Cet album débute sur un malentendu révélateur. Selon la légende, alors que celui-ci devait s’appeler « In the Garden of Eden », Doug Ingle le chanteur, claviériste, principal compositeur et leader de la formation californienne, en plein trip LSD, aurait prononcé « In a gadda da vida » borborygme qui devient ainsi le nom de l’album accentuant encore la bizarrerie de ce disque sorti en 1968 et deuxième album d'Iron Butterfly, un album vraiment bizarre dans tous les sens du terme car vous l’avez deviné on a ici clairement affaire à une bande d’allumés, comme beaucoup de musiciens de l’époque, autant adeptes de musique que d’expériences hallucinogènes et qui mélangeaient d’ailleurs volontiers les deux, l’un allant de pair avec l’autre.
Mais par rapport à d'autres groupes comparables de la même époque (Pink Floyd, Seeds, Doors, Cream, Jefferson Airplane...) disons le tout de suite cela a davantage vieilli, même si lorsqu’on parle de rock psychédélique, plus que pour tout autre style musical, il faut se remettre dans la contre-culture de l’époque et les expérimentations en tout genre dont furent friandes les sixties.
Et si j’apprécie volontiers le rock psychédélique je ne pense pas que ce soit le meilleur album du genre.
Et si j’apprécie volontiers le rock psychédélique je ne pense pas que ce soit le meilleur album du genre.
Surtout le gros problème est que l'album est qualitativement parlant clairement divisé en deux parties avec une première partie, les quatre premiers titres, très moyenne, datée, par exemple « Most anything you want » ressemble à un mix raté entre Cream et Doors du premier album, quant aux trois titres qui suivent on se croirait dans un mauvais trip. On est alors en plein dans ce qu’était la pop anglaise des années 1965-1967 mais sans des compositions comme savaient en écrire les Who, les Kinks, les Stones ou les Beatles ; parfois le clavier rappelle plus les Doors mais là encore le génie en moins. Heureusement, géniale et inattendue métamorphose, la seconde partie est aussi bonne et créatrice, aussi lumineuse et hallucinée que la première était passable, avec deux morceaux d'anthologie, plus dans le blues rock psychédélique. C’est plus enlevé, avec davantage de furie, un véritable régal sonore, la guitare se fait aussi plus agressive.
« Are you happy ? » est par exemple du blues rock excellent dans la lignée du meilleur Cream, puis vient le chef d'oeuvre de 17 minutes « In a gadda da vida », morceau qui mérite, lui, le titre de "classique" et même de "culte" avec son solo légendaire de batterie (mais aussi d’orgue et de guitare) et son côté psychédélique très plaisant. On rentre clairement dans la cinquième dimension, une dimension parallèle où la perception devient totalement différente. Un morceau charnière entre l’acid rock psychédélique et le hard rock qui pointe déjà son nez.
Une deuxième partie, et notamment son dernier titre, qui elle, a clairement influencé de nombreux groupes des générations qui ont suivi, notamment les groupes de hard blues, et de hard rock du début des années 70. Et qui a surtout contribué à la légende Iron Butterfly.
Donc tout n'est pas mauvais et on gardera évidemment le meilleur, la partie qui sort du lot mais franchement à l'inverse de Led Zeppelin, des Who, de Jethro Tull, des Stooges, de MC5, des Stones ou de King Crimson j'ai vraiment du mal à écouter avec plaisir tous les morceaux de cet album. Cela manque trop souvent de la magie d'un Pink floyd ou des Doors de la même époque par exemple. D'où une impression d'inachevé. Et d'un autre côté c'est tellement précurseur ! Avec d'indéniables qualités créatives.
Un disque difficile à analyser objectivement donc mais ne boudons pas notre plaisir d'écouter les deux derniers titres qui méritent vraiment le détour et qui placent ce disque au panthéon du rock psychédélique.
Et de fait « In a gadda da vida », demeure et restera donc un disque incontournable malgré quelques temps faibles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire