En 1976, la grande époque du Prog' est déjà derrière lui, et les
punks n’allaient pas tarder à ringardiser les descendants de Yes et Genesis.
C’est pourtant dans ce cadre moins favorable que Rush va atteindre le
sommet de sa longue carrière.
Formé en 1968,
le groupe avait démarré avec des albums de Hard Rock dans la veines de Led
Zeppelin. Ce n’est qu’en 1975 que ses ambitions progressives se feront
timidement ressentir, avec la mini suite "By Thor And The Snow
Dog", issue de l’album Fly By Night. Mais les influences encore très Hard
de l’ensemble rendaient inimaginables le virage que le groupe allait opérer
avec 2112.
Sorti un an après Fly By Night, 2112 propose une
musique plus élaborée et novatrice, donnant ainsi naissance au Hard Prog.
Symbole de cette évolution, le morceau titre est aussi le plus grand
chef-d’œuvre de l’album. Ses paroles nous plongent dans un univers futuriste où
toute les formes d’expressions ont été supprimées par les Prêtres du Temple
Syrinx.
Ces prêtres contrôlent les moindres mouvements de leurs citoyens
grâce à des ordinateurs. Mais un homme va découvrir une guitare, et s’attirer
les foudres de ce gouvernement Orwellien. Si vous désirez en savoir plus sur
cet univers de science fiction, je vous conseil de vous intéresser aux
nouvelles de Aynd Rand, qui ont largement inspirées le thème des
morceaux.
La musique illustre parfaitement les états d’âme d’un personnage
passant rapidement de la joie et l’innocence à la maturité. Car la découverte
de cet instrument lui permet de constater qu’il pourrait avoir une vie plus
épanouie, sans l’autoritarisme d’un gouvernement rétrograde.
La musique suit parfaitement les différentes étapes de l’histoire,
qui se décomposent en sept actes, et Geddy Lee module sa voix pour
représenter au mieux le personnage principal. L’ouverture plante un décor
spatial et futuriste, avant que la batterie et la guitare ne fassent une entrée
fracassante.
Ce sont ces instruments qui rendront compte de l’évolution du
récit.
Les riffs furieux montrent la puissance du pouvoir lors du
deuxième acte, alors qu’un passage plus mélodique illustre la découverte de la
guitare lors de l’acte suivant. Ces actes s’enchainent parfaitement, sans que
les passages les plus mélodiques ne brisent l’intensité de cette réussite
conceptuelle.
Après une telle claque, certains ne manqueront pas de critiquer la
durée très courte des cinq morceaux suivants. Mais, contrairement à des albums
comme Tarkus, la suite de 2112 colle parfaitement aux teintes
plus élitistes de son morceau titre.
Malgré sa succession de morceaux ne dépassant pas les trois
minutes, cette seconde partie est donc aussi intéressante que la première. Le
presque Pop "Listen" y côtoie la noirceur de "Tears",
avant que le final "Something For Nothing" ne vienne rappeler la
virtuosité et la puissance du début d’album.
Avec 2112 Rush s’émancipe de la scène Hard Rock pour creuser un
sillon Hard Prog qui fera sa gloire. Avec sa virtuosité technique, son concept,
et la variété de ses ambiances, 2112 pose des bases que les groupes
comme Dream Theater ne manqueront pas de reprendre.
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