Formation :
Eve
Libertine -
chant Joy De Vivre - chant sur "Health Surface", choeurs
Phil Free - guitare
B.A.Nana (N.A.Palmer) - guitare
Pete Wright - basse
Penny Rimbaud - batterie
«
Penis Envy » est le troisième album de CRASS, le groupe fondateur
de l'anarcho-punk, le groupe qui fonctionne comme un collectif. Pour
commencer il faut bien avoir toujours en tête que dans ce courant
musical la pochette et l’esthétisme en général (look, logo) et
les textes (surtout les textes, qui ici sont engagés et
intéressants) sont aussi importants voire plus que la musique. Le
but étant ouvertement de faire passer un message politique,
anarchiste et/ou pacifiste, de politiser les punks (en opposition par
rapport aux punks uniquement dans un trip « destroy », «
provocateurs » ou nihiliste et n’ayant aucune vision politique
hormis de se revendiquer « anti-système »). De faire réfléchir.
Le groupe s’en prend dès le départ à Clash, politisé certes,
mais qui a signé chez le gros label CBS et les accuse de critiquer
le capitalisme tout en signant sur une multinationale (cf morceau «
Punk is dead » sur le premier LP), ce à quoi Clash rétorquera que
cela permet d’avoir une audience et une portée beaucoup plus
grandes, une meilleure visibilité (et de fait le London calling de
Clash aura une audience plus importante que n’importe quel album de
CRASS). Le débat n’est toujours pas résolu et reste ouvert (deux
conceptions différentes de l’attitude à avoir face aux majors),
malgré tout les faits montrent qu’au final c’est toujours la
multinationale qui a le dernier mot (et très rares sont les groupes
qui ont assez de poids pour ne pas faire de compromis). Toujours
est-il que CRASS fidèle à ses idées créée son propre label, et
le mouvement aura ses propres réseaux de distributions, ses propres
réseaux de concerts (squats, centres autogérés) ses propres
fanzines, les bases du DIY (do it yourself = le faire par soi-même)
sont posées. CRASS dès ses débuts joue une musique basique, ultra
primaire (notamment sur les deux premiers albums).
De
prime abord, à la première écoute, c'est vrai que cela peut
sembler très basique et primaire mais en écoutant plus
attentivement on se rend compte qu'au delà de l'aspect minimaliste
évident les compositions sont plus travaillées et mélodiques
qu'elles n'y paraissent notamment sur « Where is Colombus ? »
voire « Systematic death ».
Car
musicalement parlant « Penis Envy » est le meilleur album du groupe
», plus abouti que les deux précédents, le plus accessible aussi,
avec les deux chanteuses au micro, Eve Libertine (la chanteuse
principale), secondée de Joy de vivre (l’habituel chanteur de
CRASS Steve Ignorant n’est donc pas présent sur cet album). J’ai
d’ailleurs toujours trouvé que les voix féminines pouvaient
amener des ambiances différentes au punk rock, quelque chose de
plus, d’intéressant et là c’est clairement le cas avec un
timbre de voix assez inhabituel pour l’époque (cf titre « Poison
is a pretty pill »). On a beaucoup reproché à CRASS sa pauvreté
musicale mais là le groupe s’est surpassé, c’est toujours
minimaliste (mais ce punk minimaliste c'est aussi la marque de
fabrique du collectif) mais ça tient parfaitement la route à tout
point de vue. Oui CRASS sait jouer !
Le son, notamment des guitares, est assez typique des premiers groupes anarcho-punk anglais. Mais la voix atténue un peu le côté austère de l’ambiance générale. Sur cet album les textes, habituellement axés sur un pacifisme intransigeant et sur l’anarchisme, prennent ici une thématique plus féministe. Musicalement il y a vraiment de bonnes chansons, ma préférée étant « Where next Colombus ? » avec un refrain qui ne vous lâchera plus. Un très grand titre. Mais aussi « Bata motel », « Systematic death », « Poison is pretty pill » et “Berkertex bribe”. Et je ne vois que deux titres un peu faibles « What the fuck ? » (avec son texte récité) et « Our weeding ». En tout cas ce Penis Envy me réconcilie avec CRASS car j’avoue que musicalement parlant je ne suis pas trop fan du premier LP « The feeding of the 5000 » même s’il contient la plupart des standards du groupe.
Le son, notamment des guitares, est assez typique des premiers groupes anarcho-punk anglais. Mais la voix atténue un peu le côté austère de l’ambiance générale. Sur cet album les textes, habituellement axés sur un pacifisme intransigeant et sur l’anarchisme, prennent ici une thématique plus féministe. Musicalement il y a vraiment de bonnes chansons, ma préférée étant « Where next Colombus ? » avec un refrain qui ne vous lâchera plus. Un très grand titre. Mais aussi « Bata motel », « Systematic death », « Poison is pretty pill » et “Berkertex bribe”. Et je ne vois que deux titres un peu faibles « What the fuck ? » (avec son texte récité) et « Our weeding ». En tout cas ce Penis Envy me réconcilie avec CRASS car j’avoue que musicalement parlant je ne suis pas trop fan du premier LP « The feeding of the 5000 » même s’il contient la plupart des standards du groupe.
Après
la dissolution du groupe fondateur l’anarcho-punk verra quelques
divergences apparaître entre ceux qui veulent rester sur la ligne
anarcho-pacifiste de CRASS et d’autres qui auront une vision et une
stratégie un peu différente (Conflict…), avec malgré tout une
base et un cadre communs : le DIY… mais cela est une autre histoire
et pour le moment ne boudons pas le plaisir d’écouter ce « Penis
Envy » un classique de ce courant, plus important qu’il n’y
paraît, mais souvent méconnu dans la mesure où l’intransigeance
des groupes les confinait dans un (relatif) anonymat, alors que
certains avaient un indéniable talent (Subhumans, Citizen Fish,
Inner Terrestrials ou Oï Polloï…pour rester en Grande Bretagne).
Et
puis si d'un point de vue strictement musical Clash est sans doute
supérieur à CRASS ces derniers représentent l'autre facette,
l'autre Histoire du mouvement punk, celle du Do it Yourself et celle
de certains principes de fonctionnement non négociables.
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