Depuis 1969, le Rock semble avoir décidé de former des
générations de fous du son, n’appréciant la musique que quand elle est jouée à fond,
tuant le Blues pour mieux le faire renaitre. Il y a une certaine grâce là-dedans,
une puissance juvénile qui se ménage parfois des apartés romantiques ou
épiques. A ce jeu la, deux rois ce sont illustrés, Led Zeppelin et Deep Purple, et leurs lardons hurlent derrière eux, espérant ainsi s’approcher de leurs
puissances théâtrales.
Raconté comme cela, l’histoire est simple, mais c’est
vite oublier d’où vient ce vent sulfureux. Le Hard Rock est un enfant du psychédélisme
et, si il a connu le succès en retournant téter la mamelle du Blues, il ne se
défera jamais complètement de cette filiation. Après tout, Hendrix était un grand partisan des délires hallucinés, et
les Pink Fairies et Hawkwind poussaient les potards à des niveaux parfois plus élevés
que les disciples de Blackmore et Page.
A partir de là, comment le pays qui a poussé le Rock de
drogués à son niveau le plus hallucinant aurait-il pu rester à l’écart ?
Phallus Dei, Yeti, Tago Mago, ces disques vous retournaient la tête, la
lavait de tous repères, et vous lâchaient dans leurs mondes délirants avec l’innocence
d’un nouveau né. Birth Control se forme
à la même époque que les groupes précédemment cités, mais ne sort ce Operation
qu’en 1971, à une époque ou le Hard Rock triomphe.
L’ Operation semble d’abord être celle
d’esprits pollués par les principes étriqués de religieux fanatisés, représentés
par un monstre mangeant des enfants sous les ordres d’un pape excité. La
pochette fera son petit scandale, et c’était sans doute l’effet recherché, le
groupe préférant parler de guerre au Vietnam que de religion.
Musicalement, Birth Control navigue entre la subtilité d’arrangements
délicieusement jazzy, et la puissance de guitares très Purpleliennes. Placé en
ouverture, "Stop Little Lady" est d’ailleurs le titre le plus Hard de l’album. Les riffs répondants aux notes d’orgues, sur un rythme qui
rappelle furieusement le duo Lord / Blackmore. On pourrait presque s’y méprendre,
si il n’y avait pas ces nappes planantes, et cette voix qui semble hurler du
haut d’une montagne cosmique. On aura droit à une seconde attaque rythmique
avec "The Work Is Done" , un Rock anti Vietnam d’une efficacité
remarquable.
Et puis la véritable grandeur de Birth Control se révèle,
explosant dans un final voluptueux de onze minutes. Le solo de piano ouvre la
porte à une envolée de cordes et de cuivres, montant crescendo jusqu'à une
explosion ou le Rock devient symphonique. Plus que sa puissance, Birth Control
soignait ses compositions, sa grandeur ne s’exprimant pleinement que lorsqu’il
pouvait se perdre dans de grands instrumentaux classieux.
C’est peut être pour cela que le groupe n’a jamais eu le
succès qu’il méritait, et que Hoodoo Man est aujourd’hui plus
salué que ce disque pourtant plus original.
Super de mettre en lumière cet album.
RépondreSupprimerJ'en suis fan.
Moi aussi , avec le live et hoodoo man :)
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