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samedi 17 novembre 2018

[LOST TAPES #03] Edgard Broughton Band - Wasa Wasa (1969)

(par Benjamin Bailleux).

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Au milieu de ses glorieuses sixties, le blues est encore au centre de la musique anglaise. En reprenant les glorieux gimmick des bluesmen américains, les anglais construisent leur mythologie musicale faite de héros puristes.
 
Les Stones sont au sommet et , après le grandiose "Satisfaction" , ils sortent enfin leur premier album entièrement composé de chansons originales, Aftermath. Si le multi instrumentiste Brian Jones apporte une bonne touche d’originalité, l’influence du blues reste palpable dans le feeling inimitable de Keith Richard.


A la même époque, les Bluesbreakers sortent un disque qui révolutionne le blues. Paru la même année que l’album des Stones, John Mayall and the bluesbreaker with Eric Clapton » fait naitre le culte du Guitar-Hero.

Eric Clapton est largement mis en avant, sa guitare n’est plus un simple instrument d’accompagnement, mais un instrument sacralisé, capable de s’embarquer dans de brillantes divagations solitaires. Cette vision trouvera un glorieux écho sur le premier album de Jimi Hendrix, et sera à le point de départ d’un cheminement qui mènera à la naissance du hard rock.
Le blues semblait donc, des 1966, partir dans deux directions. La première, remarquée sur certains disque des Stones ou de Cream, le voyait fricoter avec les riffs distordus du psychédélisme, alors que le second visait simplement à le jouer plus fort et plus violemment.

Le Edgard Brouton Blues Band commencera par jouer un blues puriste, qui lui permet de ce constituer un publique dans sa ville natale de Warwick. Il est vite attiré par Londres, devenu l'un des centres névralgiques du Rock après la glorieuse ascension des Beatles.

Il monte donc dans la capitale, et découvre une ville qui, à l’image de San Francisco, vit au rythme des mélodies Psychédéliques. Le groupe raccourcit donc son nom, pour devenir le Edgard Brouton Band, avant d’être repéré par Blackhill Enterprise.

Fondé par les membres de Pink Floyd, la société leur permet de signer rapidement un contrat d’enregistrement, et de sortir un premier 45 tour à mis chemin entre l’Acid Rock crasseux de Blue Cheers et le proto punk des Stooges. Mais surtout, le label laisse une liberté total à ses musiciens, qui développe alors un blues acide, déjanté et expérimental.


Sortie en 1969, Wasa Wasa est un album qui ne pouvait naitre qu’à cette époque dingue, où les maisons de disques ce contentaient de vendre une musique qu’elle ne comprenait pas toujours. Pour avoir une idée de la folie de ce Wasa Wasa, il faut imaginer Beefheart et son Magic Band en train de réadapter le MC5 un soir de défonce.
La voix d’Edgard Brouthon est d’ailleurs assez proche de ce chant blues et Dadaïste, qui fait la grandeur du capitaine cœur de bœuf. Derrière lui, le groupe joue un blues trempés dans l’acide, déstructuré par les délires improvisés de compositions qui semblent naitre sous nos yeux.

L’Edgard Brouton Band sortira ensuite un disque mieux maitrisés musicalement, mais il perdra ce sentiment d’urgence qui fait la grandeur de ce Wasa Wasa. Wasa Wasa, c’est le psychédélisme et le blues qui explosent dans un chaos proto Hard-Rock, une orgie sonore jouissive et enjouée que n’auraient pas reniés Zappa et Beefheart, un monument à la gloire d’un underground anglais inventif et décomplexé.

Par la suite, le groupe va progressivement s’assagir, remplaçant son Acid Rock déjanté par un Hard-Rock vaguement Country. Progressivement tombé dans l’oubli, il finit par disparaitre des radars en 1982, sortant parfois quelques Lives qui passent inaperçus.
                         
Réédité une seul fois en vinyle, Wasa Wasa est enfin accessible à tous grâce à la magie de Youtube.    



     


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