Avec flying teapot , la secte de David Aellen avait
ouvert les portes d’un univers planant et fantastique , où les instrumentaux
étaient comme fondus dans un brouillard cotonneux. A une époque où le prog explosait,
et alors que soft machine donnait
naissance à une nouvelle scène, gong n’a pas tardé à produire le successeur de sa
tasse de thé volante. Plus que de stupides intérêts commerciaux, le concept
réunissant les albums justifiait largement cette effervescence créative.
Premier d’une trilogie appelée radio gnome, Flyin teapot
berçait tranquillement l’auditeur, pour le laisser dans les décors farfelus de
ce angel egg. A une époque où caravan , soft machine et autres khan célèbrent
la beauté d’un free jazz mélodique , on ne s’étonnera pas que l’album s’ouvre
sur un tapis de sons hypnotiques, aussi doux qu’une ballade de Khan. La
transition entre les deux disques est parfaite, angels egg reprenant un psychédélisme
rêveur et délirant lié à la légèreté du monde fantastique qu’ils ont créé.
Le disque s’avére toutefois plus varié que son prédécesseur
, ses titres mêlant le jazz au psychédélisme et à la pop , le tout dans une atmosphère
de folie douce. Cet attelage est réuni par un rythme langoureux, comme une
douce rêverie après l’absorption de cette herbe qui rend idiot. On retrouve
régulièrement les rythmes orientaux , qui fascinent toute une génération depuis
les délires hypnotiques des Byrds , Beatles , et autres voyageurs pop.
On est partagé entre une douce poésie libertaire , qui s’exprime
merveilleusement sur des titres comme prostitute poem , et les rock burlesques
tels que Only Way. Dans les passages les plus enjoués , Aellen chante comme un
lutin défoncé , alors que la rythmique développe un boogie rallongé et délirant.
On trouverait presque un parallèle entre cette grande fête loufoque et les
grandes œuvres de Frank Zappa, les deux artistes ne pouvant s’empêcher de
cacher leur virtuosité derrière un grand cirque burlesque.
1973 a vu l’arrivé de dark side of the moon et the lamb
lies down in broadway, et pourtant angel egg fut un succès. Contrairement aux
dernières œuvres de pink floyd et Genesis, gong ne cherchait pas un concept
alambiqué légitimant la grandeur de son œuvre, il proposait une expérience au
public. Libre à lui de la glorifier.
Angel egg est une succession de paysages somptueux et enthousiasmants,
sur lesquels se promènent des personnages absurdes, représentés par une poignée
de chant désacralisant cette beauté innocente. Le plus grand souhait de Aellen
était celui-là, développer une beauté musicale simple et innocente, rejetant le
pompeux pour atteindre l’évidence.
Pas besoin de dix écoutes pour entrer dans ce disque, il
suffit comme le précèdent de se laisser porter à travers ses vignettes musicales.
Et pourtant, ce disque n’est qu’une étape, et l’auditeur attentif ne manquera
pas de remarquer, dans ces instrumentaux gracieux, les prémices d’un prochain
disque encore plus abouti.
Gong avait démarré sa grande fête psychédelique avec la
spontanéité de fying teapot , il la poursuit avec les pièces plus abouties d’angell
egg, il ne lui restera plus qu’à se
sacrifier aux rites des grandes pièces instrumentales. De cette manière, chaque
épisode de sa radio gnome reste aujourd’hui l’aboutissement d’une inspiration
unique.
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