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samedi 17 novembre 2018

(LOST TAPES #04] The Move [éponyme] (1968)

(par Benjamin Bailleux)

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Si un élément a bien changé la vision de l’album, c’est la modernisation des studios d’enregistrements dans les sixties. Icône de ce changement, les Beatles se sont rués sur ces nouveaux jouets comme des affamés, demandant à leur producteur de mettre en place toute une série de dispositifs ingénieux, pouvant les amener à immortaliser les sons incroyables sortis de leurs grandioses inventivités.
« Je veux chanter comme un boudhiste psalmodiant du haut de la plus haute des montagne » dit Lennon. L’ingénieur du son cogite, déplace ses micros afin d’obtenir l’écho demandé, et voila que les Beatles font naitre "Tomorrow never knows" .
De l’autre coté de l’atlantique, les Beach Boys ont plutôt misé sur des cœurs luxuriants, une première pulsation de batterie devenue culte, et divers bruitages pop en produisant Pet Sound. Plus discrètement, Zappa n’a cessé de se servir des possibilités offertes par les studios d’enregistrement, donnant ainsi une ambiance particulière à ses œuvres, en collant certains enregistrements au milieu d’autres.

Freak out, Revolver, Sgt Pepper, Pet Sound, tous ces disques sont autant de chefs d’œuvres produits grâce aux bricolages géniaux de véritables savant fous des studios d’enregistrements.

Quand The Move entre en studio, pour enregistrer son premier album, ces disques sont déjà sortis, et leurs auteurs sont, pour la plupart, devenus riches et célèbres.  Il faut dire que, à ses début en 1966, le groupe était bien loin de s’insérer dans le rang de la pop savante pour « rocker mature ».

Encouragé par un manager qui a sans doute inspiré Malcolm Mclaren, The Move creuse le sillon du Rythm 'n Blues destructeur représenté par les Who. Comme le groupe de Pete Towshend à ses débuts, The Move arrive sur scène dans des tenues soignées, apte à séduire les jeunes Mods, avant d’incendier les salles dans lesquelles il joue. Il n’est pas rare qu’après une de leurs prestations, les pompiers soient appelés pour éteindre les incendies provoqués par ce groupe sulfureux.  

Et puis les pyromanes signent chez Decca, entrent en studio, et enregistrent des singles où brille leur amour pour les Beatles et les Kinks. Excentrique, énergique , et furieusement pop, The Move devient vite une grosse machine à tubes
Le succès des singles dans les Hit parades anglais permet à The Move de partager l’affiche avec Soft Machine, Pink Floyd et les Pretty Things lors du mythique festival 14 hour technicolor dream. Et puis vient le moment d’entrer en studio, pour enregistrer un premier album très attendu. Là , The Move  calme son agressivité, pour laisser libre cours à son inventivité.

The Move sort en 1968, et c’est un succès immédiat. Fortement marqué par le psychédélisme, le disque est un bazar génial, où le groupe multiplie les expérimentations et autres tours de passe-passe.

Cœurs enjoués, délires néoclassiques , refrains tendrement acides, arrangements minutieux, ce premier album, c’est le rock Anglais dans toute sa grandiose extravagance. Chaque titre est un tube en puissance, tout en contenant une originalité expérimentale que n’aurait pas renié les Beatles et les Kinks à leurs meilleurs heures.

On ne peut que regretter que le groupe n’ait pas réussit à se stabiliser, multipliant les changements d’effectif, avant de partir dans un progressif rock boursouflé sous la houlette de Jeff Lynne. Le génie frappe rarement deux fois, et ce disque en est la preuve éclatante. 

The Move à (re)découvrir sur Spotify.