Si l’histoire était juste, Jack White serait salué comme
celui qui sauva le rock au début des années 2000. En 1999 déjà, son jeu avait
permis à the go de ranimer la flamme de Détroit. Pour nous occidentaux, cet
album est une curiosité peu connue. Mais, dans la ville du MC5, le premier
album des go fit l’effet d’une bombe. Dans « Jack White :Comment bâtir
un empire sur le blues » Nick Hasted dépeint très bien ce séisme , où des
groupes, dont l’histoire n’a malheureusement pas retenu le nom, jouaient leur vie à chaque concert.
Rénovant des meubles pour payer ses factures , Jack White
sait qu’un travail artistique exige une concentration parfaite, car c’est un
peu de l’âme de l’artiste qui transparaît dans chaque production. Ses riffs
suivent la même logique et, si il fut clairement inspiré par les stooges et led
zeppelin , c’est bien sa rage de réussir qui transparaît dans ses notes. Les go
étaient un groupe aussi essentiel que les stooges en leurs temps , mais Jack
avait déjà l’esprit ailleurs , et formait en parallèle un duo avec sa femme
Meg.
Celle-ci n’est pas musicienne, mais c’est précisément ce
qu’il recherche en lui apprenant seulement les rudiments les plus basiques. Dès
lors , il sent que les titres propulsés par ce jeu enfantin réinventent l’énergie
primaire de ses modèles. Résultat, quand le manager lui signale que son contrat
ne lui permet pas de se consacrer à un autre groupe que the go , le guitariste
n’hésite pas longtemps et claque la porte. Aujourd’hui, plusieurs de ses ex
collègues affirment leurs regrets. Le coté mégalomane de Jack White créait
certes des tensions, mais ils l’auraient accepté si ils avaient eu conscience
de son talent.
Le premier disque des white stripes est sorti la même
année que « watcha doin » , Jack n’ayant pas attendu la fin de son
groupe pour entamer son nouveau projet. Aujourd’hui encore, ce premier disque
garde une place à part dans son cœur, et c’est peut-être le plus proche de la
philosophie minimaliste du duo.
Du début à la fin, Meg massacre ses fûts avec la
spontanéité d’un gosse à qui on a offert un objet à joyeusement massacrer. Elever le rythme à un tel degré de minimalisme mérite le respect, astro étant doté d’une
rythmique enfantine capable de faire passer ACDC pour de pompeux virtuoses. La
spontanéité de cette batterie permet surtout à Jack White de se lâcher, ses riffs
semblant frapper sur le clou autrefois martelé par les frères Asheton.
Au milieu du déluge, sa voix plaintive semble annoncer le
début d’une nouvelle ère, au point que ses riffs ont autant de force que
nirvana balançant les premières notes de nevermind dans une petite salle. Même
avec les white stripes , il ne retrouvera plus jamais cette spontanéité
rugueuse , ne donnera plus jamais de tels coups de boutoir contre les murs
étriqués de la culture pop.
On parle beaucoup
des strokes , et de son premier album sorti en 2001, pour situer le début de
la vague alternative. Mais, comparé à ce disque, « is this it » est
une œuvre de vieux réacs tentant désespérément d’approcher les mélodies
décadentes du Velvet, pour n’en tirer qu’un disque sympathique mais désuet.
Pour les white stripes eux même, des mélodies
commenceront ensuite à s’insérer entre leurs charges tonitruantes, et la
production deviendra plus soignée. L’énergie sera toujours là, mais elle ne
sera plus jamais aussi pure.
Si après ça vous doutez encore du fait qu’on tient ici le
meilleur disque du duo, écoutez ce qu’il fait de « one more cup of cofee »
du grand Dylan. Entre leurs mains, cette complainte folk devient un blues habité,
porté par le riff envoûtant de Jack, et ponctué par une meg toujours aussi
directe mais moins violente.
N’oubliez pas de mettre le volume au maximum, les grandes
cérémonies se doivent faire vibrer les murs, et en cette année 1999 le rock
venait de renaître une nouvelle fois.
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