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lundi 12 octobre 2020

THE SAINTS : Eternally yours (1978)

 


Après un premier 45 tours autoproduit sorti dès 1976 les australiens de The Saints enregistrent un premier album en 77, véritable brûlot punk déjà plus que convaincant, « (I m) stranded »* (lequel sort d’ailleurs avant le « Never Mind the Bollocks » des Sex Pistols). Ils sont vite repérés par ceux qui profitent de la vague punk pour trouver de nouveaux bons groupes ; d’ailleurs à peine arrivé en Angleterre que The Saints tournent déjà 1977 aux côtés de Sex pistols et Talking heads notamment.
Le groupe, formé dès 1974, vient du pub rock, et donc contrairement à beaucoup d’autres combos de l’époque ses musiciens ne sont pas complètement des nouveaux venus et ont donc un peu de bouteille.


« Eternally yours », sorti en 1978, est donc le 2e album des Saints.
Disons-le tout de suite le groupe se trouve un peu à la marge du punk de par ses influences et son histoire, avec un peu la même méthode que Buzzcocks, quoi que les deux groupes soient malgré tout différents, c’est à dire qu’ici la mélodie n’est jamais sacrifiée au profit de l’énergie, les deux s’équilibrant parfaitement, avec en plus un côté assez crade.
Cela débute par « Know your product » et d’entrée ce qui marque l’auditeur c’est la voix atypique de Chris Bailey, assez proche de celle d’Iggy Pop (mais généralement l’influence des Stooges sur The Saints est évidente), grave, veloutée, chaude et sur certains morceaux presque crooner, en tout cas assez singulière dans le punk et très éloignée d’un Jello Biafra et d’un Johnny Rotten.
Ce premier morceau est un boogie punk rock’n’roll avec des cuivres ; c’est vraiment assez osé de placer ce titre qui s’éloigne ouvertement du punk en ouverture de l’album.
« This perfect day » est un peu similaire mais sans les cuivres et avec une guitare complètement déstructurée.
Sur « Lost and found » ça dépote, on revient à de l’excellent punk rock « classique », plus rapide, plus traditionnel, archétype des années 76/78 tout comme « Run down » et son harmonica qui donne un côté blues crade.
« New Centre of the Universe » et « ( I m ) misanterstood » sont deux autres très bons morceaux de l’album où les Saints montre que le punk rock ils connaissent sur le bout des ongles.


« Memories are made of this », « A minor aversion » et « Untitled » sont des « ballades rock » bien ficelées, emmenées par une voix assez magique qui vous embarque parfois assez loin, émotionnellement parlant.
« Ostralia » est dans un autre registre, avec un beau refrain qui claque comme un « hymne », tout comme « International Robots » qui clôture l’album et sa mélodie assez bizarre.
Mais le petit bijou, la petite pépite du disque reste le sublime « Private affair » : du punk enveloppé dans du velours.


« Eternally yours » se distingue par son alternance de titres punk rock parfois mâtinés de garage/blues/boogie (un côté rock garage boogie blues somme toute logique, comme pour tout australien qui se respecte) et de ballades rock mais au final c’est tout simplement davantage un grand album de rock, bien au-delà du punk rock dont The Saints s’éloigne en incorporant d’autres styles musicaux (garage, R’n’B, blues rock...) et d’autres instruments (harmonica, cuivres, piano/claviers) et de fait, comme d’autres groupes issus du punk, The Saints, dès 1978 élargit sa palette musicale sans être trop commercial, c’est à souligner et un gardant toujours un côté sale même dans ses titres les plus « pop ».


Bien sûr cette évolution ne sera pas du goût de tout le monde et certains fans de « (Im) stranded » seront déçus.
Et puis comme les Ramones les Saints sont des punks aux cheveux longs, avec un look plus à la Rory Gallagher qu’à la Johnny Rotten !!
« Eternally yours » est un album sans prétention mais remarquablement construit, vif, brut, nerveux, représentatif de l’époque et des plus efficaces tout simplement.
Du punk rock bien ficelé et surtout la découverte d’une voix trop méconnue mais franchement bluffante.
Et cet album, comme le précédent, fait partie d’un héritage qu’on a parfois tendance à oublier et à trop résumer aux mêmes groupes (Sex Pistols, Clash, Ramones, Buzzcocks…).
Car on tient ici assurément l’un des 10 meilleurs groupes de la période 76/79.
Pour résumer les meilleurs titres selon moi : « Private affair », « Lost and found », « New center of the univers » et à un degré moindre « Know your product », « (I m ) misanterstood » et « Untitled »

*Album que Benjamin a fort bien chroniqué ici même

dimanche 1 mars 2020

The saints : I'm Stranded


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Nous sommes en 1977 et, menée par une bande de faux frères New Yorkais, une horde de musiciens amateurs lancent leurs glaviots minimalistes sur le cadavre du mouvement hippie.
La révolte fut en réalité initiée dès la fin des sixties, avec les cris rageurs d’Iggy Pop , et la poésie nihiliste du Velvet Underground. Fustigeant l’immobilisme d’une musique qui trainait ses vieilles légendes comme des boulets, le punk est progressivement tombé dans une autre impasse.

Sa philosophie incitait les groupes à se saborder après quelques mois. La plupart n’avait même pas le temps de laisser une trace de leur passage. Le punk était une étoile filante au milieu d’un champ de ruine, et on essaie aujourd’hui de reconstituer son fulgurant parcours.

Les saints sont sans doute une des parties les plus lumineuses de cet héritage oublié. Respectant à la lettre l’esthétique « do it yourself » , ils produisirent eux mêmes leur premier single. Nous sommes à l’apogée du punk et de la power pop et, si il n’a pas fait de vague dans les charts , le 45 tours attire rapidement l’intérêt d’un label. Sire record s’empresse donc de signer le groupe, et de promouvoir son disque aux Etat Unis.

La firme est bien consciente qu’une déflagration pareille risque de ne pas durer, et elle doit elle aussi en profiter. L’album « I’m stranged » sort donc en 1977, quelques mois avant nevermind the bollocks.

On peut logiquement se demander ce que le punk serait devenu si, à sa sortie, I’m stranded avait été aussi célébré que son petit frère anglais. Rugueux est corrosif, une bonne part de ce disque ramène l’auditeur à l’époque où les stooges balançait un rock plus bruyant que toutes les usines de Detroit.

Les saints étaient des gladiateurs chargés de mettre l’Amérique face à cette énergie d’une violence inouïe, que les stooges domptèrent au péril de leur vie. Guerriers de la routes, ces australiens n’hésitent pas à croiser le fer avec les riffs déchirants des frères Asheton.

« Erotic neurotic » et « I wanna Be your dog » sont aussi synonyme que « Come together » et « you can’t catch me » , ce sont les puissants échos d’une énergie abrasive. La production très crue fait tout pour accentuer cette proximité, et nous transporte dans la genèse du son de Détroit.

Heureusement, contrairement au groupe d’Iggy, les saints ne feront pas l’erreur de ralentir le rythme à mi parcours. Ils parviennent au contraire à insuffler un peu de finesse à ce brasier électrique.

Story of love et missin with the kid sont dotés d’une douceur punk pop qui annonce les jams , plusieurs mois avant la sortie d’in the city . One way street, lui, place le groupe dans le sillon du punk new yorkais, ses riffs speedés flirtant avec le son des Ramones.

Après ça, le punk pouvait déjà mourir. Suite à la sortie de « nevermind the bollocks » , la critique ne verra « i ‘m stranded » que comme un autre écho de la verve du groupe de Johnny Rotten.

En fin de compte, le mouvement Punk n’est pas mort assez tôt pour rendre justice à ses plus grands héros.