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mercredi 19 décembre 2018

[CHRONIQUE] Transatlantic - SMPT:e (2000)


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1992, un CD mystérieux débarque dans les bacs des derniers disquaires en activité. Sur la pochette, une statue de soleil sur un fond sombre, comme une porte donnant sur un univers familier. L’image fait penser à Larks' Tongues in Aspic, ce chapitre merveilleux du règne de King Crimson. Cette époque est déjà lointaine, pourtant les amateurs de finesses progressives n’ont rien oublié.

Les voila donc revenus au foyer, insérant le disque mystérieux dans le lecteur avec le pressentiment de vivre un moment à part. Les amplis commencent à diffuser des mélodies boisées. L’instrumentation est rustique mais pas vieillotte et un paysage familier apparait derrières ces nouvelles mélopées. Les norvégien d’Änglagård ont redonné ses couleurs au Rock Progressif, comme si celui-ci avait juste marqué une pose de quelques semaines.  

Dans le même temps, un autre disque essentiel pointe le bout de son nez. Issue de la scène Metal , les américain de Dream Theater sont autant inspirés par la violence théâtrale de Led Zeppelin, Rush ou Iron Maiden, que par la finesse atmosphérique de Pink Floyd.

La même année que le premier Änglagård, le 'théâtre onirique' sort Images and words, qui obtient un succès digne des derniers Metallica. Certains puristes pourraient être tentés de rire de ce disque, multipliant les démonstrations techniques et les envolées métalliques, le tout porté par la voix très démonstrative d’un James Labrie, qui ferait passer Dio pour un exemple de sobriété.

Images and words est pourtant loin d’être une énième tentative superficielle de produire un metal « adulte », et Dream Theater est plus proche de la tradition progressive que des bavardages métalliques. Le groupe prouvera cette affirmation avec Scene From a Memory, œuvre double et conceptuelle, plus centrée sur la cohérence thématique de l'opus et sur l’originalité de ses mélodies que sur le talent musical indéniable des musiciens. C’est surtout Mike Portnoy, le pilier rythmique de Dream Theater, qui va montrer son attachement aux compositions rêveuses de Yes, Pink Floyd et autres virtuoses Rock.
Alors que Dream Theater est promus par MTV à l'état d'Icônes, Änglagård et ses divers rejetons ont dû se contenter d’un succès beaucoup plus modeste, ne devant leur survie qu’à quelques labels et festivals spécialisés, leurs attirant les faveurs d’un public de connaisseurs.
Pour aider au développement de cette scène, Portnoy réfléchi à la naissance d’un groupe réunissant la crème des musiciens Progressif en activité. A l’époque, Änglagårdn’est plus, tandis que Spock’s Beard et Flower Kings ce sont épanouis artistiquement en suivant son exemple.

Le premier, mené par Neil Morse, est le discret descendant du Floyd, Beware of Darkness brillant d’ailleurs grâce à la finesse d’arrangements qui n’ont rien à envier à Dark Side of the Moon. Le second fait plutôt dans l’éclectisme, puisant autant dans le JazzRock Canterburien, que dans les rêveries Yessiennes ou Floydiennes. Flower Kings est surtout l’outil merveilleux de Roine Stolt, vétéran discret du Rock Progressif, qui a toujours forgé ses compositions classieuses dans un relatif anonymat.

Transatlantic s’articule donc autour du trio Portnoy, Stolt, Morse, rapidement rejoint par l’ex Marillion, Pete Trewavas, venu adouber cette équipe de jeunes architectes de la Pop Progressive. Fièrement mise en avant sur ce premier album, la formation brille autant par l’histoire de ses membres, que par l’inventivité des compositions qu’ils produisent.

Les quatre longues pièces méditatives, "All of the Above", "My New Word" et "In Held (Twas) in I", représentent le Prog dans toute sa démesure. Les paysages sonores s’enchainent, rehaussés par la frappe lourde et carrée de Portnoy, alors que le clavier dessine des paysages luxuriants. Puis la guitare s’élève, somptueuse comme un rayon de soleil au milieu d’épais nuages blancs, ponctuant les passages les plus méditatifs d’envolés glorieuses.
Ces trois pièces auraient pu suffire pour laisser l’auditeur assommé, admiratif, retrouvant ces beautés comme autant de vieux coups de cœurs. Mais les musiciens sont aussi de grands amateurs de cette Pop Anglaise riche et irrésistible, si bien représentée par Procol Harum et les Beatles dans les années 60. 
Résultat, "Mystery Train" creuse le sillon d’une musique plus légère , avant que "We All Need Some Light" nous gratifie d’un refrain innocent, aussi inoubliable que "Revolution", "With a Little Help From My Friend" et autres perles Beattlesienne.  

Si Stolt et Morse sont aujourd’hui des figures saluées par la presse spécialisée, si un publiqc plus larges commence à attendre leurs prochaines inventions avec une certaines curiosité, c’est, en partie, grâce à ce disque remarquable.       


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