On ne le dira jamais assez, Lemmy Kilmister était déjà un grand
bassiste avant de former Motörhead. Après avoir été Roadies pour Hendrix, il
commence à se faire connaitre au sein d’Hawkwind. Poussant le psychédélisme au
sommet de sa violence, le groupe joue dans des salles fermées à clef après l’arrivée
du public. Cette précaution permet aux observateurs les moins téméraires de
suivre leur mauvais trip musical jusqu’au bout.
Pour en arriver à ce brouhaha terrifiant, la basse de
Lemmy est aussi importante que les discours apocalyptiques écrits par Michael Moorcock.
Jouant de son instrument avec la férocité d’un guitariste, Kilmister livre un magma
sonore inédit. Avec lui, la basse n’était plus seulement un soutient rythmique,
et rivalisait d’agressivité avec la guitare.
Et puis le colosse est sorti de son rôle de discret
bassiste, en écrivant "Silver Machine", le seul tube d’Hawkwind. A
partir de là, des tensions commencent à apparaitre, et les autres musiciens finissent
par le virer sous prétexte qu’il consomme trop d’amphétamine. Dans un groupe ou
tous les autres membres sont friands de LSD, Lemmy estimera que son éviction était
liée au fait « qu’il ne consommait pas la bonne drogue ». Cette fin brutale
l’incite à abandonner la basse, qu’il ne touchera pas pendant plusieurs jours.
Mais son ambition n’avait pas disparue avec Hawkwind, et
il engage vite Larry Wallis, avec qui il réunit la première version de Motörhead. Issu des Pink Fairies, autre ténor d’un psychédélisme lourd et
violent, Wallis semble parfait pour créer le rock sous amphétamines que veut
produire son leader.
Cette formation ne durera pas
longtemps et, alors que le groupe s’apprête à enregistrer son premier album, le
batteur jette l’éponge. C’est à ce moment que Phil Taylor, que Lemmy connait
depuis longtemps, lui révèle qu’il est aussi batteur. Le trio enregistre donc On Parole, mais les critiques ainsi que les concerts qui suivent la sortie de l’album
son calamiteux. Suite à un de ces concerts ratés, le groupe récolte en 1976 le titre de « pire
groupe de l’année » de la part de la presse spécialisée.
Après cette triste aventure, c’est au tour de Larry Wallis
de jeter l’éponge, et c’est encore Phil Taylor qui va sauver le groupe. Celui-ci
propose d’engager Eddie Clarke, également guitariste émérite, avec qui il a travaillé sur différents
chantiers.
La formation la plus populaire de Motörhead est en place
et , si les ventes ne sont pas encore impressionnantes, le trio d’album Overkill, Bomber et Ace Of Spades, leur permet d’être enfin pris au sérieux.
Sortis en 1979 et 1980, les trois albums montraient un
groupe soudé comme une phalange grecque, transperçant le mur du son à grands coup de riffs Rock
paranoïaques. Car oui, Motörhead était avant tout un groupe de Rock, reprenant
les formules carrées de Little Richard et Chuck Berry à un rythme effréné.
C’est en live que ces bombardements sonores, assommant
une nué de Hard Rocker reconnaissants, prennent toute leur ampleur.
Enregistré à l’Hammersmith Odeon, No Sleep n’till Hammersmith
est un véritable Best Of sous amphétamine. Il permet également de voir que ce groupe de colosses barbus
ne se résumait pas à une bande de bourrins hyperactif, tapant sans cesse sur le
même clou de façon obsessionnelle. S'il reste les meilleurs lorsqu’il s’agit de
déverser du Rocks 'speedé', comme le tonitruant "Ace Of Spades", le pattern
de batterie de "Overkill" débouchant sur une explosion orgiaque, ou encore l’hymne
vindicatif "Bomber", on aurait tord de résumer ce live à ces quelques assauts
assourdissants.
Sans doute encore influencé par son passé psychédélique,
Lemmy est aussi capable de changer son énergie agressive en une lourdeur
planante. Avec sa rythmique hypnotique, "Metropolis" semble
annoncer le Stoner Rock , alors que "Iron Horse" est doté d’un riff
plombé, qui semble rivaliser avec la guitare pachydermique de Tony Iommy.
Ce qui lie le tout, c’est bien sûr la force d’un groupe
soudé pour célébrer la percée de son
Rock lourd. La force de Motörhead, comme celle des Stooges, n’était pas liée à la virtuosité de leurs membres, mais à la cohérence de leur union. Tous les titres durent moins de cinq minutes, le groupe ne se perd pas dans des solos et autres improvisations superficielles, et se contente de marteler son Hard Rock avec une cohésion sans faille.
Rock lourd. La force de Motörhead, comme celle des Stooges, n’était pas liée à la virtuosité de leurs membres, mais à la cohérence de leur union. Tous les titres durent moins de cinq minutes, le groupe ne se perd pas dans des solos et autres improvisations superficielles, et se contente de marteler son Hard Rock avec une cohésion sans faille.
Sorti en 1981, No Sleep n’till Hammersmith
reste aujourd’hui le disque le plus vendu de Motörhead. C’est aussi un Live
incontournable.
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