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vendredi 23 août 2019

The Who : Quadrophenia


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Quel album représente le mieux le génie des Who ? En ce milieu des seventies la question n’est pas aisée. Les plus puristes vous diront que ce ne peut être que le live at leeds , le groupe n’ayant jamais réellement réussit à restituer en studio la folie qu’il déployait sur scène. C’est à cette catégorie que l’on doit la controverse qui entoura la sortie de tommy, une partie saluant le chef d’œuvre pendant que l’autre s’indignait de cette musique pompeuse, qui semblait rapprocher les who des grands excentriques pop.

Who’s next réconciliera tout le monde , son enchaînement de tubes, rehaussés par les sifflements futuristes du clavier, faisant entrer leur rythm n blues primaire dans la nouvelle décennie seventies. La conception fut pourtant un traumatisme pour Townshend , qui voulait au départ concevoir un opéra rock encore plus ambitieux que Tommy. Pour éviter de reproduire le même échec, il produit seul les démos de l’album suivant, jouant de tous les instruments pour s’assurer de la bonne reproduction de ses idées. Le groupe se retrouve ainsi face à des démos très abouties, qu’il est prié de reproduire le plus fidèlement possible.   

Voilà pourquoi Quadrophenia est aux Who ce que the wall fut à pink floyd , un monument à la gloire de la mégalomanie de leur leader. D'une certaine façon, on peut voir dans cette démarche la fin d’un âge d’or, et nombreux sont ceux qui, encore aujourd’hui, n’hésitent pas à partir dans cette conclusion hâtive.  

Ils pourraient ajouter que cette histoire de mods paumés fut trop anglaise pour séduire l’Amérique , et passa sans doute pour une œuvre passéiste pour les fans de rock de l’époque. Sur l’album précèdent , les who s’imposaient comme les maîtres de leur époque , apportant le son de synthés qui venaient juste d’émerger, et les voilà qui reviennent avec une histoire plantée dans une angleterre poussiéreuse.

La fête parait déjà se terminer quand le disque sort en 1975 , les premières difficultés économiques se font ressentir en Angleterre , et donneront bientôt naissance à des légions de jeunes à crête jouant une musique à la simplicité nihiliste. Ces hordes de sauvages à collerettes devaient tout aux who , qui annoncent d’ailleurs leur avènement avec « the punk and the godfather », la guitare cinglante prédisant  les futures pavés sonores des sex pistols.

Quadrophenia ne partage avec Tommy qu’un concept dramatique, et inspiré du mal être de leur géniteur, le son de quadrophenia étant à l’opposé de son ainé. Tommy fut froid et mesuré, Quadrophenia s’avère chaleureux et exubérant.

Les cuivres apportent plus de consistance au son tranchant du groupe, pendant que Keith Moon peut déchaîner ses fûts, pour annoncer des refrains aussi mémorables que les grands classiques mods des années 60. Et puis il y’a cette production unique, qui rendra la reproduction de ses titres impossible en concert.
                          
Sorte de pont entre les expérimentations des grands génies du son (beatles, Spector) et l’agressivité qui marquera les années à venir, ce son entre deux ages est sans doute le plus proche des ambitions de Townshend.

Les bruitages s’insèrent dans les titres, comme pour planter le décor d’une œuvre qui ressemble à un grand film musical, la version cinématographique ne tardera d’ailleurs pas à sortir. Ce côté conceptuel n’empêche pas quelques titres de sortir du lot. On retiendra bien sûr surtout les passages les plus sauvages , précurseur d’un futur où l’énergie comptera plus que tout autre détail technique (the punk and the god father , bell boy). Mais il ne faudrait pas oublier la puissance lyrique qui qualifie le son des who autant que sa violence, et qui trouve encore sa plus belle expression sur des titres comme love reign o er me , ou le plus doux et presque Nashien almost cut my hair.
Une chose est sûre , quadrophenia est une œuvre dont la richesse parait déjà d’une autre époque, les tendances extrêmes des années à venir balayant la finesse de la génération des who, à coups de riffs envoyés comme des décharges, ou lourds comme des secousses sismiques.

Les ventes du disque seront encore plus que correctes, mais la tournée qui suivra tournera au fiasco. Incapables de s’accorder sur les bandes préenregistrées censées planter le décor musical qu’ils ont inventés, les Who avaient commis l’irréparable : produire un disque injouable en live.

Comme si , à travers cet échec , c’était la fin de leur règne qui s’annonçait. On ne me retirera néanmoins pas l’idée que ce Quadrophenia reste un de leurs disques les plus brillants et somptueux.


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