont toujours partis chercher la notoriété en Angleterre , aucun n’a
pu s’imposer dans le paysage pop sans séduire le pays de l’oncle Sam.
Pourtant , le génie de la formation est palpable dès les
premières secondes de « only friend », hymne de tous ceux qui
croyaient encore au rock en 2014. La guitare claque calmement, laissant un peu
de place au silence pour installer le groove de son rock dansant. En dehors de
cette intro Richardienne en diable, le groupe déploie surtout une énergie
primaire comme on n'en entend plus depuis le fameux live au Fillmore de Humble
Pie.
Les silences sont sans doute l’ingrédient le plus
important de la célébration des temperance movement. « be lucky »
tricote un boogie dansant , sur lequel Campbell peut poser une voix digne de
Chris Robinson. C’est justement cette rigueur qui permet au groupe de varier
les registres avec une facilité déconcertante. Même sur le tempo soutenu de « midnight
black », les guitares ont cette science de ne pas se marcher dessus,
ménageant leurs effets pour laisser briller une finesse so british. Cette
science était chère à Keith Richard, lui qui trouvait Mick Taylor trop démonstratif,
et a toujours vanté la justesse rythmique de Ron Wood. Les titres les plus rocks
sont de véritables orgies rythmiques , Campbell criant sa joie au milieu de la cérémonie,
sa voix dansant sur des riffs célébrant la vie avec un enthousiasme communicatif.
Mais les temperance movement ne se résument pas à une
bande de rockers à l’ancienne , et restent brillants lorsqu’il s’agit de
tricoter des mélodies séduisantes. « Chinese lantern » vient flirter
avec une country bucolique, qui ferait presque penser au premier disque d’Humble
Pie. « lovers and fighters » est plus belle encore, avec sa
nostalgie bluesy portée par une douceur dans laquelle les groupes anglais
excellent.
Et je ne parle
même pas de « know for shure » , ballade beaucoup plus rythmée,
venant marcher sur les terres de blackberry smoke. On retrouve ainsi la passion
de ces musiciens pour le sud américain , proximité qui se sentait déjà dans
leur énergie de descendants des black crowes.
Mais ce groupe , contrairement au sympathique my dynamite
, et autres ersatz nostalgiques , avait assez de personnalité pour faire le
lien entre ses influences disparates. Si les black crowes furent pendant des
années les derniers représentant d’un rock humble et classieux , les temperance
movement leur succède enfin avec classe.
Si vous avez encore un doute , jetez une oreille sur le
live présent dans la version deluxe du disque. On y retrouve un groupe
rigoureux , appliquant son rock primaire en le parcourant de solos réduit à
leur plus simple expression. Efficacité , voilà le maitre mot des temperance
movement , brillante formation vouée au culte du riff précis et direct.
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