Rubriques

Affichage des articles dont le libellé est Ramones. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Ramones. Afficher tous les articles

jeudi 21 novembre 2019

The ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 2


Rocket to russia

Résultat de recherche d'images pour "the ramones rocket to russia""

Seul contre tous , voilà comment on peut encore résumer le statut des ramones lors de la sortie de ce disque. Les critiques qualifient leur musique de « son de dix milles chasses d’eau » , les radios refusent de passer leurs titres , et les disques ne se vendent pas.

Ceux-là n’ont pas encore compris que le génie des ramones est progressif, le groupe monte en puissance par paliers, comme un missile en plein décollage. Rocket to russia est justement le titre de ce dernier manifeste en trois accords, et le chemin parcouru en un an est encore une fois impressionnant.

A l’époque , le groupe tourne encore sans discontinuer et , si la cadence infernale qu’il s’inflige lui permet de progresser rapidement , elle met les nerfs des musiciens à rude épreuve. Quant Joey chante « I wanna be well » , il exprime autant ses propres névroses que les tensions qui commence à frapper son groupe.

Celles-ci nourrissent encore des riffs qui n’ont jamais été aussi incisifs que sur cretin hop et rockaway beach, alors que le groupe commence paradoxalement à révéler une certaine finesse minimaliste. Des embryons de mélodies commencent à pointer timidement leur nez , comme sur locket love et I don’t care , et leurs mélodies qui s’impriment dans notre mémoire comme des parodies de slogans révolutionnaires.

Et puis il y’a « surfin bird » et « we’re an happy family » , rock cartonneuse qui semblent joués par des personnages de tex avery. Encore une fois, le disque ne se vend pas, et la critique ira jusqu’à prendre ce gang de dadaiste punk pour des fafs , après les avoir entendu chanter « je suis un béret vert au vietnam ».

« Nous étions trop innocents » déclarera Joey , on lui répondra que c’est bien là que se situe leur grandeur. La politique, les ramones s’en foutent comme de leurs premiers diabolos menthe. Leur truc c’est le rock, le vrai , celui qui sera toujours le cri rageur de ceux « qui ont la fureur de vivre, de parler, qui veulent jouir de tout, qui jamais ne baillent ni ne disent une banalité, mais qui brûlent, brûlent, brûlent, comme une chandelle dans la nuit."*

Et pour eux, la vie est un combat dont les ramones ont fourni la bande son.


Road to ruin

Résultat de recherche d'images pour "the ramones road to ruin""

Des morceaux de plus de trois minutes , des solos certes minimalistes mais bien présents, le tout sur un album dépassant allégrement la demie-heure syndicale. Road to ruin est clairement l’album qui marque une nouvelle ère pour les ramones.

En amélioration constante depuis son premier brouillon libérateur, la fausse fratrie new yorkaise livre ici son disque le plus équilibré. Fini les riffs sonnants comme des tronçonneuses prêtes à déchiqueter toute notion de virtuosité rock , Johnny développe désormais son propre feeling. Et réussit désormais à varier les registres.

I just want to have somethin to do sonne comme une version punk des premiers led zeppelin , le guitariste ayant appris à laisser respirer ses décharges rythmiques, afin d'en décupler l’effet. On trouve toujours notre lot de rythmiques foudroyantes, comme bad brain ,ou i’m against it, mais la production ample s’éloigne du son tranchant des premiers disques.

Road to ruin n’est plus un pavé primitif, c’est un véritable album varié et travaillé. Le groupe réclame une reconnaissance qui tarde à venir, la ballade acoustique « don’t come close » s’alliant à la classieuse reprise de « needles and pins », et à la mélodie réconfortante de « questionengly », pour tenter d’imposer les ramones au sommet des ventes. Ajoutez à cela les progrès vocaux d’un Joey Ramones qui ne se contente plus de crier dans le micro, et vous obtenez le disque le plus abouti des marginaux américains.

Road to ruin est le plus parfait équilibre entre les ambitions commerciales du quartet , et sa rage juvénile, leur sergent pepper en quelque sorte. Mais, malheureusement, le succès ne sera toujours pas au rendez-vous, obligeant le groupe à poursuivre le rythme infernal de ses tournées.

Lassé de cette cadence, Tommy Ramones jette l’éponge à la fin des sessions d’enregistrement. Pour le remplacer, les ramones recrutent Marc Bells , qui est surtout connu pour avoir participé à l’enregistrement de blank generation des vodoids.

Une page se tourne, mais la prochaine n’est pas moins passionnante.

End of the century

Résultat de recherche d'images pour "the ramones end of the century""

Parler de End of the century , c’est rejouer l’éternel combat entre les pros et les antis Spectors. Si son Wall of sound a inspiré Springsteen lors de l’élaboration du lumineux born to run , le boss ne devait sa réussite qu’à un équilibre que le cinglé pop serait bien incapable de reproduire.
                                                                                                                                                       
Ancêtre de la compression, qui transforme toute musique en glaviot informe, sa technique d’enregistrement se résume à une fange sirupeuse qui engloutit même le génie des beatles.  Pourtant, l’incompréhension autour de cet album est autant lié à l’erreur de jugement des rares fans des ramones qu’aux bourdes Spectoriennes.

Avant d’être des punk, les ramones étaient de grands fans des beatles et de la pop de la grande époque . Leurs racines sont là , dans ses refrains innocents et légers qui firent le succès des premiers titres des grands groupes de pop anglaise. C’est d’ailleurs pour cela que Spector choisit de commettre son prochain forfait sur les new yorkais, il avait compris que gabba gabba hey était l’équivalent moderne de « da doo ron ron ». Et, contre toute attente, la sauce va en partie prendre, end of the century s’affirmant comme un des rares disques du producteur qui ne donne pas envie de balancer sa platine par la fenêtre. 

L’enregistrement , lui , fut un enfer , le producteur se conduisant comme un véritable dictateur , usant de tous les moyens pour faire répéter le groupe, jusqu’à trouver la formule collant à ses idées foireuses. Ne se promenant jamais sans son arme, le docteur Jekyll des studios va jusqu’à pointer son pétard sur Dee Dee, pour l’obliger à recommencer ses parties de basse.

A la fin, l’expérience ne laissera de bons souvenirs à personne, et donnera naissance à un disque étonnant sans être brillant. Même si la rencontre entre le wall of sound et le wall of noise produit son lot de moments d’anthologie.

Les Ramones semblent transportés au milieu des sixties , l’annonce ouvrant l’album semble d’ailleurs tout droit sortie d’un vieux transistor. Voilà donc nos ramones balançant leurs refrains punks dans un décor vintage, Joey chantant « it’s the end of the seventies , it’s the end of the century » au milieu d’une production grandiloquente que n’aurait pas renié les groupes les plus raffinés.

Cette première partie n’est pas une compromission, c’est une révélation, les ramones renaissent grâce à ce son ample et plein d’écho qui fit le bonheur de John Lennon. Les premiers titres sont des réussites, les ramones se contentant de poursuivre les progrès effectués sur road to ruin, pendant que Spector ne fait qu’en souligner la simplicité pop. Classique du groupe de Dee Dee Ramone , Chinese rock montre un Spector qui a enfin compris qu’il n’était qu’un humble artisan chargé de mettre en valeur ses nouveaux protégés.

Et puis l’égo de l’escroc Spector reprend le dessus, et l’incite à répéter sur « baby i love you » le crime qu’il avait déjà commis sur « the long and winding road », les violons effectuant un travail de sape écœurant.

Le reste de la seconde face est du même niveau, montrant ainsi que le mur du son et le mur du bruit ne cohabitent pas, ils se succèdent. Spector s’est réservé la seconde face, détruisant ainsi tout ce que le groupe avait réussi sur la première , et si les ramones parviennent à reprendre la main sur « rock n roll higt school », c’est sans doute grâce à une négligence de ce terroriste du son.

Au final , on obtient une demie réussite , un disque frustrant et massacré par le plus grand tartuffe de l’histoire du rock.


Pleasant dreams

Résultat de recherche d'images pour "the ramones pleasent dream""

D’une certaine façon, Spector a tenu ses promesses avec end of the century. Sans doute boosté par la réputation surfaite du producteur, le disque devient vite le plus vendu du groupe. Les chiffres restent toutefois modestes, et couvrent à peine les frais d’enregistrement. Mais surtout, les fans de la première heure voient d’un mauvais œil cette main tendue au grand public, et sa participation à un ridicule film de série B.

Pendant ce temps, le punk commence déjà à s’essouffler. Avec Sandinista , les clash ont signé leur arrêt de mort , en produisant un triple album cacophonique et inécoutable en une fois. Vulgairement appelé new wave , les restes du punk survivent difficilement à travers les quelques pépites d’Elvis Costello et des Jam, pendant que blondie , Patti Smith , et les stranglers se noient dans les méandres de la pop synthétique.

Pleasant dreams sort donc au milieu de ce vide, et obtiendra le même mépris que ses prédécesseurs. Pour les fans , Spector a tué les ramones , et la production très pop de pleasant dreams ne fait que confirmer leur sentiment. L’homme était pourtant une étape logique dans le parcours d’un groupe qui n’a cessé de s’affiner, mais les ramones resteront toujours prisonnier de l’image de gentils sauvages qu’on leur a collé.
                                                               
Si il durcit le ton , la critique fustige sa violence primaire , alors que toute touche pop est vue comme une trahison par les fans, laissant le groupe coincé entre le marteau et l’enclume. Pleasant dreams est pourtant un bouillonant manifeste pop punk , we want the airwave s’affirmant comme le nouvel hymne rageur d’un groupe qui s’est toujours vu comme le sauveur du rock. Et d’hymnes , ce disque n’en manque pas. The KKK took my baby away botte le cul de la pop , pendant que le groupe pose des bases que les punk rockers ne feront que copier sur «  sitting in my room » , « this business is killing me » , et autres perles juvéniles.    

Au final , si les ramones ont sans doute accentué leur coté pop, pour échapper à la déchéance de la vague punk , ils sont les seuls à le faire en gardant une telle énergie. Non, Spector n’a pas tué les ramones , le groupe a juste digéré ses enseignements, pour les soumettre à grands coups d’hymnes punk rock .  

    

    

dimanche 17 novembre 2019

The Ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 1


Résultat de recherche d'images pour "ramones""

Attention, cet article est un plaidoyer à la gloire de la simplicité, une tomate envoyée à la figure de ceux qui oublièrent que le rock est avant tout un cri primaire. En un mot comme en mille, c’est un manifeste pour réhabiliter la foisonnante discographie d’un groupe qui fit tant, avec seulement 3 accords. Sur ce, lançons notre cri de guerre et entrons dans la légende : Gabba Gabba Hey !

La jeunesse des ramones semble tirée d’une chanson de Lou Reed , avec ses dealers attendant leurs dûs aux coins des rues , et ses couples dysfonctionnels créant leurs propres purgatoires. Johnny et Dee Dee venaient de ses bas-fonds new yorkais , et Dee Dee a connu la « fièvre blanche » dès ses quinze ans , afin d’oublier les délires d’une mère déséquilibrée et d’un père alcoolique.  Johnny n’est pas issu d’un milieu plus reluisant, et copiera vite le tempérament autoritaire d’un père qui n’hésite pas lui demandé « alors j’ai élevé une fiotte ? » à la moindre de ses défaillances.

Cet environnement particulièrement dur va forger le caractère agressif de Johnny, qui trouve vite en Dee Dee un compagnon de misère. Avec sa coupe au bol et son air paumé, Dee Dee ressemble à un fan des beatles perdu dans un roman de Burrough , alors que Johnny développe une rage qui force naturellement le respect.

Ce parcours erratique, les amènes à croiser la route de Tommy et Joey, comme si leur air paumé les avaient prédestiné à créer un groupe. Fondateur du gang , Tommy dira lui-même que personne n’aurait parié un kopec sur cette bande de marginaux , qui joue en public avant même de maitriser leur instrument.

Après plusieurs tâtonnements, les rôles se définissent, Dee Dee découvre « qu’il y’a un do sur cette putain de basse » , et Joey s’affirme comme le digne frontman de ce gang de marginaux. Ayant frôlé l’hôpital psychiatrique, après qu’on lui eut diagnostiqué une « schizophrénie paranoïaque, il se nourrira de cette expérience pour chanter les classiques délirants qui jalonneront l’histoire du groupe.

Le rock est la seule bouée de sauvetage des Ramones , le seul milieu susceptible de leur donner une place, et ils s’y jettent comme si leur vie en dépendaient . D’abord tiraillé entre un chanteur et un bassiste obnubilés par les beatles , et un guitariste vénérant la violence led zepplinienne , tout ce petit monde se met d’accord en découvrant le premier album des New York Dolls.

Véritable chainon manquant entre la simplicité des premiers beatles et la violence crue de led zepp, le groupe de Johnny Thunder montre la voie d’une agressivité sonore libérée de toutes préoccupations musicales.   
                                                                                                                               
Tout le monde peut le faire ! Voilà le message des Dolls , message que les ramones vont propager à un rythme infernal. D’abord catastrophique, leurs concerts prennent progressivement la forme de bombardements libérateurs , où les faux frères New Yorkais prennent à peine le temps de s’arrêter entre les titres.
                                      
Johnny résumera cette philosophie de manière un peu pompeuse en affirmant «  le rock se mourrait et nous voulions le sauver ». C’est que le rock commençait à sérieusement se regarder le nombril, se prenant lamentablement au sérieux à travers ses instrumentaux interminables , ses solos vertigineux , et ses concepts élitistes. Quand Dee Dee hurle « one , two, tree, four » , c’est plus pour annoncer une nouvelle salve contre cet académisme d’opérette, que pour fixer la mesure de titres souvent calqués sur la même cadence.   

Le groupe devient rapidement la coqueluche du CBGB ,un  club bluegrass sur le déclin, qui se refait une santé en devenant le haut lieu de l’underground Américain. Entre ses murs , les Iggy Pop , blondie , Patti Smith et la crème du nihilisme rock écrit les premières pages de sa légende. C’est aussi là que, subjugué par l’énergie des faux frères ramonseques , Mclaren trouve le dernier élément de son plan de conquête des charts : il se nommera sex pistols.

On retiendra aussi cette phrase lancée par Joey à Joe Strummer « Nous sommes nuls. Si tu attends d’être bon pour former un groupe, tu seras trop vieux quand ça arrivera ». En 1976, Danny Fields, l’homme qui découvrit le MC5 et les stooges , invite ces « nuls » à enregistrer leur premier album.
La cartoo… Euh la légende peut commencer.

Ramones

Résultat de recherche d'images pour "ramones""

Premier journaliste français ayant chroniqué ce disque , Philippe Manœuvre réussit au moins à résumer l’incompréhension , voire le mépris , dont le groupe sera victime tout au long de sa carrière .
« On avait besoin de nouveaux stooges , pas de mecs avec des T shirts mickeys » déclare t’il quelques années plus tard.

Les ramones ne faisaient pourtant que perpétuer le message du groupe d’Iggy Pop , en le radicalisant. « search and destroy » et « blitzkrieg bop » sont fait du même bois , ils rendent aux gamins une musique confisquée par les expérimentations prétentieuses des dinosaures de stades.

Fini les solos à rallonge , les instrumentaux se perdant dans des délires alambiqués , ce premier album se résume à quinze parpaings pop ne dépassant jamais les 3 minutes. Trois accords , trois phrases , trois minutes , voilà la sainte trinité promue par les ramones , et servit par une production ultra minimaliste.

« Now I wanna sniff some glue » donnera son nom au magazine emblématique de la scène punk , qui passera une bonne partie de son existence à défendre vaillamment la verve ramonesque. Récités comme des mantras , les refrains entétants de « 53 rd » , « blitzkrieg bop » , et autres « sheena is a punk » viennent nettoyer le rock de la boue complaisante dans laquelle il s’était englué.

Mal vendu , descendu par la critique , « ramones » deviendra tout de même le disque underground le plus influent depuis le premier velvet.


Leave Home

Résultat de recherche d'images pour "ramones leave""

« Résumons nous : Les ramones représentent une partie infime de cette énergie que les stooges ont canalisé au péril de leurs vies, avec une maestra bien connue. »
Non , Monsieur Manœuvre , les ramones n’étaient pas un simple coup tenté par un manager aux dents longues.

Leur nihilisme,  les ramones le font survivre grâce au rythme infernal de leurs tournées comme les stooges avant eux. Là , leurs riffs deviennent moins mécaniques , les mélodies plus fluides, mais la simplicité reste. Le message est le même , « carbonna not glue » s’incrivant dans le même sillon décadent que sniff some glue, dans une série qui ressemble à une version minimaliste d’heroin.

La seule différence majeure entre ce disque et le précèdent, c’est que Johnny Ramones n’a plus l’air de tenir une guitare pour la première fois de sa vie. Plus carré , les refrain s’imposent comme une version sous speed de la pop sixties, « now i wanna be a god boy » bénéficiant d’un refrain taillé pour devenir aussi culte que « all you need is love », avant que les chœurs ne fassent leurs  apparitions sur swallow my pride. Avec les bruitages pop de beach boys de cartoon , ils montrent le besoin de reconnaissance d’un groupe qui commence à draguer le grand public.    


lundi 13 mai 2019

RAMONES : IT'S ALIVE (enregistré en 1977, sorti en 1979)


FORMATION
Joey (chant)
Dee Dee  (basse)
Johnny  (guitare)
Tommy  (batterie)





New York 1976, quatre types débarquent, sortis de nulle part, ou alors tout droit d'une BD, avec leur look de rockeurs des 60's, et ce chanteur dégingandé avec ses lunettes d'intello et ces cheveux longs (Joey a longtemps été proche du mouvement hippie) : ces quatre types vont bientôt enregistrer leur premier album ; leur nom ? les Ramones.
Et pourtant en l'espace de quelques années et de quelques albums ils vont tout simplement devenir culte.
En effet en 1976 sort le premier album du groupe considéré à juste titre comme le premier album punk rock de l'histoire.
Tout comme à Londres à la même période, à New York, tout s'accélère très vite y compris sur un plan musical.

Le punk a t-il été «inventé» à Londres ou à New York ? En fait peu importe, chacun a ses arguments, je me garderai bien de trancher. Il y a débat  car en fait les deux mouvements punk ont leurs points communs mais aussi leurs différences (ensuite il y a une autre thèse possible - et je l'avoue elle se défend - selon laquelle le punk serait apparu à New York et le mouvement punk à Londres).
A New York comme à Londres à la même époque 1974/75 la musique s'accélère, le look évolue, le mouvement hippie s'essouffle. Le glam rock est à la mode.

A New York l'influence d'Andy Warhol est prépondérante et le punk américain naît de fait d'un certain esthétisme (mais aussi d'une certaine révolte cela va de soit).
Les New York Dolls ont jeté l'éponge : les Heartbreakers n'ont encore rien enregistré et Blondie, Television, Patti Smith, Voivods ou Talking Heads ne peuvent pas encore être qualifiés de punk. Mais tous ces groupes commencent à faire parler d'eux ; toutefois c'est Ramones qui fera preuve de plus de réactivité.
Comme déjà dit le punk rock de NY a bien sur des points communs avec celui de Londres, mais ils ont aussi de nombreuses différences musicales et surtout sociales.
Le punk new yorkais s'inscrit dans une certaine continuité, le punk anglais s'inscrit lui dans la fracture qui secoue la perfide Albion.

A Londres le climat social est différent, quasi explosif, le mouvement est plus prolétaire, il porte en lui la rébellion, la haine du système, avec la provocation qui va avec. Le look aussi est différent, souvent plus « destroy ». La provocation pure et dure est également plus visible à Londres où les outrances et outrages sont monnaie courante.
Les Ramones sont moins provocateurs et nihilistes que les Sex Pistols , ils sont moins militants et politisés que Clash
A la différence des Clash les Ramones ne veulent pas changer la société et appeler à l'émeute
A la différence des Sex Pistols les Ramones ne veulent pas faire table rase du passé et cracher sur les vieux groupes

D'ailleurs les membres des Ramones revendiquent leur admiration pour les Beatles et les Beach Boys autant que pour les Stooges ou MC5.
Ce n'est pas leur truc (d'ailleurs Johnny est ouvertement républicain/conservateur), ils ne veulent rien changer du tout .
Les Ramones n'en veulent ni à la reine ni à l'Etat ni à la société, ils se contentent de décrire leur vie et leur état d'esprit.

Il n'y a pas la rébellion, la haine qu'on trouve chez de nombreux groupes punks anglais (sauf rares exceptions comme Buzzcocks)
Mais attention les Ramones ne dédaignent pas – punk oblige – une certaine provocation quand ils chantent « All the kids want sniff some glue ».
Et puis il y a leur dégaine : leur dégaine et leur look sont différents, ils cultivent une certaine « cool attitude », leurs paroles ne sont pas engagées (mais attention sans être extraordinaires elles sont moins « bêtes » et qu'elles n'y paraissent de prime abord ; mais le groupe à travers ses textes et son look perpétuent et cultivent cet aspect j'm'en foutiste un peu niais, l'air d'être indifférent à tout, un nihilisme un peu provocateur certes mais pas autodestructeur.

Et ce look différent des autres punk, cette dégaine, feront bientôt partis de la légende du groupe
Alors disons que les deux mouvements avaient chacun leur légitimité et leurs arguments (avec un état d'esprit un peu différents et peu importe qui étaient là le premier car les Ramones sont différents des Clash ou des Sex Pistols) ; et rappelons qu'avant eux existaient déjà des groupes « pub rock » ou « proto-punk » qui ont grandement influencé les premiers combos punk , qui ne sont pas sortis de nulle part.

Avec ce premier LP les Ramones posent les bases d'un certain punk rock. Objectivement il restera comme le premier album punk de l'histoire même si certains pensent comme je l'ai déjà dit plus haut, que le « vrai » punk vient de Londres mais au final peu importe.
Pour ma part je préfère cependant leur second disque « Leave home » sorti en 1977, mieux produit, mieux composé et qui est pour moi plus représentatif du « son Ramones » en studio
Toujours en 1977 sortira leur 3e LP « Rocket to Russia » très bon également (chaque album a ses fans)

Mais leur disque culte, celui qui met tout le monde d'accord, leur apogée, reste ce double album vinyl de 28 titres et environ 54 minutes enregistré en concert le 31 décembre 1977 à Londres et sorti en 1979.
Ce live, un des meilleurs jamais enregistré, contient les meilleurs titres des trois premiers albums, que du lourd, aucun temps mort, aucun temps faible et surtout les morceaux ont une rapidité d'exécution sans égale à l'époque
Il contient tous les classiques du groupes : : « Pinhead » « Now I wanna sniff some glue » « Blietzkrieg hop » « I wanna be a good boy » « Suzy is a headbanger » « Gimme gimme shock treatment » « Teenage lobotomy »...pour n'en citer que quelques uns parmi d'autres. Sans oublier le fameux « Hey oh let's go » et les « One two three four » qui débutent quasiment chaque titre.
En moins d'une heure les Ramones passent leur « tubes » à la moulinette avec ce fameux « son Ramones », les fameux riffs de trois accords de Johnny, basiques mais qui ont forgé la légende du groupe, la voix de Joey, chaude et plus mélodieuse que celle traditionnelle des autres chanteurs punk et dont le timbre se fera même sensuel sur les quelques balades que le groupe enregistrera.
Musicalement c'est du garage punk simpliste mais qui accroche et puis à cette époque les faux frères ne se détestaient pas encore notamment Joey et Johnny qui finiront par se haïr définitivement.
Quand un groupe sort trois excellents album de punk rock puis enregistre un double live avec un excellent son, live reprenant ses meilleurs titres cela donne un album...PARFAIT !

Ce « It's alive » est un sorte de « best of » en live des premières années des Ramones là où le son était le plus brut, le plus garage . Et on a quasiment jamais fait mieux depuis car ce « It's alive » malgré son côté simpliste est unique : 28 titres et 55 minutes de bonheur absolu  et de pogo sans fin !
Toutefois il faut noter que longtemps, et c'est parfois encore vrai de nos jours (mais beaucoup moins), le côté un peu « crétin » des textes et leur attitude en général ont rebuté la frange la plus radicale, la plus politisée et la plus sociale des punks qui pour certains n'ont pas considéré Ramones comme étant des leurs. Mais d'un autre côté le groupe a compensé en touchant d'autres fans (rock garage, headbangers..).

Pour conclure il faut rendre hommage aux Ramones car peu de groupes peuvent se vanter de faire partie du cercle fermé des groupes ou artistes ayant révolutionné le rock.
Les Ramones, quoiqu'on en pense, en tant que pionnier du punk, en font partie, sans rien revendiquer , en ayant l'air de rien, mais leurs riffs de guitare sans oublier leur dégaine sont rentrés à jamais dans la légende du rock. Culte pour toujours.