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jeudi 23 mai 2019

Blues Pills : Lady In Gold


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Le rock se rit des chroniqueurs qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. Des années qu’on nous rabache que les groupes ne sont pas assez inventifs , que leur musique est un ronronnement monotone et nostalgique , et pourtant on continue à tout faire pour que les choses restent ainsi.

Le cas blues pills illustre parfaitement la nostalgie larmoyante dans laquelle se complait une part du public rock. Le premier disque du groupe sort en 2014 , et entre tranquillement dans la lignée des totems gentiment traditionalistes. Loin de moi l’idée de cracher sur un disque d’une telle puissance, mais , là ou tous se sont empressés de saluer les solos acérés de Dorian Soriaux , ce sont les danses vodoo et autres balades plus posées qui m’attirèrent .

Le temps passant , le venin avait fait son effet , et voila un  groupe dépouillé de sa spécificité , pour rentrer dans le rang des bourrins chevelus de l’époque. Blues Pills a lui-même sans doute joué ce jeu , conscient qu’il y avait une place à prendre entre les hard rockers en pleine ascension qu’étaient graveyard , kadavar , ou rivals sons.

Sauf que voilà, le public n’est visiblement pas aussi ouvert qu’en 1969 , et « lady in gold » dut subir les quolibets des mêmes personnes crachant sur toutes nouveautés au nom d’un pseudo progressisme. Pour , eux , blues pills était juste un autre groupe à guitare .Ils n’avaient pas compris que c’était la voix qui faisait sa grandeur , et non les bavardages d’une six cordes brillante mais classique.

Blues Pills n’était pas le descendant de led zeppelin , mais s’inscrit plutôt dans la liste des groupes n’existant que pour transcender le charisme d’une chanteuse impressionnante. Bref , ils pensaient à led zeppelin , et voila que le groupe se montre comme Janis Joplin , le Jefferson airplane de Grace Slick , ou la trop peu connue Ruth Coppeland.

Conscient de ses atouts, le groupe s’est assagi, laissant sa chanteuse s’épanouir en déclamant des prédications de vieux bluesman :

« Lady dressed in gold
She is young, she is old
She's the keeper of the soul
She's called death … »

Je ne vais pas citer toutes les paroles de lady in gold mais elles le mériteraient , tant ces refrains entrent dans la tête pour ne plus en sortir. Et puis derrière, le piano tricote un boogie endiablé , se contentant de souligner un rythme déjà imposé par le phrasé impeccable d’Elin Larson.

Cet album est son woodstook, et sa voix est une ode au rythm n blues. Bad Talker n’aurait pas fait tache sur « cheap trills », ou comme une version plus rustique de Sly and the family stones. Et puis , certes la guitare s’égare moins dans des solos Pagiens , mais n’allez pas me dire que cette collection de riffs ne vous arrache pas un hochement de plaisir. D’ailleurs, pour les fanatiques obtus , ils reste quelques os savoureux à ronger , comme le solo slashien de « you gotta cry ».

Ok , avant la guitare s’est amusé à tricoter un riff ne laissant que peu de place aux épanchements solistes . C’est que blues pills a dépoussiéré une formule frustre qui eut ses lettres de noblesse dans le hard blues de Free , où avec les riffs défoncés des pink fairies.

Une époque où les guitaristes ne se regardaient pas encore le nombril pendant des solos interminables, en espérant que la grâce Hendrixienne se poserait sur leurs doigts déchainés. Mais , le métal a beau être passé par là , un groupe peut encore atteindre le nirvana en proposant autre chose.  

Même le clavier se fait moins agressif , préférant dresser un décor planant plutôt que d’entrer dans des sifflements Purplelien. La démarche fait un peu penser à Uriah Heep , même si on reste bien loin des teintes progressives conspuées par une bonne partie des amateurs de hard rock.

Bref , on était plus dans une tradition bien définie , mais face au résultat d’un mélange des genres vivifiant. On peut y voir le mariage entre un heavy/psyché et une voix plaintive ramenant le tout sur les douces terres du blues.  

Au final ce qu’on retient le plus , c’est le refrain inoubliable du morceau titre , et la ballade plaintive « I Felt a change » , ou le blues enivrant « gone so long ».  Et c’est sans doute ça que certains observateurs ne purent pardonner. Mais , dans ce cas , ces intermèdes sont juste les témoins d’une certaine classe.                                                     

Dans tous les cas , nous sommes loin d’être face à un disque faible , la production elle-même donnant plus de pêche à un rock discipliné sans perdre sa puissance de feu. J’en viens d’ailleurs à espérer que le groupe poursuive dans cette voie, clouant le bec de la concurrence avec une autre bombe acid blues.

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