Lâché pour la première fois au début des années 70, le Krautrock définit deux catégories de musiciens qui n’ont pas grand-chose à
voir. Utilisé au départ par les anglophones, pour se moquer de cette bande de teutons tentant de réinventer
leur culture, il regroupe aussi bien l’avant-garde électronique chère à Bowie,
que le psychédélisme radical de Amon Dull et Guru Guru.
Les deux sont absolument indispensables pour comprendre
l’évolution de la Pop, mais des groupes comme Tangerine Dream ou Neu étaient beaucoup
plus froids et synthétiques que le groupe qui nous intéresse aujourd’hui. Fondé
à la fin des années 60, Guru Guru est la réunion d’utopistes hippies, vivant la
vie de libertinage décrite dans une partie d’ Easy Rider. Mais, comme Amon Dull, ce mode de vie vise surtout à créer un nouveau moyen d’expression. Fasciné
par l’inventivité de Hendrix, ils travaillent une musique faite de riffs
planants, rallongée par la virtuosité d’un batteur issu du Jazz, et dont les
rythmes hypnotiques façonnent le psychédélisme délirant du groupe.
De leurs délires cosmiques naitront trois albums incendiaires,
mais masqués par le succès des poids lourds anglais et américains. Troisième de
cette série, Kanguru est le disque parfait du groupe, celui que
l’histoire devrait retenir pour rendre enfin justice à ces avant-gardistes
virtuoses.
On conseillera à l’auditeur d’envoyer cette musique le
plus fort possible, afin de mieux ressentir les secousses de ce voyage spatial.
En fond sonore, les bruitages électroniques font décoller notre cerveau encore
plus haut que les contrés magnifiques d’ Electric Ladyland, la guitare abusant
de la distorsion, comme si ces riffs se perdaient dans des sommets éloignés de
l’atmosphère terrestre.
Les musiciens ayant participé à ce grand délire spatial
ne semblent pas conscients de ce qu’ils font, le groupe fonctionnant comme une
communauté anarchiste, où ils cherchaient leurs voies à travers de longs
instrumentaux planants. Cela ne fait que renforcer la légende de ce disque,
dont la cohésion incroyable semble guidée par une conscience supérieure, qui
aurait dirigé le groupe lors de ses improvisations sous acides.
« Ouvrez les portes de la perception. »disait Huxclet dans un livre aussi ennuyeux que culte, et c’est sans doute ce que Guru Guru parvient à faire ici, la console ce contentant d’enregistrer leur voyage cosmique.
La guitare monte lentement, plane dans des nuages sonores
enivrants, s’embarque parfois dans de grands délires déstructurés, avant de revenir à un Jazz Rock martiens,
nous embarquant vers de nouveaux paysages colorés. Le temps suspend son envol
pendants quelques minutes. Le voyage dans lequel nous nous sommes embarqués n’a
pas d’âge, et ne ressemble à aucun repère connu. C’est un joyau façonné par
une foule d’influences devenues méconnaissables.
Alors si, dans une caisse poussiéreuse, vous apercevez
cette pochette Dadaïste , ne la laissez pas passer.
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