Presque cinquante ans , c’est l’âge qu’a la glorieuse œuvre
zeppelinienne. Pourtant , son héritage n’a jamais été aussi palpable qu’aujourd’hui,
la plupart des nouveaux groupes se sentant obligés de passer par les décors
dépeints par le beau dirigeable. Le stoner en a fait une matière planante ou
bluesy , passant des formations les plus respectueuses , tel que scorpion child
, aux plus novatrices ( rivals sons et palace of the king).
Mais l’histoire choisit ses héros, et à l’heure où Greta
Van Fleet remplit les stades, passe au Saturday night live , et fait la
couverture de rock et folk, howlin sun ne bénéficie que d’une page facebook
pour assurer sa promo. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que leur
premier disque soit sorti dans l’indifférence générale , et ce malgré un talent
évident.
Sournois, les norvégiens ont opté pour une pochette mystique,
montrant un chaman s’appropriant une lumière chaleureuse, surement pour séduire
les fans de graveyard et kadavar. Le verso présente un décor digne des
stroboscopes utilisés à la grande époque psychédélique. Sur ces dix pistes,
Howling Sun alterne les registres , bottant le cul des stones sur un « move »
en forme de blues hurlant. Et puis il y a bien sur l’ombre du Zepp , brillant
de toute sa splendeur épique sur « yellow lit road », après avoir
ouvert le disque sur un riff tonitruant avec « hitchiker of love ».
Parlons en de ces riffs , qui donnent de grands coups de boutoirs
dans le blues à papa , les solos cajolant nos oreilles entre deux charges. On
ne se dit pas fils spirituel de led zepp sans une rythmique explosive , et de
ce coté howlin sun n’a rien à craindre. Chaque coup de batterie est une
explosion , un séisme , le marteau divin dirige des riffs d’acier avec une
régularité métronomique.
Le chant ne cherche pas à singer Robert Plant , et préfère
ménager ses effets , à l’image de ce que pouvait faire wolfmother à ses débuts. L’influence
des australiens se fait d’ailleurs sentir sur les passages les plus fédérateurs , où le groupe troque son charme mélodique contre un blues résolument rythmique
( nothing like a shelter).
Bien sur , ce premier disque n’est pas exempt de
quelques défauts , la formule pouvant parfois sembler répétitive , et prêter le
flanc aux soupçons de plagiat qui sont monnaie courante dans le rock actuel. Mais,
quand un groupe est capable de réinventer ainsi une formule qu’on croyait
connaitre par cœur , que le pied se met à battre la mesure alors que la tête
voudrait parfois relativiser son enthousiasme , et qu’en plus les tâcherons
sont capables de payer leurs dettes au blues avant de partir sur un déluge
hendrixien (the day toom my sunshine away) , je ne peux que saluer la
performance.
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