Il y’a peu est sorti un livre qui a rallumé mon amour de
ce que les critiques appellent vulgairement le « classique rock ». Ecrit
par Jeanne Martine Vacher , « sur la route avec Janis Joplin » est un
véritable voyage initiatique au cœur de cette époque vénérée , idéalisée , et
porteuse de toute la mythologie que je raconte ici. Du Texas à San Francisco,
on s’immerge dans la vie de celle qui à laisser son nom à coté de Jimi Hendrix
et Jim Morrison.
Les grands évènements s’y succèdent, et le fameux fuck de
country Joe laisse place au chaos virtuose des Who. Mais surtout, le livre
répare une injustice, en rappelant l’importance de big brother and the holding
compagnie dans la naissance du mythe Janis.
Ce sont eux qui l’initièrent au rock psychédélique, en l’emmenant
à un concert qui déclencha sa vocation. A partir de là, celle qui était d’abord
une folk singer se mue en braillarde électrique, le rock hurlant de big brother
l’oblige à hausser le ton pour se faire entendre. Véritable feu follet au
milieu du déluge, elle vibre de tout son corps, sautillant et s’arc-boutant sur
la pointe des pieds pour aller chercher les sonorités les plus improbables. A
Monterey , elle fut une véritable déesse beat , laissant toute une foule hippie assommée
par son impressionnante voix.
Présent ce soir-là , Columbia ne tardera pas à signer le
groupe , mais espère surtout faire monter cette chanteuse au larynx
extraordinaire. Son groupe doit ainsi se battre pour éviter d’être relégué au
second plan, et pour ce cheap trills l’arrangement est simple : les guitare
seront très présentes mais Janis se charge de tous les vocaux.
Conscient de devoir sortir le grand jeu pour se faire entendre,
big brother ouvre le disque sur une jam sulfureuse, le riff écrasant le rythme,
sur une cadence lourde comme une marche de mammouths. Dommage que certains oublient,
quand la voix de Janis perce comme la foudre dans les plaines, que celle-ci serait
bien moins transcendante sans le tonnerre de riffs qui l’accompagne.
Défoncé au LSD , le groupe illumine le disque de ses
solos tortueux , blues acide chargé de plomb , sommet de sauvagerie corrosive
que peu d’autres parviendront à égaler. « turtle blues » est d’ailleurs
un bel exemple de ce que Huxley exprimait lorsqu’il disait que le LSD
permettait « d’ouvrir les portes de la perception ». Partant du blues,
le groupe décolle dans des contrées que même le grateful dead n’a pas exploré.
Cheap Trills montre un groupe soudé dans un feeling qui
fait fusionner les esprits de ses musiciens, pour créer cette fameuse conscience
supérieure fantasmé par Huxley , K Dick et Kesey. La scène est alors une
allégorie du trip sous LSD, elle abolit toutes les règles liées à l’enregistrement
pour permettre aux musiciens de retrouver une spontanéité pure et fascinante.
Si « piece of my heart » est si puissant, c’est
parce que la guitare et la voix montent ensemble dans un grand orgasme cosmique,
inventant ainsi une véritable machine à orgone musicale. Sur Summertime , les
riffs tranchants viennent plutôt ponctuer les envolées lyriques de Janis, l’un
préparant le terrain à l’autre dans un blues narcotique, la performance de big
brother obligeant la texane à livrer ce qui restera sa meilleure performance
vocale.
Car la route de Janis avec big brother s’arrêtera après
cet album. Et son superbe testament musical, « pearl » , fera
malheureusement oublier que c’est grâce à une bande de sauvage San Franciscain
que Janis atteignit le sommet de son art avec ce « cheap trills ».
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