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lundi 13 mai 2019

RAMONES : IT'S ALIVE (enregistré en 1977, sorti en 1979)


FORMATION
Joey (chant)
Dee Dee  (basse)
Johnny  (guitare)
Tommy  (batterie)





New York 1976, quatre types débarquent, sortis de nulle part, ou alors tout droit d'une BD, avec leur look de rockeurs des 60's, et ce chanteur dégingandé avec ses lunettes d'intello et ces cheveux longs (Joey a longtemps été proche du mouvement hippie) : ces quatre types vont bientôt enregistrer leur premier album ; leur nom ? les Ramones.
Et pourtant en l'espace de quelques années et de quelques albums ils vont tout simplement devenir culte.
En effet en 1976 sort le premier album du groupe considéré à juste titre comme le premier album punk rock de l'histoire.
Tout comme à Londres à la même période, à New York, tout s'accélère très vite y compris sur un plan musical.

Le punk a t-il été «inventé» à Londres ou à New York ? En fait peu importe, chacun a ses arguments, je me garderai bien de trancher. Il y a débat  car en fait les deux mouvements punk ont leurs points communs mais aussi leurs différences (ensuite il y a une autre thèse possible - et je l'avoue elle se défend - selon laquelle le punk serait apparu à New York et le mouvement punk à Londres).
A New York comme à Londres à la même époque 1974/75 la musique s'accélère, le look évolue, le mouvement hippie s'essouffle. Le glam rock est à la mode.

A New York l'influence d'Andy Warhol est prépondérante et le punk américain naît de fait d'un certain esthétisme (mais aussi d'une certaine révolte cela va de soit).
Les New York Dolls ont jeté l'éponge : les Heartbreakers n'ont encore rien enregistré et Blondie, Television, Patti Smith, Voivods ou Talking Heads ne peuvent pas encore être qualifiés de punk. Mais tous ces groupes commencent à faire parler d'eux ; toutefois c'est Ramones qui fera preuve de plus de réactivité.
Comme déjà dit le punk rock de NY a bien sur des points communs avec celui de Londres, mais ils ont aussi de nombreuses différences musicales et surtout sociales.
Le punk new yorkais s'inscrit dans une certaine continuité, le punk anglais s'inscrit lui dans la fracture qui secoue la perfide Albion.

A Londres le climat social est différent, quasi explosif, le mouvement est plus prolétaire, il porte en lui la rébellion, la haine du système, avec la provocation qui va avec. Le look aussi est différent, souvent plus « destroy ». La provocation pure et dure est également plus visible à Londres où les outrances et outrages sont monnaie courante.
Les Ramones sont moins provocateurs et nihilistes que les Sex Pistols , ils sont moins militants et politisés que Clash
A la différence des Clash les Ramones ne veulent pas changer la société et appeler à l'émeute
A la différence des Sex Pistols les Ramones ne veulent pas faire table rase du passé et cracher sur les vieux groupes

D'ailleurs les membres des Ramones revendiquent leur admiration pour les Beatles et les Beach Boys autant que pour les Stooges ou MC5.
Ce n'est pas leur truc (d'ailleurs Johnny est ouvertement républicain/conservateur), ils ne veulent rien changer du tout .
Les Ramones n'en veulent ni à la reine ni à l'Etat ni à la société, ils se contentent de décrire leur vie et leur état d'esprit.

Il n'y a pas la rébellion, la haine qu'on trouve chez de nombreux groupes punks anglais (sauf rares exceptions comme Buzzcocks)
Mais attention les Ramones ne dédaignent pas – punk oblige – une certaine provocation quand ils chantent « All the kids want sniff some glue ».
Et puis il y a leur dégaine : leur dégaine et leur look sont différents, ils cultivent une certaine « cool attitude », leurs paroles ne sont pas engagées (mais attention sans être extraordinaires elles sont moins « bêtes » et qu'elles n'y paraissent de prime abord ; mais le groupe à travers ses textes et son look perpétuent et cultivent cet aspect j'm'en foutiste un peu niais, l'air d'être indifférent à tout, un nihilisme un peu provocateur certes mais pas autodestructeur.

Et ce look différent des autres punk, cette dégaine, feront bientôt partis de la légende du groupe
Alors disons que les deux mouvements avaient chacun leur légitimité et leurs arguments (avec un état d'esprit un peu différents et peu importe qui étaient là le premier car les Ramones sont différents des Clash ou des Sex Pistols) ; et rappelons qu'avant eux existaient déjà des groupes « pub rock » ou « proto-punk » qui ont grandement influencé les premiers combos punk , qui ne sont pas sortis de nulle part.

Avec ce premier LP les Ramones posent les bases d'un certain punk rock. Objectivement il restera comme le premier album punk de l'histoire même si certains pensent comme je l'ai déjà dit plus haut, que le « vrai » punk vient de Londres mais au final peu importe.
Pour ma part je préfère cependant leur second disque « Leave home » sorti en 1977, mieux produit, mieux composé et qui est pour moi plus représentatif du « son Ramones » en studio
Toujours en 1977 sortira leur 3e LP « Rocket to Russia » très bon également (chaque album a ses fans)

Mais leur disque culte, celui qui met tout le monde d'accord, leur apogée, reste ce double album vinyl de 28 titres et environ 54 minutes enregistré en concert le 31 décembre 1977 à Londres et sorti en 1979.
Ce live, un des meilleurs jamais enregistré, contient les meilleurs titres des trois premiers albums, que du lourd, aucun temps mort, aucun temps faible et surtout les morceaux ont une rapidité d'exécution sans égale à l'époque
Il contient tous les classiques du groupes : : « Pinhead » « Now I wanna sniff some glue » « Blietzkrieg hop » « I wanna be a good boy » « Suzy is a headbanger » « Gimme gimme shock treatment » « Teenage lobotomy »...pour n'en citer que quelques uns parmi d'autres. Sans oublier le fameux « Hey oh let's go » et les « One two three four » qui débutent quasiment chaque titre.
En moins d'une heure les Ramones passent leur « tubes » à la moulinette avec ce fameux « son Ramones », les fameux riffs de trois accords de Johnny, basiques mais qui ont forgé la légende du groupe, la voix de Joey, chaude et plus mélodieuse que celle traditionnelle des autres chanteurs punk et dont le timbre se fera même sensuel sur les quelques balades que le groupe enregistrera.
Musicalement c'est du garage punk simpliste mais qui accroche et puis à cette époque les faux frères ne se détestaient pas encore notamment Joey et Johnny qui finiront par se haïr définitivement.
Quand un groupe sort trois excellents album de punk rock puis enregistre un double live avec un excellent son, live reprenant ses meilleurs titres cela donne un album...PARFAIT !

Ce « It's alive » est un sorte de « best of » en live des premières années des Ramones là où le son était le plus brut, le plus garage . Et on a quasiment jamais fait mieux depuis car ce « It's alive » malgré son côté simpliste est unique : 28 titres et 55 minutes de bonheur absolu  et de pogo sans fin !
Toutefois il faut noter que longtemps, et c'est parfois encore vrai de nos jours (mais beaucoup moins), le côté un peu « crétin » des textes et leur attitude en général ont rebuté la frange la plus radicale, la plus politisée et la plus sociale des punks qui pour certains n'ont pas considéré Ramones comme étant des leurs. Mais d'un autre côté le groupe a compensé en touchant d'autres fans (rock garage, headbangers..).

Pour conclure il faut rendre hommage aux Ramones car peu de groupes peuvent se vanter de faire partie du cercle fermé des groupes ou artistes ayant révolutionné le rock.
Les Ramones, quoiqu'on en pense, en tant que pionnier du punk, en font partie, sans rien revendiquer , en ayant l'air de rien, mais leurs riffs de guitare sans oublier leur dégaine sont rentrés à jamais dans la légende du rock. Culte pour toujours. 

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