On ne se lasse pas de raconter la lamentable histoire de Mott the hoople. A la fin des sixties , le gang de Ian Hunter sort deux bombes rythm n blues que l’air du temps transforme en pétard mouillé. A une époque où les rockers rêvent d’envolées jazzy ou symphoniques, où le rock dit progressif invente un swing plus cérébral, le rythm n blues du Mott semble affreusement primaire. Pour sauver sa peau, alors que sa maison de disque réfléchit sérieusement à le lâcher , Ian Hunter initie le Mott au country rock. Bob Dylan venait d’initier le mouvement en Amérique, entrainant dans son sillage une bonne part d’un psychédélisme se réveillant de ces rêveries.
Malgré son charme, wildlife est encore trop sobre pour séduire l’extravagante Angleterre. Un dernier retour au rythm n blues sera ensuite tenté, avant que le label Island n’abandonne ce groupe maudit. Les concerts chaotiques du Mott leur ont néanmoins apporté un fan prestigieux , qui n’est autre qu’un David Bowie en pleine gloire glam. Apprenant que le groupe se retrouve largué en rase campagne, le roi David propose au Mott de produire son prochain album. C’est ainsi que le père de Ziggy convertit le gang de Ian Hunter au glam rock.
On ne peut pas réellement parler d’opportunisme , tant le mouvement semble proche du rock originel. Rythm n blues de dandy, le glam rock représente la première révolte contre le progressisme de la génération Yes. Estimant que les choses sont allées trop loin , les glam rockers retrouvent la simplicité des tubes de trois ou 5 minutes , portés par un riff dans la lignée d’un Chuck Berry , auquel on oubliera pas d’ajouter une extravagance purement anglaise. Le rock fait machine arrière et, grâce au golden boy Bowie, le Mott va enfin toucher le pactole qu’il mérite.
Le leader des spiders from mars concocte une production qui ressuscitera ensuite Lou Reed , accentue le coté pop du groupe sans museler son incroyable énergie. Pour être sûr que le succès ne leur échappe pas de nouveau, il offre au Mott « all the young dude » , sans doute une des meilleurs chansons écrite par le futur thin white duke. La machine Mott the hoople est enfin lancée, l’album All the young dude se vend comme des petits pains, et les tournées s’enchainent à un rythme infernal.
Sur scène Ian Hunter impose des prestations de plus en plus théâtrales , se prend pour un croisement de Bob Dylan et d’un Ziggy Stardust en plein suicide rock n roll. Ce grand cirque rock n roll ne plait malheureusement pas à tout le monde, les tensions au sein du groupe s’accentuant alors que sa popularité ne cesse de croitre. Co leader du groupe et auteur de plusieurs de ses tubes, Mick Ralph finit par quitter le navire . En son absence, Ian Hunter parvient à tenir le Mott le temps de sortir deux autres chef d’œuvre, Mott et the hoople , sortis en 1973 et 1974. Suit une courte tournée, où Mick Ronson vient illuminer le rythm n blues pailleté du Mott de son touché heavy pop.
Au bord de la dépression, Ian Hunter décide de mettre fin à l’aventure Mott the hoople , qu’il quitte pour enregistrer un album solo avec Mick Ronson. Privés de leader, certains des musiciens restant forment Bad compagny , qui ne tiendra que le temps d’un bon album de hard FM. Les autres créent un groupe pop nommé British Lion, qui ne laissera aucune trace honorable.
Sobrement intitulé Ian Hunter, le premier disque solo du plus Dylanien des glam rockers est d’une autre trempe. On retrouve, sur des titres comme « once bitten twice shy » ou « I get so excited », ce swing popularisé par « the golden age of rock n roll » et autres monuments du Mott. Plongé dans ce décor scintillant, Mick Ronson est encore au sommet de sa classe rythm n blues. Who do you love swingue comme les spiders from mars perdus dans un bar de Memphis, comme Chuck Berry essayant de réadapter un tube de T Rex. Si vous ne voyez pas *le dedans la définition de la classe ultime* je ne peux plus rien pour vous. Sur Ian Hunter, Mick Ronson s’affirme encore comme le Hendrix d’une nouvelle génération, il rappelle d’où vient la verve grandiloquente de Dick Wagner et de tout guitariste glam.
Et surtout, à travers ce swing glam renforcé par une production
plus épurée que All the young dude, Ian Hunter montre qu’il n’a jamais cessé d’être
le rythm n bluesmen enragé qui reprenait you really got me sur le premier album
du Mott. Porté par le tube once bitten twice shy , ce premier album obtient un
succès qui permet à son auteur de survivre à la triste histoire de son groupe
de rockers maudits.
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