Cherchez toujours dans les poubelles
de l’histoire, c’est là que le rock cache sa puissance la plus pure. Quand les
ligthnings raiders se forment, le pub rock vient d’accoucher du punk , et le
bébé commence à crier sa hargne dans une Angleterre en récession. En très peu
de temps, les pionniers de cette génération influencent de nouveaux gangs. Les
clash sont nourris par l’énergie primaire des Ramones, et reprennent le
militantisme des sex pistols. Je ne parle même pas des Jam, qui se servent de
la fougue de la bande à Rotten , pour réveiller la fureur mods.
Avant eux , Iggy pop avait donner le
mot d’ordre , « chercher à détruire ».
Détruire le désespoir d’une jeunesse condamnée au travail à la chaîne ou au chômage,
détruire les prétentions des dinosaures de stades, détruire le passé pour
pouvoir de nouveau le célébrer. Dans ce contexte, les lightning raiders
auraient pu devenir les héros de l’époque, mais l’histoire n’est jamais aussi
simple.
Même le nihilisme punk a créé une
esthétique qu’il ne vaut mieux pas outrager , et les raiders ne sont pas
vraiment issus de ce moule. C’est une bande de mercenaires crée par deux vétérans
de l’underground anglais , des renégats habitués au mépris des charts. Andy
Allan a fait ses armes chez les deviants , icone des amateurs de contre-culture
de la fin des sixties-début seventies. Les deviants étaient les trouble-fêtes du
psychédélisme , ceux qui, avec les pink fairies et Hawkwind, influencèrent des
trips plus violents et subversifs.
The lightning raiders est né de l’alliance
de cette génération, c’est d’abord la réunion du bassiste des pink fairies et d’un
ex deviants. Hendrix admirait déjà cette puissance compacte, et Lemmy réinventera
le mur électrique des fairies avec motörhead. Des stooges aux fairies , des
deviants à motörhead , cette radicalité n’a jamais été très appréciée des
charts.
Les choses semblaient pourtant bien
commencer quand Steve Jones et Paul Cook participèrent à l’enregistrement de « psychedelic
music ». Premier single des raiders , le titre sort à une époque où la
furie des sex pistols n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les seventies
sont déjà mourantes, et les années à venir s’annoncent bien plus tranquilles.
Police a transformé le reggae rock des clash en mièvrerie pour radio , et Island prépare déjà le succès planétaire de
U2.
Dans ce contexte, les producteurs
supportent de moins en moins cette bande de sauvages , qui est trop radicale pour espérer surfer sur la nouvelle vague de heavy metal britannique . Le
premier album du gang est en préparation, mais les gérants sentent le désastre
arriver. Les séances sont stoppées brutalement , et le groupe mis dehors.
Abandonné de tous, ces musiciens retournent dans les bas-fonds de l’underground
anglais, où il survivent au sein de groupes obscures et autres reformations des
pink fairies.
Les bandes de l’album enregistré par
les lightning raiders vont donc dormir dans une cave pendant plus de 20 ans ,
avant d’être enfin publiées en 2002. On retrouve sur ce disque une énergie du désespoir
perdue depuis la sortie de raw power.
Sweet revenge est une déflagration vindicative,
le rock de detroit annonçant le jour où cette musique piétinera le cadavre de
ceux qui l’ont enterré. « Criminal word » a presque des airs d’hymne
punk, il aurait sans doute pu marquer l’histoire si il était sorti en 1977.
Et puis , il y’a ce barrage
électrique , un bombardement motoredien se mêlant à l’énergie initiée par les
ramones. La seule erreur de ce disque est d’avoir été produit en 1982, à une
époque où la sincérité artistique était presque une faute professionnelle.
Aujourd’hui , « lightning
raiders » est devenu une disque culte , une relique dont on chérit la
splendeur sous-estimée.