Otis Redding 1966 (album 2016) : Live at the "Whisky a go go"
BOXE ! BOXE !
Otis Redding n’a pas attendu le festival de Monterey (67) en Californie qui consacrera tant de vedettes pâlichonnes - au sens propre - de l’époque pour lustrer ses gammes, peaufiner ses si bémols, faire briller l’âme de sa soul et entrainer les danseurs sur un Rythm’n blues vraiment communicatif. Qui peut se frotter à la puissance et à la joie d’Otis mi sixties ? Personne, si ce n’est le grand James Brown himself. Heureusement et même s’ils sont frères de couleur, frères musicaux, ils ne boxent pas tout à fait dans la même catégorie JB tirant véritablement plus sur le Funk – *Hey Fonk you man !* – et la danse. Toutefois ils sont vraiment proches et Otis montre en reprenant avec fougue, comme tous ses titres me direz-vous, "Papa’s got a brand new bag" de James qu’il est capable de changer de catégorie n’importe quand. Il peut tout aussi bien faire chialer un morceau comme "Pain in my heart" et tant d’autres qu’il peut enflammer un tube Rock’n Roll "I can’t get know" lui insufflant un groove que keith Richards ne lui soupçonnait pas !
Quelle fierté pour ces deux artistes, si jeunes, dans un pays si dur pour ses afro-américains de percer, de sortir du lot ainsi, écrasant lourdement toute concurrence puisque chacun dans son style ne rencontre pas d’égal. Seule Janis Joplin qui voue une passion pour Otis peut se targuer d’approcher la chaleur et la puissance de son mentor masculin.
**Say it loud i’m black i’m proud !**
https://www.youtube.com/watch?v=j0A_N-wmiMo
Le « Whisky a go go » à Los Angeles / Californie, tout un programme pour poivrots ou fêtards en tout genres, vient d’ouvrir depuis peu (1964). Il fallait se douter qu’avec un nom pareil ce club serait la cible des puritains en tout genres qui réclamèrent un changement de nom arguant - avec raison Nan ? – une mauvaise influence sur la jeunesse et que « l’alcool non mais l’eau ferru… l’eau ferrugineuse, oui ! »
https://www.youtube.com/watch?v=YcuE54E9coI
L’année d’après le grand Malcom X égérie du mouvement de révolte against racism Black Panthers sera assassiné et parallèlement le boxeur poids lourd Cassius Clay qui reniera son nom d’esclave pour Cassius X est en pleine ascension.
Otis donc prend résidence au Whisky a go go en 1966 tout en sachant que c’est un artiste exempt de problèmes d’alcool et de drogue.
*- Non mais qu’est-ce que tu racontes ? Nous sommes en pleine période psychédélique où tout le monde se saoule, se drogue et baise, enfin quand y sont pas trop bourrés non plus, à n’en plus pouvoir et tu nous parles d’un gus ultra puissant, d’un musicien qui n’est pas High, un musicien clean ?
- Ecoute il est certainement High d’une autre façon, surement grâce à la musique…j’sais pas ! Et puis on n’est pas venu au Monde pour être High en permanence. Tu vois on peut faire la fête, se bourrer la gueule de temps à autre...se défoncer ?…Why ? Tu vas où ? Prends Coltrane tiens ! Il a été au sommet de son art quand il arrêté ses conneries avec la dope et l’alcool. Prends Charlie Parker il en est mort et le toubib qui l’a examiné « In articulo mortis » pensait qu’il avait affaire à un type de 55 balais alors que Charlie en avait 35…et Janis…et Jimi qui devenait à moitié fou à cause du LSD. Ils étaient si beaux, si savants, ils avaient tant à faire…J’sais pas quoi te dire… Enfin si Otis avait décidé de devenir chanteur après avoir vu le succès de Little Richard, également de Macon et il détrôna le King Elvis comme meilleur chanteur de le Monde et tout ça sans substances, il était clean et pis c tout !*
Les enregistrements du Whisky à Go Go sont vraiment de grands moments musicaux (6 albums pour les puristes !) et le "live" est vraiment un plus pour écouter Redding. On y entend toute la ferveur d’un Soul singer habité. Comme un boxeur, un Joe Frazier il avance sans cesse, il pousse, prend des coups, encaisse mais toujours il avance…en avant, en avant…Again and again…sur des titres qu’il peut allonger pendant 10 minutes poussant et poussant encore…bien planté sur ses deux pieds…comme Frazier il revient toujours usant psychologiquement son adversaire…les coups pleuvent mais…en avant…en avant…Et puis, aussi comme Muhammad Ali (Ali et Otis ont un an d’écart) danse sur le ring il fait danser la musique transmettant un groove solaire…rebondissant sur ses appuis, esquivant avec une grâce féline, virevoltant, remuant…les inflexions de sa voix il transmet une chaleur qui nous fait oublier, pénétrer dans un Monde qu’on entrevoit de loin alors qu’Otis y réside.
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