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samedi 9 novembre 2019

Mott the hoople : mott the hoople


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On reproche toujours à la critique d’être cartésienne, de prétendre séparer le bon grain de l’ivraie, d’écrire un évangile rock qui, dans son appellation même,  est une aberration. La critique, au contraire, est saine parce qu’elle incite à la réflexion et au doute, qui resteront toujours de puissants remèdes contre le fanatisme.

Plus que croire, les fanatiques exigent que nous ne doutions pas, que nous prenions leurs opinions brutes et complètes. Le critique, lui, ne peut que douter, chaque disque lui ouvrant les portes d’une nouvelle vision de sa musique.
                                                                          
Quand le coffret mental train est sorti*, il n’a pas du s’en vendre beaucoup. Ceux qui achetaient encore des disques suivaient le plus souvent les conseils avisés des magazines, et des « discothèques rocks idéales » qui se multiplient sur les étals des libraires. Or, mott the hoople n’a jamais était la tasse de thé de la critique rock, qui fut juste forcée de reconnaitre son talent lorsque Bowie les aida à accoucher du superbe « all the young dude ».

Les plus aventureux y ajoutaient les plus rugueux « mott » , « the hoople », et le sulfureux live. La messe était ainsi dite, et on oubliait tous les passionnants tâtonnements qui précédèrent la sortie de ces albums. Car, avant que Bowie ne les convertisse à l’esthétique glam, Mott était un gang de sauvages maudits.

A ses débuts, le groupe trouve une rampe de lancement en Italie , où il déploie un rythm n blues d’une puissance à faire rougir les compagnons de Pete Townshend.  Une petite maison de disque s’intéresse rapidement au groupe, mais , si elle lui permet d’enregistrer ses premiers titres, elle ne parvient pas susciter l’intérêt des gros distributeurs que sont EMI et polydor.

Le groupe rentre donc à Londres , qu’il fait swinguer plusieurs années après le passage des who , stones et autres kinks.Là-bas , ceux qui se nommaient the shakedown sound sont renommés mott the hoople par leurs manager , et island record décide de sortir les albums de ce qui est alors un groupe prometteur.

Parait ensuite un disque qui est à mott the hoople ce que « john mayall and the bluesbreaker » fut pour Clapton , l’expression la plus pure de ce que les musiciens souhaitaient offrir. L’ouverture cueille le rock à froid, en faisant de « you really got me » un magma sonore, d’une puissance que même Van Halen ne parviendra à égaler quelques années plus tard.

Si il existe une version définitive du brulot des kinks , elle se trouve bien dans ce raffut instrumental , où les riffs fulgurants viennent gifler la concurrence proto hard rock. La plupart des critiques de l’époque prirent d’ailleurs ce disque pour une autre réponse aux riffs stridents des yardbirds , le condamnant ainsi à un succès éphémère.

D’autres, plus fins, lui reprochent cette hésitation entre mélodie Dylanesque et rugissement de rocker crasseux. Cette hésitation entre classe et spontanéité qui tiraillera le groupe tout au long de sa carrière , et qui s’exprime ici dans son plus simple appareil a même trouvé une étiquette pour la qualifier : garage rock.

Mais c’est vite oublier le travail du producteur Guy Stevens qui , tout juste sorti de la production du premier free, décide de mettre un peu d’ordre dans le grand foutoir produit par le groupe. Et, contrairement à Bowie, il ne fera rien d’autre, et se contentera de donner un feeling presque stonien à ces envolées juvéniles.

Comment résumer ce disque ? C’est les stones singeant les who , c’est Dylan déversant ses mélodies devant le clavier de Keith Emerson , c’est ce que le rock a de plus puissant tout en prenant le temps de soigner sa grâce pop.

« Wrath and roll » et « rock n roll queen » sont des riffs irrésistibles, dont le minimalisme est un véritable « fuck ! » envoyé aux enfants d’Hendrix, un rock carré et efficace que seul Keith Richard semblait encore capable de produire.

Juste avant , Ian Hunter s’était pris pour Dylan, annonçant les mélodies campagnardes de wildlife sur  « Laugh At Me » et « Backsliding Fearlessly » . Et puis le groupe a tout foutu en l’air , clôturant la mélodie grandiloquente de « laugh at me » dans un monumental chaos sonore, sans doute un des moments les plus rock capturé sur disque.

Ici , mott the hoople n’est pas seulement une formation tiraillée entre ses influences , c’est un réceptacle ardent, qui s’est imprégné de ce que le rock a produit de meilleur, et qui décide de le dégommer violement. Ian Hunter disait que Bowie voyait le groupe comme «  un gang de bikers maudit ». La malédiction réside surtout dans le fait que ce premier disque soit tombé dans l’oubli. 

*Coffret regroupant la période island de Mott , soit les quatre premiers disques, un live , et une compil de singles.          

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