Il faudrait abolir cette légende qui affirme qu’il
existait deux fleetwood Mac. Dirigé par
Peter Green, la version anglaise n’était qu’une tentative maladroite de
prolonger ses grandes heures au sein des bluesbreaker. Ce fleetwood mac là n’avait
ni le raffinement des stones , ni la puissance de cream , c’était un attelage
poussiéreux profitant du retour en grâce du blues.
Si Peter Green n’était pas parti dans ses délires
mystiques, obligeant ainsi ses collègue à chercher une autre voie en
Californie, les premiers disques du mac seraient juste ressortis par une poignée
de snobinards.
Après une longue période d’instabilité, le groupe ne doit
sa seconde vie qu’à Lindsay Buckingham et Stevie Nick, deux des plus belles
voix que le rock ait connue.
Elles obligent le groupe à partir dans une direction plus
harmonique, soignant ses mélodies pour permettre à ses chœurs de dépoussiérer la
formule inventée par Crosby Still Nash et Young. Le premier résultat de ce revirement,
sobrement appelé Fleetwood Mac, passe en boucle à la radio. La rythmique est
encore vieillotte, mais le groupe est sur la bonne voie.
Et pourtant, malgré un avenir qui s’annonce radieux, fleetwood
mac est une formation sous tension. Stevie Nick et Lindsay Buckingham sont en
pleine rupture, John McVie est un peu trop porté sur la boisson, et Mick
Fleetwood est lui aussi en instance de divorce.
Cette tension fait naître une douce mélancolie, qui
parcourt Rumours , envoûtant les oreilles de millions de baby boomer nostalgiques des trente glorieuses, qui commencent à mourir en cette fin de seventies.
Musicalement aussi une page se tourne. Les ex gloires des
seventies se réfugient dans une musique de plus en plus plate et synthétique,
pendant que les punks viennent balayer ces has been indignes de leurs gloires
passées.
C’est pourtant cette même production ultra clean et
clinquante que le mac tente d’emmener au sommet de sa classe, lors d’une
gestation qui dure plus d’un an. Sortie la même année que nevermind the
bollocks , Rumours marquera autant l’œil et les oreilles des rockers de ce
dernier âge d’or.
Les deux disques représentent la contradiction d’une
époque qui vénère la simplicité retrouvée grâce au punk, tout en emmenant au
sommet des charts des productions très pop, qui annoncent l’avènement de la
new wave.
Heureusement , Rumours est loin des hymnes dépressifs de
Cure , ou de la guimauve écœurante de depeche mode , c’est un disque coincé
entre deux époques. Son attachement aux seventies est flagrant sur ses chœurs délectables,
qui dépoussièrent les diamand pop de l’album « déjà vue ». On trouve
encore des traces du blues des débuts sur « the chain » , mais c’est
un blues plus mystique et moderne que celui pratiqué en Angleterre.
Country , blues , folk , tous les styles ayant marqué leur douce Californie sont revisités à travers une production ample, et qui
annonce une décennie qui ne verra plus beaucoup de disques aussi variés. Contrairement
à beaucoup d’œuvres forgées dans le même moule pop , Rumours ne contient que des
titres intemporels , allant de la légèreté de second hand new au spleen
envoûtant de « oh daddy » ou « dreams », pour atteindre son
apothéose dans la sublime tension émotionnelle de « go your own way ».
Si vous voulez entendre le vrai fleetwood mac , celui qu’on
célébrera encore dans cent ans , c’est vers ce disque qu’il faut vous tourner.
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