La plupart des groupes ne sont jamais aussi bons qu’à leur début, quand leurs riffs nourrissent le puissant brasier de leurs ambitions juvéniles. Mocky disait que, pour réussir, un artiste doit avoir faim, son art n’étant ainsi que l’expression de son désir de réussir. Cette vision peut paraitre un peu galvaudée, mais elle a guidé les plus belles années du rock.
Des groupes comme led zepp , les blue oyster cult, ou black
sabbath étaient en mission pour imposer leurs visions, et passer devant la
concurrence. Puis le commerce reprend ses droit, imposant une vision plus
standardisée de ces groupes , ou les dirigeant vers des voies plus populaires.
Si ce n’est pas forcément le cas pour les groupes précédemment
cités , cela explique qu’ACDC n’a jamais dépassé la puissance spontanée des
albums produits par vanda et young, et je ne parle même pas des deux premiers
aerosmith, qui valent bien la virtuosité sacralisée de « rock ».
Pour mott the hoople , le constat est encore plus cruel.
Ecouter les premiers disques du groupe, c’est se rendre compte que Bowie a sacrifié
l’essence de leur charisme pour les livrer aux hordes de disciples de ziggy
stardust. « all the young dude » est tout de même un très bon disque,
mais il ne représentait plus la puissance de ce qui fut surtout une furieuse
bande de rockers crasseux. Malheureusement, le public est lui-même buté, et ne
donne du succès à un disque que si il s’insère dans la vague dominante.
Le premier album
de Mott ne devait son succès qu’au hard rock naissant, dans lequel ses riffs
tonitruants semblaient s’insérer. L’album était brillant , mais le soufflet est
vite retombé , laissant « mad shadows » sortir dans une indifférence
unanime. Il faut dire que le disque n’a rien fait pour creuser le même sillon prometteur,
le groupe ayant décidé d’affuter son feeling stonien.
En ce sens , « mad shadows » est une grandiose
déclaration d’intention , un brasier rythm n blues au milieu duquel le groupe
dynamite jumping jack flash des stones. Et puis il y’a les ballades comme « I
can feel », où brille la voix inimitable de Ian Hunter. Là encore, ces ballades
sont bien loins des douceurs pop de « all the young dude », la
guitare sortant rapidement de son silence pour imposer un solo tout en
puissance contenue.
Mott the hooples garde sa force, mais celle-ci est
désormais plus maitrisée, comme si le grand bazar du premier album était mêlé
au blues fascinant de beggar banquet, le disque que les stones ont sorti
quelques mois auparavant.
Commercialement , ce virage va s’avérer désastreux , le
rythm n blues de mad shadows paraissant bien poli à côté des grandes
déflagrations que sont les premiers albums de black sabbath et led zeppelin.
Et ce n’est pas le final cataclysmique de thread of iron
qui allait berner les disciples de la nouvelle religion heavy, qui avaient bien
compris que ce disque était un nouveau brulot rythm n blues. Et c’est justement
sa force , « mad shadows » affirme une nouvelle facette de la personnalité
musicale de mott the hoople, en délivrant une énergie d’une nouvelle nature,
incomprise de tous.
Y gouter c’est découvrir que, contrairement à ce qui est
aujourd’hui admis, mott the hoople était bien meilleur sans Bowie.
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