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vendredi 1 octobre 2021

TREPONEM PAL : Aggravation (1991)

 


Voici encore l'un des groupes les plus marquants du rock français des années 90, un groupe phare du rock/métal industriel, alors en plein essor en cette fin des 80s et au début des 90s avec Ministry, Nine Inch Nails, Young Gods... Alors que ce style musical débute sa période faste, Treponem Pal en est l'un des fers de lance avec les groupes nommés ci-dessus.
En effet après un premier album déjà très prometteur Treponem Pal élève le niveau d'un cran avec son second album « Aggravation ».
Les rythmes sont répétitifs, lourds, hypnotiques et martèlent l'auditeur sans relâche.
Et le chanteur de hurler comme un dément, ravageur, comme possédé par une fièvre obsédante.
C'est froid, sombre, pesant même quand le rythme s'accélère un peu (mais toutefois moins sombre que Kill the Thrill l'autre grand groupe français du genre).
Petite séquence culturelle : Treponem Pal est le nom de la bactérie responsable de la syphilis chez l'homme.
Petite séquence provocation : Treponem Pal est le groupe qui fit scandale à "Nulle Part Ailleurs" en 1996 en proposant le strip tease d'une fille en direct pendant que le groupe jouait live un morceau de l'album « Higher » leur 4e disque, fille qui s'avéra finalement être une transexuelle ; ce passage fera les choux gras des Guignols de l'info pendant des mois et le fameux mot de la marionnette d'Alain de Greef, alors directeur des programmes de Canal + : « juste une p'tite s'touquette ».
Ceux qui ont vu le groupe live à l'époque se souviennent sûrement du charisme et de la présence scénique phénoménale du chanteur leader Marco Neves dont la carrure en imposait !
Les deux premiers albums du groupe sont très bruts, quasiment pas de samples, proches du Godflesh des débuts, ce n'est qu'à partir d' « Excess and overdrive » leur troisième (et sans doute le meilleur album) que Treponem Pal va prendre un léger virage moins sombre et incorporer quelques samples et machines pour colorer un peu la noirceur et apporter quelques variations sonores qui vont quelque peu changer l'atmosphère musicale (tout en gardant un socle rock/métal industriel), « Higher » ayant même ensuite quelques apports « dub » et « electro ».

Là sur Aggravation on est plus dans le décor d'une aciérie de la Ruhr que du soleil californien !
« Rest is a war » est une bonne mise en matière avec son côté angoissant mais « What does it mean ? », le titre fort qui alterne passages rapides et passages sabbathiens, est l'archétypique d'un morceau de Treponem Pal avec une guitare qui a rarement été aussi tranchante et aiguisée (sans doute une guitare à scie cordes ?).
Sur « Love » le mot industriel prend tout son sens, c'est lourd (sauf un passage où ça s'accélère), puissant, avec un bruit de machines stridentes en arrière fond sonore : hypnotique !
« Sweet coma », plus rapide dans sa deuxième partie, incorpore des éléments de thrash metal tendance Voivod (les deux groupes ont d'ailleurs pas mal de points communs évidents).
« Tv matic » est le seul morceau hyper rapide qui penche nettement vers le hardcore bien énervé. Une tuerie.
Bien sûr l'album a connu avant tout une certaine renommée grâce à l'excellente reprise de « Radioactivity » (Kraftwerk), proche dans l'esprit de l'original mais les guitares remplaçant les machines électroniques. Une réussite, car reprendre ce must des années 70 était un sacré pari.
« You got what you deserve » avec sa basse bulldozer finit l'album en fanfare, sans aucune fausse note, et vous achève pour de bon.
Suite à ce disque le groupe fera en 1992 la première partie de la tournée américaine de Ministry alors à son zénith de popularité.
En conclusion encore un très bon album d'un groupe un peu tombé dans l'oubli aujourd'hui même s'il s'est reformé depuis et qu'il tourne encore régulièrement ; néanmoins Treponem Pal a réussi la prouesse de sortir quatre albums de grande qualité entre 1989 et 1997.