Formé à la fin des années 60 , ZZ top est sans doute le
plus grand groupe texan de tous les temps. Au début, les musiciens n’arborent
pas leurs célèbres barbes. Et, si l’origine de leur nom reste floue , on
retiendra particulièrement cette légende selon laquelle il fut choisi en
hommage à BB king. Le blues , voilà la raison de vivre de ce trio soudé comme
une armée mexicaine, c’est aussi la matière rugueuse ayant nourri un premier
album respectueux et brillant.
La puissance du disque attire d’ailleurs l’intérêt des
stones , qui les embarquent dans leur tournée « exil on the main street »
de 1972. La tournée a des airs de passage de témoin, exil représentant la fin
de l’âge d’or pour les stones, qui ont au passage marqué le jeu de ZZ Top. Résultat,
Rio Grande , le second album du gang de
Billy Gibbons est imprégné d’une classe rythmique très Richardienne.
Le public ne s’y trompe pas , et le titre « francine »
propulse le groupe au sommet des charts US. Avec ses airs de « brown
sugar » , son riff ne pouvait qu’annoncer le retour du blues au pays , un
groupe américain reprenant ainsi le flambeau tenue par les glimmers twins. Vient
ensuite une période de créativité débridée, ZZ top allant jusqu’à utiliser des
prises live pour sortir au plus vite le puissant fadango.
Puis vient enfin LE disque qui fit définitivement
décoller leur carrière, un monstre propulsé par le riff chromé de « la
grange », chant sauvage dédié à un bordel texan. Et puis il y’a encore ces
sacrés blues graisseux , « jesus just left chicago » et « blue
jean blues », qui s’imposent comme les équivalents texans des grands titres
de Muddy Waters et BB king.
Oui, le groupe avait vraiment la tête dans le guidon de
sa Chevrolet , mais ses radars étaient encore vivace. On a trop longtemps sous-estimé
tejas, disque plus bucolique où le trio mêlait son blues à une country
redevenue à la mode. Car la country devint la nouvelle grosse préoccupation du
rock dès 1969 , quand une bande de hippies crasseux se remit de ses trips, pour
rechanter son amour de la terre, des champs , et des grands espaces. Tejas
prolongeait ce changement, en s’insérant plutôt dans un courant country blues
promu par une bonne partie du rock sudiste.
Toujours est-il que , malgré sa solidité , l’album fit un
bide , et les musiciens décidèrent de faire une pause discographique. Le repos
fut bénéfique, et trois ans plus tard deguello leur permettait de devenir un
phénomène mondial.
Bien que je persiste à dire que ce n’est pas leur
meilleur disque , « deguello » a le mérite de dépoussiérer leurs
influences ancestrales , pour les mettre à la portée d’une nouvelle génération
friande d’expérimentations. La production résolument moderne et propre permet au
groupe de créer un pont entre le blues boogie de leur début, et le rock
tapageur à venir , tout en gardant cette identité unique faite de blues rock ,
de boogie , et de textes légers et humoristiques, propulsés par la voix grave de
Gibbons.
Dans le même temps, les fameuses barbes ont fait leurs apparitions,
et les posters représentant le look si particulier du groupe deviennent aussi
cultes que leur dernier album vendu à des milliers d’exemplaires. Le groupe avait
enfin mis l’europe à genou, et partit fêter son règne en Allemagne.
Voilà pourquoi ce
live in germany , si il était sorti en 1980 , serait devenu un
monument sonore écrasant les dernières déflagrations de hard rockers déjà en
perte de vitesse. Ici tout est brut et puissant. Les titres de deguello sont
dépouillés de tout arrangement pour prouver aux sceptiques qu’ils sont forgés
dans le même moule brûlant que leurs précédents riffs.
Les guitares gardent un rythme binaires d’une puissance à
faire trembler les murs de fort alamo , donnant à Jailhouse rock une force ridiculisant
la version du jeff beck group. Les riffs , rutilants comme le bolide rouge qui
marquera bientôt leurs clips , ne doivent leur puissance qu’à ce feeling
incroyable , chaque secousse succédant à la précédente avec une régularité
métronomique.
D'ailleurs, quand on parle de « meilleur batteur de
tous les temps », le nom de Frank Beard n’est que trop rarement cité. Pourtant,
dans la chaleur de cette soirée allemande, sa puissance tout en finesse dirige
le bal avec une force qui n’a rien à envier à John Bonham.
Ce soir-là, les texans furent les nouveaux rois du rock,
cette prestation ayant aujourd’hui des airs de dernières déflagrations avant
une traversée du désert qui durera des années. Bientôt, le groupe arrondira son
jeu sulfureux, adaptant ainsi son blues à l’époque de la médiocrité new wave.
Mais c’est déjà une autre histoire, que l’on peut oublier le temps de ce live
monumental.
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