Big Brother and the holding company (Janis Joplin) 1968 : CHEAP THRILLS
- « Comment tu te sens mon joli sucre d’orge ? Tu es bien allongée, tu as besoin de quelque chose ma toute petite et jolie fille ?
Janis était alanguie sur le sofa, t-shirt jaune informe, colliers empilés, pattes d’eph, sandales envolées...Il était tard, la journée passée à voyager avait été longue et demain il faudrait trouver du temps entre les premiers gigs pour répéter un peu et se chauffer la voix avec les amis du Big Brother and the Holding Company.
- Ah, tu es là, je ne t’avais pas vu venir ! J’aime quand tu me dis des choses douces, ça me berce, la solitude s’envole, le calme s’installe. C’est bon de te savoir tout près ! Elle se mit à crier : Dimanche, dimanche, DIMANCHE ! Comment je serai dimanche ? Dis moi H, toi qui sais tout ?
- Ma petite Pearl dimanche sera ton jour, celui de la révélation, de la consécration. Tu vas les capter tous, les laisser bouche bée, ils vont réaliser l'immensité de ton talent ! Bientôt il seront tous à tes pieds, tu seras leur Mama Cosmique. Tu vas les libérer, leur proposer une autre vision, une possibilité de s ’échapper...un peu...Tu sais tout ça c’est un peu grâce à moi, tout ce cirque électrique cette « Purple Haze ». Que serait le rOCk psychédélique sans moi ? Que serait l’acid rOck, le trip roCk, le fix rocK, le LSD RoCk, appelle le comme tu veux moi j’appelle ça le H rOcK !
- Humm ! Oui ça sonne plutôt pas mal. Ça me donne même une idée de titre d’album...mon premier album s’appellera Sexe, Drogue et Plaisirs bon marché (Sex Dope and Cheap Thrills). Fantastique…! Dis, donne moi donc ce qui me fais envie, mon joli, tu sais bien ce que je veux, Baby, baby, baby...allez donne le moi, je veux partir un moment, emporte moi sur tes ailes.
H se rapproche de Janis et avec une douceur infinie il passe une main dans ses cheveux caressant celle qui n’est qu’une petite fille de 24 ans. Il s’assied ensuite sur la table basse devant le sofa baise un pied de sa protégée et commence la préparation.
- H ?
- Oui chérie !
- Tu vas me faire l’amour ?
- Tu veux ?
- Bien sur que je veux ! Qui n’a pas envie d’amour sur cette Terre ? Qui peut survivre à une vie sans amour ?
- Tes veines sont si petites mon bébé elles sont comme un fil d’Ariane vers le bonheur. Détends-toi amour donne-moi ton bras je ne veux plus te piquer le pied, tu as fait une infection la dernière fois. Je n’aime pas te voir souffrir. Ne t’inquiète pas je vais trouver…
Janis pousse un long soupir, laisse sa tête partir en arrière. Elle regarde le plafond qui se tord, la pièce tout entière qui se distend et se contracte un peu comme si elle respirait et puis tout se met à bouger, à tourner, c’est une valse lente. Alors elle sent son amant s’introduire en elle au plus profond de son esprit, il la pénètre si profondément qu’il lui semble que son corps enfle et va éclater.
Monterey en Californie, Dimanche 18 juin 1967, Big Brother and the Holding Company dont la réputation dépasse à peine la baie de San Francisco vient de terminer sa prestation.
- Comment as-tu fait ? C’était juste d’une intensité folle, dit Mama Cass une des chanteuses du « Mamas and the Papas ». Tu m’as retournée c’était si fort ! Tout le Monde était sidéré. Tu as même impressionné Otis !
- Oh tu as trouvé, je suis si contente. Tu as vu Otis samedi ? Quelle claque aussi, il est juste waw… irréel…
- Oui tu as chanté comme lui… Pourtant tu es blanche, juste une petite femme mais ta voix est si noire si spéciale...
- Je crois que je me sens vraiment proche de la musique tu sais, de cette vibration Rythm’n Blues telle que la délivre Otis Redding. J’espère aller haut, très haut…
4 octobre 1970, une chambre d’hôtel banale, du genre qui accentue la solitude et le sentiment d’être perdu dans un Monde dur, un Monde sans pitié, un manège qui broie les âmes égarées celles qui n’ont pas la chance d’avoir un ami ou une amie proche, une famille qui s’intéresse à ton sort et qui te permet de résister aux assauts de la déprime, de l’angoisse.
- H, je suis vraiment fatiguée tu sais, Baby baby baby j’ai recours à toi de plus en plus ces temps ci, je ne sais pas si je peux continuer comme ça, je me vois morte, je crois que j’ai envie de dormir vraiment. Jimi n’a pas résisté il est parti il y a seulement une vingtaine de jours et je me sens si mal, si seule...Je t’en prie H, mon amour prépare moi pour un petit voyage, je veux me sentir bien, je veux renaitre, je veux…
- Douceur, Jimi savait, Jimi voulait, le cirque l’a épuisé, il était tellement fatigué, tellement stressé, tellement en dehors des réalités. Tu sais, je le vois encore de temps en temps, il est mieux maintenant. Et puis les gens, les autres, tes amis, ta famille, ils n’ont pas su lire en toi, ils n’ont pas pris la mesure, ils n’ont pas vu l’importance de la déchirure qui est en toi Janis et qui fait que tu es un être à part. Tu es si belle si forte et si faible à la fois comme un petit oiseau tu aspires à t’envoler mais tes ailes sont si fragiles...Détends toi ma si jolie petite fille je vais m’occuper de ça…
Quand la seringue finit par trouver une veine à peu près indemne et mordit dans son bras Janis sut que c’était la dernière fois. Elle n’était pas inquiète, non, c'était une pulsion si forte. Esseulée, épuisée, vaincue elle était incapable d'y résister.
- H, mon amour, je veux que tu me prennes en toi, que tu m’emportes loin.
Alors le corps de H commença à grandir. Janis regardait comme hypnotisée la transformation. Bientôt la tête de H atteignit le plafond de la chambre, la pièce était devenu si petite. Les murs commencèrent à s’estomper. La chambre, l'hôtel, la ville, l'espace plein se désagrégeaient et bientôt tout ce qui était tangible disparu. Du vide, il n’y avait plus que du vide, le vide et H, un H gigantesque. Délicatement avec la main gauche devenue immense il prit sa douce et tendre petite fille, les phalanges resserrées formaient un berceau, un cocon pour l’enfant qui souriait. Très doucement il la couvrit de la main droite puis il pressa, pressa, pressa jusqu’à ce que Janis ne soit plus rien. Alors dans une brume violette à son tour il disparu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire