Rubriques

Affichage des articles dont le libellé est fugazi. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est fugazi. Afficher tous les articles

dimanche 8 décembre 2019

FUGAZI : Repeater (1990)

Formation

Ian Mac Kaye : chant, guitare

Guy Picciotto : chant, guitare

Joe Lally ; bass

Brendan Canty : batterie




Avant de parler de Fugazi il faut nécessairement parler de Minor Threat et de son « leader » Ian Mac Kaye, personnage central, charismatique et influent dans le monde du punk hardcore américain. Incontournable pourrait-on même dire. Par son engagement et son activité. Avec Jello Biafra (ex chanteur de Dead Kennedys) il en est l’une des personnalités les plus marquantes, Biafra sur la côté ouest, Mac Kaye sur la côte est. Mais le personnage est discret. Discret et intègre, pas le genre à se mettre en avant et à tirer la couverture à lui.


Fugazi est le groupe, le bébé pourrait-on dire, de Ian Mac Kaye, même si le groupe est un modèle de démocratie. Et d’ailleurs celui-ci en 15 années d’existence a gardé la même formation si l’on excepte le premier batteur qui ne resta que quelques mois.


Après Minor Threat – groupe punk hardcore culte mais éphémère qui a sévi entre 1980 et 1983 avec à son actif 1 album courte durée « Out of step » , plusieurs EP, le tout tenant sur un seul CD « Complete Discography » 26 titres pour 47 minutes avec des titres majoritairement courts et rapides dans l’esprit du hardcore de l’époque - il fonde Fugazi en 1986 (après avoir participé à quelques groupes éphémères) et il est également responsable du label indépendant Dischord qui a sorti plein de bons groupes indépendants/alternatifs, souvent engagés.Il fut également l’un des initiateurs du courant « straight edge » dans le mouvement punk (pour résumer sommairement car il y a beaucoup de variantes possibles : pas de tabac, pas de drogue, pas d'alcool, nourriture végétarienne, pas de sexe et une pensée positive...), mouvement en opposition aux punks « destroy » et nihilistes (d'ailleurs Minor Threat a un look radicalement différent des punks « classiques »).
Ici la philosophie et l'esprit sont aussi importants que la musique, Minor Threat propose une alternative au punk traditionnel et c'est pour cette raison que le groupe est aussi important. Ian Mac Kaye a pris un peu ses distances avec le mouvement straight-edge et son côté parfois sectaire et a notamment dit que certains de ses textes avaient été mal compris.

En tout cas le groupe fut l’un des fers de lance du punk-hardcore américain de la première partie des 80’s au même titre que Dead Kennedys, Bad Brains, Black Flag et M.D.C.

Pour en revenir à Fugazi « Repeater » est leur premier album sorti en 1990. Et l'un des meilleurs avec « In on the kill taker » (le groupe est actuellement en « pause » depuis 2002 sans que l’on sache si l’on doit s’attendre à un retour ou pas).
Avec Fugazi la musique se fait plus posée, l’énergie présente est maîtrisée, la violence est en partie dissoute dans la tension qui est palpable, le côté « émotions » est plus présent (d’où le terme d’émo-core, mélange d’agressivité et d’émotions).

L’énergie est là bien sûr mais par rapport à Minor Threat je dirais qu'elle est comme passé à travers un filtre.

Fugazi propose du rock que je qualifierais volontiers de cérébral, d' « intelligent » (et pas seulement pour les textes), croisement de post hardcore, d’émocore, de noise et de rock « classique » avec deux chanteurs qui se partagent les vocaux (et aussi les guitares) Ian Mac Kaye et Guy Picciotto.

Ce que j'aime aussi avec ce genre de groupes post hardcore mélodique (par exemple Quicksand) c'est que les guitares n'écrasent pas la rythmique et lui laissent volontiers une place importante, notamment à la basse très à son aise et qui peut s'exprimer librement sans être un simple faire valoir.

« Turnover » et « Repeater » qui ouvrent l'album donnent le ton, c'est typique du son Fugazi mais bizarrement ce ne sont pas les meilleurs titres du disques.

Ceux-ci sont plutôt à rechercher du côté de « Brendan #1 », « Merchandise » , Sieve-fisted find » et « Greed » tous aussi excellents les uns que les autres.

« Blue print » et « Two beats off » présentent un côté plus mélodique mais toujours très bon.

On finit par le très beau « Shut the door » entre calme et noise maîtrisé.

Mais attention encore une fois ne vous attendez pas à un vrai disque de punk, Fugazi s’est éloigné de ce style et n’a plus qu’un lien assez lointain avec la furia et la rapidité agressive de Minor Threat.

Seuls « Brendan #1 » et « Styrofoam » sonnent encore véritablement punk rock.

Mais Fugazi c'est aussi et surtout un groupe symbole d’intégrité, fidèle à des principes mais sans sectarisme (comme peuvent l’être parfois certains groupes de la scène punk hardcore américaine ou anglaise).Le groupe continue a sortir ses albums sur Dischord Records malgré les propositions de majors, fait régulièrement des concerts de soutien pour différentes causes (anti racisme, anti sexisme…), propose des prix de CD ou vinyls modérés, de même que les places de concert abordables.

Fugazi est l’un des rares groupes dont l’intégrité reste irréprochable malgré les nombreuses sollicitations dont il fait l'objet dans les années 90 là où beaucoup de groupes furent récupérés par le « business » et son univers impitoyable. D’ailleurs dans ses textes la critique de la société de consommation est un thème récurrent.
Comme Helmet, Sonic Youth, Jesus Lizard et d'autres il a musicalement parlant marqué et influencé les années 90 qu'on cantonne trop souvent pour le rock au mouvement grunge qui a certes apporté quelque chose au rock mais qui n'était pas le seul mouvement intéressant.
Car la vague post hardcore a également accouché de quelques pépites dont « Repeater ».