Avant de passer au crossover (à partir de l'album "Join the army" ) puis au thrash métal (à partir de "How will I laugh tomorrow"...) avec le succès que l'on sait mais avec aussi quelques petits ratés discographiques, on oublie trop souvent que Suicidal tendencies a été l'un des précurseurs d'un certain type de hardcore ayant autant influencé le skate punk que la frange la plus extrême du punk US.
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mercredi 6 janvier 2021
SUICIDAL TENDENCIES : Suicidal tendencies (1983)
Avant de passer au crossover (à partir de l'album "Join the army" ) puis au thrash métal (à partir de "How will I laugh tomorrow"...) avec le succès que l'on sait mais avec aussi quelques petits ratés discographiques, on oublie trop souvent que Suicidal tendencies a été l'un des précurseurs d'un certain type de hardcore ayant autant influencé le skate punk que la frange la plus extrême du punk US.
lundi 12 octobre 2020
THE SAINTS : Eternally yours (1978)
Après un premier 45
tours autoproduit sorti dès 1976 les australiens de The Saints enregistrent un
premier album en 77, véritable brûlot punk déjà plus que convaincant, « (I m)
stranded »* (lequel sort d’ailleurs avant le « Never Mind the Bollocks » des Sex
Pistols). Ils sont vite repérés par ceux qui profitent de la vague punk pour
trouver de nouveaux bons groupes ; d’ailleurs à peine arrivé en Angleterre que
The Saints tournent déjà 1977 aux côtés de Sex pistols et Talking heads
notamment.
Le groupe,
formé dès 1974, vient du pub rock, et donc contrairement à beaucoup d’autres
combos de l’époque ses musiciens ne sont pas complètement des nouveaux venus et
ont donc un peu de bouteille.
« Eternally
yours », sorti en 1978, est donc le 2e album des Saints.
Disons-le
tout de suite le groupe se trouve un peu à la marge du punk de par ses
influences et son histoire, avec un peu la même méthode que Buzzcocks, quoi que
les deux groupes soient malgré tout différents, c’est à dire qu’ici la mélodie
n’est jamais sacrifiée au profit de l’énergie, les deux s’équilibrant
parfaitement, avec en plus un côté assez crade.
Cela débute
par « Know your product » et d’entrée ce qui marque l’auditeur c’est la voix
atypique de Chris Bailey, assez proche de celle d’Iggy Pop (mais généralement
l’influence des Stooges sur The Saints est évidente), grave, veloutée, chaude
et sur certains morceaux presque crooner, en tout cas assez singulière dans le
punk et très éloignée d’un Jello Biafra et d’un Johnny Rotten.
Ce premier
morceau est un boogie punk rock’n’roll avec des cuivres ; c’est vraiment assez
osé de placer ce titre qui s’éloigne ouvertement du punk en ouverture de
l’album.
« This
perfect day » est un peu similaire mais sans les cuivres et avec une guitare
complètement déstructurée.
Sur « Lost
and found » ça dépote, on revient à de l’excellent punk rock « classique »,
plus rapide, plus traditionnel, archétype des années 76/78 tout comme « Run
down » et son harmonica qui donne un côté blues crade.
« New
Centre of the Universe » et « ( I m ) misanterstood » sont deux autres très
bons morceaux de l’album où les Saints montre que le punk rock ils connaissent
sur le bout des ongles.
« Memories
are made of this », « A minor aversion » et « Untitled » sont des « ballades
rock » bien ficelées, emmenées par une voix assez magique qui vous embarque
parfois assez loin, émotionnellement parlant.
« Ostralia
» est dans un autre registre, avec un beau refrain qui claque comme un « hymne
», tout comme « International Robots » qui clôture l’album et sa mélodie assez
bizarre.
Mais le
petit bijou, la petite pépite du disque reste le sublime « Private affair » :
du punk enveloppé dans du velours.
« Eternally
yours » se distingue par son alternance de titres punk rock parfois mâtinés de
garage/blues/boogie (un côté rock garage boogie blues somme toute logique,
comme pour tout australien qui se respecte) et de ballades rock mais au final
c’est tout simplement davantage un grand album de rock, bien au-delà du punk
rock dont The Saints s’éloigne en incorporant d’autres styles musicaux (garage,
R’n’B, blues rock...) et d’autres instruments (harmonica, cuivres,
piano/claviers) et de fait, comme d’autres groupes issus du punk, The Saints,
dès 1978 élargit sa palette musicale sans être trop commercial, c’est à souligner
et un gardant toujours un côté sale même dans ses titres les plus « pop ».
Bien sûr
cette évolution ne sera pas du goût de tout le monde et certains fans de « (Im)
stranded » seront déçus.
Et puis
comme les Ramones les Saints sont des punks aux cheveux longs, avec un look
plus à la Rory Gallagher qu’à la Johnny Rotten !!
« Eternally
yours » est un album sans prétention mais remarquablement construit, vif, brut,
nerveux, représentatif de l’époque et des plus efficaces tout simplement.
Du punk
rock bien ficelé et surtout la découverte d’une voix trop méconnue mais
franchement bluffante.
Et cet
album, comme le précédent, fait partie d’un héritage qu’on a parfois tendance à
oublier et à trop résumer aux mêmes groupes (Sex Pistols, Clash, Ramones,
Buzzcocks…).
Car on
tient ici assurément l’un des 10 meilleurs groupes de la période 76/79.
Pour
résumer les meilleurs titres selon moi : « Private affair », « Lost and found
», « New center of the univers » et à un degré moindre « Know your product », «
(I m ) misanterstood » et « Untitled »
*Album que Benjamin a
fort bien chroniqué ici même
lundi 31 août 2020
LUNACHICKS : Jerk of all trades (1995)
Formé à la fin des années 80 par cinq new-yorkaises le groupe a sorti pas mal d'enregistrements (EP, LP, live) mais deux sortent du lot « Jerk of all trades » et « Pretty ugly » l'album qui suivra.
16 titres, 16 réussites, rien à jeter, tous les titres sont bons ; on pourrait en faire 16 « tubes » punk rock !
Sorti sur le label Go Kart ce disque est l'un des dix meilleurs albums punk rock (au sens large) de tous les temps !
C'est tonique, rafraîchissant, neuf, au delà du punk rock.
Lunachicks nous surprend, nous étonne, c'est souvent imprévisible.
Pour résumer : énergie + mélodies/refrains au top + gros son + originalité + trouvailles dans les compositions travaillées (musique et surtout la voix) et qui marquent les esprits.
Lunachicks assimile , absorbe aisément ses influences rock, punk, métal et garage pour prendre le meilleur à chaque fois et pour sortir quelque chose d'assez unique, quelque chose qui se démarque de ce qui avait déjà été fait dans le genre, sans oublier l'humour, le look, les paroles décalées, l'attitude, les pochettes, leur amusement à s'enlaidir (y compris sur scène), le côté loufoque et « provoc » second degré du meilleur goût que j'adore.
Je soupçonne la chanteuse Theo Kogan d'avoir un peu écouté (voir beaucoup écouté) Nina Hagen, source d'inspiration évidente avec la volonté de trouver de nouvelles tonalités et intonations vocales, de nouvelles subtilités dans la façon de chanter et d'une part ça fonctionne et d'autre part cette influence est loin de me déplaire.
En tout cas Théo est sans doute la meilleure chanteuse punk depuis Nina.
Si la musique tient (bien) la route et assure sans problème le côté vocal / harmonies / est vraiment le plus du groupe.
Au niveau musical la marque de fabrique du groupe sont les nombreux changements de rythme, qui donnent de la vigueur aux chansons et qui font qu'aucune n'est monotone, des breaks au moment où on ne les attend pas, toujours dans la surprise d'où l'originalité (par exemple de la guitare « flamenco » sur « Drop Dead » ou du cor de chasse sur « Jerk of all trades » !!!).
On trouve trois morceaux hyper rapides du vrai punk qui arrachent « Drop dead », « Buttplug » et « Jerk of all trades » (ah ce titre ! Implacable, imparable, une grosse claque !).
Le reste des titres est à géométrie variable c'est à dire alternance de tempos quasiment à chaque titres par exemple « Spoilt », « Bitterness Barbie », « Insomnia », « Dogyard »...
Tous les titres sont bons donc mais mes morceaux préférés sont « Drop dead », « Fingerful », « Dogyard », « Insomnia », « Jerk of all trades » , « Brickface + stocco » mais le must du must reste l'enchaînement du génial et hallucinant « Bitterness Barbie » avec « Deal with it » (vocalises sublimes, effets de voix de haute tenue).
Plus original que L7, Babes in Toyland ou Hole davantage marqués grunge, plus déjanté aussi mais surtout plus créatif dans la démarche et dans ce que le groupe arrive à produire.
Une réussite incontestable, un groupe trop méconnu et qui mériterait d'être redécouvert y compris dans les milieux du punk et du rock alternatif (mais l'album est sorti sur un « petit » label c’est vrai et c’est l’éternel problème de nombreux groupes punk talentueux mais qui ont, volontairement ou non, fui les majors et sont victimes d’une distribution souvent limitée - et encore Go Kart n'est pas le plus petit d'entre eux).
Et n'hésitez pas à jeter une oreille sur « Pretty Ugly » l'autre super album des Lunachicks.
Un coup de maître et un de mes coups de cœur…mais peut-être que sur ce coup là vous ne me suivrez pas !
mercredi 29 avril 2020
BAD BRAINS : Bad Brains
Formé en 1977 le quatuor a galéré un moment jusqu'à ce « Bad brains » véritable premier album sorti en 1982 (même si certaines démos, les fameuses « Black dots », datent de 1978), l'album qui a fait découvrir le groupe, celui qui contient ses classiques.
Le groupe a également eu un petit coup de pouce de Martin Scorcese en 1985 en participant à la bande son du film After hours avec « Pay to cum » leur titre phare, une tuerie (vous savez la scène qui se déroule qui un club un peu glauque avec un groupe de « malades » sur scène et bien ce groupe c'est Bad Brains).
Comme je le disais précédemment les classiques sont présents : du punk hardcore dévastateurs, des morceaux courts, sans fioritures : « Sailin on », « Attitude », « Banned in DC » (dans lequel le groupe raconte ses déboires pour jouer à Washington), « Fearless Vampire Killers », « I », « Rock brigade » et Pay to cum ; sur « Pay to cum » et « Banned in DC » les deux brûlots, les Bad brains font carrément parler la foudre avec une guitare qui crache du feu.
Et comme à chaque album Bad Brains délivre quelques reggae de bon niveau / « Jah calling » Leaving babylone » « I luv I Jah » qui font figure d'interlude entre deux déflagrations.
Parfois le punk se fait un peu plus mélodique et cela donne « Big take over ».
On reste globalement proche Dead Kennedys, MDC ou Minor threat, du punk/hardcore sans concession qui annonce les vagues déferlantes venues de Boston et de New York ; Bad Brains est un vrai pionner, un des fers de lance du punk / HC americain (auquel on peut rajouter Black Flag) mais pas toujours reconnu à sa juste valeur car les 4 rastas font sans contestation possible partie des trois ou quatre groupes qui ont inventé le genre...tout en étant souvent oubliés !
Je ne suis pas loin de penser que si le groupe était blanc son influence majeure dans le mouvement punk serait encore davantage reconnue (mais ça on le saura jamais).
Quant aux textes ils naviguent entre prises de position politique, sociale avec une partie centrée sur la religion rastafari mais pour être complet il faut aussi préciser que le groupe a été accusé d'homophobie.
Et puis n'oublions pas « Pay to cum » l'un des 5 meilleurs morceaux punk hardcore de tous les temps.
Toutefois Bad Brains, quoi qu'il arrive, restera un groupe unique dans l'histoire du punk rock.
dimanche 1 mars 2020
The saints : I'm Stranded

dimanche 23 février 2020
METAL URBAIN : Les hommes morts sont dangereux *
Dès le départ il créé son propre style, différent du punk anglais, avec une esthétique clairement influencée par Warhol (et le pop art), le Velvet Underground, Bowie, sans négliger les Stooges dont il reprend « No Fun ». Mais surtout avec sa boîte à rythme, ses "machines" et ses "bidouillages" vaguement électro, Métal Urbain est un vrai pionnier, le créateur d'un nouveau genre dont il vient de donner naissance sans le savoir : l'électro punk (nommé ainsi bien plus tard) ; Métal Urbain se place d'emblée à l'avant garde et influencera de nombreux groupes des années 80 et 90, les Bérurier Noir en tête, presque un précurseur du post punk mais ils ont peut-être eu le tort d'être trop tôt en avance sur son époque car la reconnaissance ne viendra que beaucoup plus tard. Trop tard même.
La première chose qui frappe est que la boîte à rythme est remarquablement utilisée, donnant aux morceaux une créativité nouvelle et jusque là quasi inédite : mélange de punk et d'électro (attention ce sont bien les guitares qui sont en avant les "machines" et "programmations" n'étant là pour que "colorer" les compos). Et en fait en écoutant attentivement c'est plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord notamment au niveau des arrangements.
« Les hommes morts sont dangereux» sorti en 1981 alors que le groupe était déjà dissous est en fait une compilation de divers enregistrements de 1976 à 1980 (45 tours, Peel sessions...) ; de même que l'excellente compilation « l'Age d'or » reprend l'album « Les hommes morts sont dangereux » bonifié d'inédits, de reprises et de live.
En fait les albums/compils « l'age d'or », « crève salope » ou « les hommes dangereux » regroupent plus ou moins les mêmes titres.
Comme de nombreux groupes punk les textes sont provocants, subversifs mais intelligents et plutôt originaux, associés à une certaine sophistication, à un esthétisme assez avant-gardiste.
Ajouté à cela un sens inné de la compositions, une utilisation des machines qui apporte indéniablement un plus, des morceaux entraînants et des refrains au petit oignon (« Atlantis ») et vous avez du punk remarquablement novateur pour l'époque.
D'ailleurs de nombreux groupes ou artistes ont reconnu l'influence de Metal Urbain : Bérurier Noir, Jello Biafra (Dead Kennedys, Lard), Steve Albini (Big Black, Shellac).
« Ghetto » : on a l'impression d'écouter le premier album des Ludwig von 88 dix ans avant sa sortie.
« Hystérie connective » : ma préférée, avec des textes complètement délirants ET surréalistes.
Beaucoup d'excellentes compositions : « Panik » (le titre qui les a fait connaître) , « Paris maquis », « 50/50 », « Anarchie au palace » (qui dénonce dès la fin des 70s la récupération du punk par les snobinards branchés, Régine en tête), « Crève salope » et ses paroles sulfureuses qui s'en prend au chroniqueur rock Philippe Manoeuvre ... des classiques du groupe et plus généralement du punk français.
A noter également le très bon « Numéro zéro » et « E 202 » qui se moque des écologistes de manière assez marrante et provocatrice.
Sur « Lady coca cola » on a une autre facette de Métal Urbain : de la cold wave electro avant gardiste différent des autres titres où l'esthétisme pop art est présent et où les bidouillages synthétiques sont délibérement mis en avant, donnant une sensation de froideur majestueuse.
Citons enfin « Clé de contact », morceau là aussi différent au niveau du rythme, plus rapide tout en restant très rock.
Le groupe a connu un certain succès à l'étranger notamment aux USA mais il a été descendu en France par la presse rock de l'époque (Best et Rock and folk) d'où une rancune tenace vis à vis de ces magazines et notamment vis à vis de Manoeuvre et Eudeline (pourtant un ancien punk celui là !!).
Metal Urbain se reformera en 2006 pour un nouvel album (produit par Jello Biafra himself) correct sans être extraordinaire « J'irais chier dans ton vomi »), Eric Débris qui officiait au synthé/programmation ayant remplacé avec moins de talent Clode Panik le premier chanteur.
Mais que ce soit avec cet album ou avec l'Age d'or ou Crève salope on réécoutera avec plaisir l'un des groupes les plus marquants et innovants de l'histoire du rock français. Et si Métal Urbain demeure moins connu que les Bérurier Noir il reste le groupe français le plus important, le plus influent et le plus créatif de l'histoire du punk de notre Héxagone
Car si la France n'est pas un pays de culture rock on a quand même eu quelques sacrés bons groupes, il suffit juste de chercher un peu pour les trouver...
* Sorti en 1981 mais composé de titres enregistrés entre 1976 et 1980 et essentiellement de 1977/1978 (singles, Peel Sessions..)
jeudi 21 novembre 2019
The ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 2



