Oubliez Nirvana, smashin pumpkin et autres idoles sous
anti dépresseurs, le salut du rock venait du Texas. Sujet à controverse chez
les amateurs de rock sudiste , les black crowes eurent le mérite de restaurer le culte du
riff tranchant au milieu du bourbier grunge. En plus de l’allman brother band
et de lynyrd , les corbeaux noires s’inspirent du blues survolté des faces. La
voix éraillée de Chris Robinson réinvente d’ailleurs le chant granuleux de Rod
Steward.
Sorti en 1990, le premier disque des crowes atteint
rapidement le sommet des charts, reposant ainsi l’éternelle question :
Assiste t’on à l’âge d’or du dernier grand groupe de rock ? Il est vrai
que , depuis la fin des seventies , rares sont les groupes ayant atteint le sommet des ventes avec une musique aussi
root.
Il y’a bien eu quelques petites tentatives de retour aux
sources, comme le premier guns n roses ou le fameux electric de the cult. Mais
même ces disques semblent manquer de relief face à ce shake your money maker,
les guns et le cult montrant leurs muscles sans atteindre la classe des frères
Robinson.
A mi chemin entre Keith Richard et Jimmy Page , avec qui
ils effectueront bientôt une tournée historique, les guitaristes soignent leurs
tempos. Les solos débarquent comme une apothéose aux riffs lancinants, fascinante
lumière au milieu d’un tunnel somptueux.
Twice is hard ouvre le bal sur un riff stonien en diable,
avant de s’emballer comme une diligence en plein désert. Même l’aerosmith des
débuts n’atteignait pas un tel degré d’énergie blues. Des riffs viscéraux , ce
disque en contient un paquet , le piano boogie de jealous again rehaussant une
de ses plus belles réussites.
Le point d’orgue du disque est pourtant une ballade , « she
talk to angel » développant une grâce perdue depuis que Keith écrivit
Angie pendant sa cure de désintox. Résumer ce premier album à l’étiquette rock
sudiste serait bien réducteur , même si le groupe ne manquera pas de s’en
rapprocher sur l’album suivant.
En revanche, ce disque représente un sommet que nombre de
musiciens actuels tenteront d’égaler. Des temperance movement , en passant par
blackberry smoke et autres my dynamite, tous ont une dette envers les corbeaux
noirs. Devenu plus underground , le culte du riff se perpétue ainsi à travers
des disques comme « white bear » , « find a light » … Ces disques représentant autant d’écho à l’énergie
des nouveaux pionniers texans.
D'ailleurs, les black crowes eux même n’atteindront plus
ce niveau de puissance rythmique, et partiront dans une direction plus traditionaliste,
avant de se décomposer progressivement. Ils
avaient atteint le sommet de leur art dès le premier essai et même si ils
construiront une discographie passionnante par la suite, beaucoup continueront
à y chercher l’énergie spontanée qui illumine « shake your money maker ».
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