1976 : Lors de son voyage à New York , Malcolm
Mclaren assiste au premier concert des ramones. Nous sommes en 1976, et les
faux frères américains mitraillent leurs riffs pour faire oublier leur flagrant
manque de virtuosité.Cette vision ne fait que conforter une révélation que
Maclaren avait eu lors de sa rencontre avec les new york dolls.
Le rock ne peut plus continuer à s’étaler dans de pompeux
albums concept , il faut lui redonner un bon coup de pied au cul. Il fonde
alors sa boutique « sex », où se réunit ce qui deviendra les sex
pistols. Sid Vicious rejoint bientôt l’aventure , le single « god save the
queen » sort , et les scandales s’enchainent. Lors d’une émission télévisée
, le groupe de Johnny Rotten se montre vulgaire et débraillé, portant le punk
dans des milliers de foyers. Leurs concerts sont chaotiques , Sid Vicious sait à
peine utiliser sa basse , et les prestations finissent souvent en bagarre
générale.
Après une signature de contrat en grande pompe , où le
groupe arriva ivre devant le Buckingham palace , pour signer son contrat face à
des photographes avides de scandale, « nevermind the bollock sort enfin.
Mais, si elle lui assure une promotion efficace , la mauvaise réputation du
groupe empêche désormais le disque de se vendre. Alarmés par les multiples
provocations du groupe , et par cette pochette jugée vulgaire , de nombreux
disquaires refusent de distribuer l’album.
Les sex pistols ne faisaient pourtant qu’exprimer une
révolte qui couvait bien avant leurs exploits. L’Angleterre est en crise depuis
1970 et , si certains ont pu croire aux discours séniles des conservateurs ,
qui ont profité de la détresse populaire pour gagner quelques élections, cette
révolte devait fatalement exploser. Dans les usines , les machines peuvent
désormais effectuer le boulot des smicards ,
confinés dans des ghettos où une personne sur six est au chômage. C’est le
cas de Liverpool , ville prolétaire ayant vu la montée des beatles , mais aussi
dans de futures foyers d’insurrection comme Brixton.
Alors , comme souvent dans ces périodes de crises , les
plus cons se réfugient à l’extrême droite , soignant leur ennui en cognant
quelques descendants d’immigrés jamaïcains. La majeure partie des mecs sur
lesquels ils cognent sont les descendants de ceux qu’on incitât à venir
travailler dans les belles usines anglaises , à l’époque où la perfide Albion
manquait de bras. Heureusement, les skinheads restent une minorité, tant il est
vrai qu’il est difficile de faire monter la haine dans un pays ou les blancs
sont majoritaires, et ceux même dans les ghettos les plus pourris.
Une bonne partie de la jeunesse verra les pistols comme
des messies , les porte paroles d’une génération paumée (punk ne veut pas dire
autre chose). Finies les fuites dans des univers fantastiques , influencés par
la consommation de substances illicites , la jeunesse veut désormais se rouler
dans le purin de cette époque de crise. Et les pistols lui donnait de quoi se
défouler, balançant les pavés sous formes de brulots anarchistes en trois
accords.
Dans un pays où la moitié des dépenses de la couronne est
payée par les mêmes multinationales, qui laissent les habitant des ghettos multiraciaux crever de faim, le reste étant payé par ceux qui peuvent encore
s’acquitter de l’impôt , on peut comprendre que la jeunesse se défoule en
entendant Rotten parler de « régime fasciste ».
Le clou est enfoncé lorsque, profitant du jubilé de la
reine , le groupe loue un bateau pour organiser une petite fête. Le bateau
s’approche le plus près possible du parlement, afin de donner un maximum
d’impact à ce doigt d’honneur musical, avant d’être rapidement accosté par la
police. Si le groupe parvient à se sauver , les flics se soulageront sur une
bonne partie des invités.
Quelques jours plus tard, Johnny Rotten est attaqué au
couteau sur un parking , par des royalistes n’ayant pas apprécié sa prose
révolutionnaire. Ces frasques font des pistols le symboles d’une jeunesse
qualifiée d’excités, de sauvages, par un gouvernement conservateur incapable de
leur offrir un avenir. La révolte ne cesse de croitre, jusqu’aux émeutes de
Brixton dans les années 80. Les pistols ne sont déjà plus là , mais ils ont
montré la voie. Et , lorsque Strummer écrit « je veux une émeute blanche
, les noirs n’hésitent pas à lancer des pierre . Mais les blancs vont à l’école ,
ils y apprennent à être bête », il ne fait que prolonger l’écho de
« nevermind the bollocks ».
Aujourd’hui, certains ont tendance à présenter ce disque
comme une tarte à la crème lancée à la face d’un rock prétentieux. Il est vrai
que la plupart des groupe de la vague punk sont morts après quelques jours ,
mais pour toute une génération ce disque représentait un brillant défouloir.
Encore aujourd’hui, on rêverait d’un
groupe capable de balancer de telles manifestes révolutionnaires et
minimalistes.
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