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mercredi 6 janvier 2021

SUICIDAL TENDENCIES : Suicidal tendencies (1983)




Avant de passer au crossover (à partir de l'album "Join the army" ) puis au thrash métal (à partir de "How will I laugh tomorrow"...) avec le succès que l'on sait mais avec aussi quelques petits ratés discographiques, on oublie trop souvent que Suicidal tendencies a été l'un des précurseurs d'un certain type de hardcore ayant autant influencé le skate punk que la frange la plus extrême du punk US. 
Ce premier album est une bombe sortie en 1983 et qui marque le mouvement hardcore de son empreinte. Un des albums les plus agressifs de son époque et qui a largement influencé la musique extrême, quelle soit punk, hardcore ou métal. 

Il est d'ailleurs pour moi leur meilleur même si le groupe en a sorti quelques uns de qualité. 
Un style musical punk hardcore bondissant, tout en souplesse, d'ailleurs ce n'est pas pour rien que Suicidal tendencies a toujours été un des meilleurs groupes sur scène et Mike Muir un showman hors pair (le concert de ST de 1988 à l'Elysée Montmartre reste parmi les cinq meilleurs que j'ai pu voir, avec une intensité rarement égalée) . Et même sur disque on l'imagine bondir, courir et sauter tel un fauve ! Pas étonnant que Suicidal Tendencies a été une grande influence pour de nombreux groupes skate punk (rappelons le morceau "Possessed to skate" sur le second album) . 
Musicalement ST est toutefois différent des groupes punk hardcore de la côte Est des USA , ici la rythmique est moins lourde, plus aérienne. Avec beaucoup de changements de rythme, des accélérations, décélérations qui sont presque la marque de fabrique musicale de Suicidal tendencies. 
Il y a certes un côté un peu bourrin parfois mais c'est plus technique que ça en a l'air. Les musiciens assurent et les compositions montrent beaucoup de liant. 

C'est très novateur dans le genre et assez différent également par rapport aux ténors du hardcore US à savoir à Dead Kennedys, Black flag, Bad brains ou Minor threat ... Et à 1000 lieues des groupes punk britanniques de 1983 tels Exploited ou GBH. 
Et puis ST c'est aussi le look, celui des gangs à l'instar des groupes hardcore de la côte Est, ici les gangs sont ceux de Los Angeles et les fameux bandanas. 
Car ce premier album des Suicidal tendencies ne ressemble à rien de semblable déjà sorti dans le punk hardcore. C'est bien violent tout en gardant toujours une certaine mélodie. Mais comme je l'ai déjà dit ce qui caractérise ST et qui sera sa marque de fabrique y compris quand le groupe prendra son virage crossover puis thrash métal ce sont les changements de rythme incessants qui ponctuent quasiment chaque titre. 

Des accélérations de folie, souvent cinglantes atteignant pour l'époque une vitesse quasi inouïe. 
Le groupe a aussi un son et un style propre, quasiment inimitable, la façon de chanter de Muir y étant également pour beaucoup. 
Une voix assez spéciale , presque chaloupée et qui monte progressivement en intensité. 
Et puis un mot sur les textes fidèles au genre mélangent politique, social et humour décapant avec le petit zeste de provocation mais sans être méga politisées comme Dead Kennedys ou MDC. 
Ça commence avec "Suicidal's an alternative / you 'll be sorry" qui donne le ton. 
Le mélange des tempos vous prend à la gorge, pas le temps de respirer. Idem pour "Subliminal" , "Institutionalized", "I want more" et l'excellent "I saw your Mummy" . 

Certains de ces titres annoncent déjà l'album suivant "Join the army", plus crossover et qui ne sortira que quatre ans plus tard en 1987.
D'autres titres privilégient le rentre-dedans sans détour : "Fascist pig" , "Memories of tomorrow" et le sulfureux "I shot the devil", morceau dans lequel Mike Muir se met dans la tête du type qui a tiré sur le président Reagan et livre un texte au vitriol. Pour moi le meilleur titre de l'album avec "I saw your Mummy" . 

Sur "I want more" la voix de Muir se fait même douce, posée et calme par moment. Quant à "Suicidal failure" qui termine l'album c'est un titre presque cool dans la première partie , qui monte progressivement en puissance pour finir en apothéose. 
Que les morceaux soient courts et rentre dedans ou longs et plus travaillés il se passe toujours quelque chose avec ST. 

Ensuite que ce soit dans sa période crossover ou thrash métal Suicidal Tendencies reprendra en partie la même recette mais avec des morceaux mieux structurés, plus travaillés et surtout un son très différent, notamment au niveau des guitares. 
Mais nous avons là un monument du punk hardcore et un des disques les plus ultimes de la première moitié des années 80.

Un brûlot punk hardcore parmi les meilleurs du genre, une tuerie avec des classiques à la pelle, des morceaux indémodables et qui resteront des modèles du genre tels "I shot the devil", "I saw your mummy", "Institutionalized", "Subliminal", "Suicidal's an alternative / you will be sorry", "Fascist pig", "Two sided politics"... Quasiment tous les titres en fait !!!

lundi 12 octobre 2020

THE SAINTS : Eternally yours (1978)

 


Après un premier 45 tours autoproduit sorti dès 1976 les australiens de The Saints enregistrent un premier album en 77, véritable brûlot punk déjà plus que convaincant, « (I m) stranded »* (lequel sort d’ailleurs avant le « Never Mind the Bollocks » des Sex Pistols). Ils sont vite repérés par ceux qui profitent de la vague punk pour trouver de nouveaux bons groupes ; d’ailleurs à peine arrivé en Angleterre que The Saints tournent déjà 1977 aux côtés de Sex pistols et Talking heads notamment.
Le groupe, formé dès 1974, vient du pub rock, et donc contrairement à beaucoup d’autres combos de l’époque ses musiciens ne sont pas complètement des nouveaux venus et ont donc un peu de bouteille.


« Eternally yours », sorti en 1978, est donc le 2e album des Saints.
Disons-le tout de suite le groupe se trouve un peu à la marge du punk de par ses influences et son histoire, avec un peu la même méthode que Buzzcocks, quoi que les deux groupes soient malgré tout différents, c’est à dire qu’ici la mélodie n’est jamais sacrifiée au profit de l’énergie, les deux s’équilibrant parfaitement, avec en plus un côté assez crade.
Cela débute par « Know your product » et d’entrée ce qui marque l’auditeur c’est la voix atypique de Chris Bailey, assez proche de celle d’Iggy Pop (mais généralement l’influence des Stooges sur The Saints est évidente), grave, veloutée, chaude et sur certains morceaux presque crooner, en tout cas assez singulière dans le punk et très éloignée d’un Jello Biafra et d’un Johnny Rotten.
Ce premier morceau est un boogie punk rock’n’roll avec des cuivres ; c’est vraiment assez osé de placer ce titre qui s’éloigne ouvertement du punk en ouverture de l’album.
« This perfect day » est un peu similaire mais sans les cuivres et avec une guitare complètement déstructurée.
Sur « Lost and found » ça dépote, on revient à de l’excellent punk rock « classique », plus rapide, plus traditionnel, archétype des années 76/78 tout comme « Run down » et son harmonica qui donne un côté blues crade.
« New Centre of the Universe » et « ( I m ) misanterstood » sont deux autres très bons morceaux de l’album où les Saints montre que le punk rock ils connaissent sur le bout des ongles.


« Memories are made of this », « A minor aversion » et « Untitled » sont des « ballades rock » bien ficelées, emmenées par une voix assez magique qui vous embarque parfois assez loin, émotionnellement parlant.
« Ostralia » est dans un autre registre, avec un beau refrain qui claque comme un « hymne », tout comme « International Robots » qui clôture l’album et sa mélodie assez bizarre.
Mais le petit bijou, la petite pépite du disque reste le sublime « Private affair » : du punk enveloppé dans du velours.


« Eternally yours » se distingue par son alternance de titres punk rock parfois mâtinés de garage/blues/boogie (un côté rock garage boogie blues somme toute logique, comme pour tout australien qui se respecte) et de ballades rock mais au final c’est tout simplement davantage un grand album de rock, bien au-delà du punk rock dont The Saints s’éloigne en incorporant d’autres styles musicaux (garage, R’n’B, blues rock...) et d’autres instruments (harmonica, cuivres, piano/claviers) et de fait, comme d’autres groupes issus du punk, The Saints, dès 1978 élargit sa palette musicale sans être trop commercial, c’est à souligner et un gardant toujours un côté sale même dans ses titres les plus « pop ».


Bien sûr cette évolution ne sera pas du goût de tout le monde et certains fans de « (Im) stranded » seront déçus.
Et puis comme les Ramones les Saints sont des punks aux cheveux longs, avec un look plus à la Rory Gallagher qu’à la Johnny Rotten !!
« Eternally yours » est un album sans prétention mais remarquablement construit, vif, brut, nerveux, représentatif de l’époque et des plus efficaces tout simplement.
Du punk rock bien ficelé et surtout la découverte d’une voix trop méconnue mais franchement bluffante.
Et cet album, comme le précédent, fait partie d’un héritage qu’on a parfois tendance à oublier et à trop résumer aux mêmes groupes (Sex Pistols, Clash, Ramones, Buzzcocks…).
Car on tient ici assurément l’un des 10 meilleurs groupes de la période 76/79.
Pour résumer les meilleurs titres selon moi : « Private affair », « Lost and found », « New center of the univers » et à un degré moindre « Know your product », « (I m ) misanterstood » et « Untitled »

*Album que Benjamin a fort bien chroniqué ici même

lundi 31 août 2020

LUNACHICKS : Jerk of all trades (1995)

Formation :
Theo Kogan : chant
Sidney « Squid » Silver : basse, seconde voix
Gina Volpe : guitare
Sindi Benezra Valsamis : guitare
Chip English : batterie


Après un « Babysitters on acid » et un « Binge and purge » corrects mais sans plus, quel choc que ce « Jerk of all trades » démentiel  à tout point de vue (son, compositions, voix, originalité).
Formé à la fin des années 80 par cinq new-yorkaises le groupe a sorti pas mal d'enregistrements (EP, LP, live) mais deux sortent du lot « Jerk of all trades » et « Pretty ugly » l'album qui suivra.
16 titres, 16 réussites, rien à jeter, tous les titres sont bons ; on pourrait en faire 16 « tubes »  punk rock  !

Sorti sur le label Go Kart ce disque est l'un des dix meilleurs albums punk rock (au sens large) de tous les temps !
C'est tonique, rafraîchissant, neuf, au delà du punk rock.
Lunachicks nous surprend, nous étonne, c'est souvent imprévisible.
Pour résumer : énergie + mélodies/refrains au top + gros son + originalité + trouvailles dans les compositions travaillées (musique et surtout la voix) et qui marquent les esprits.
Lunachicks assimile , absorbe aisément ses influences rock, punk, métal et garage pour prendre le meilleur à chaque fois et pour sortir quelque chose d'assez unique, quelque chose qui se démarque de ce qui avait déjà été fait dans le genre, sans oublier l'humour, le look, les paroles décalées, l'attitude, les pochettes, leur amusement à s'enlaidir (y compris sur scène), le côté loufoque et « provoc » second degré du meilleur goût que j'adore.

Je soupçonne la chanteuse Theo Kogan d'avoir un peu écouté (voir beaucoup écouté) Nina Hagen, source d'inspiration évidente avec la volonté de trouver de nouvelles tonalités et intonations vocales, de nouvelles subtilités dans la façon de chanter et d'une part ça fonctionne et d'autre part cette influence est loin de me déplaire.
En tout cas Théo est sans doute la meilleure chanteuse punk depuis Nina.
Si la musique tient (bien) la route et assure sans problème le côté vocal / harmonies / est vraiment le plus du groupe.
Au niveau musical la marque de fabrique du groupe sont les nombreux changements de rythme, qui donnent de la vigueur aux chansons et qui font qu'aucune n'est monotone, des breaks au moment où on ne les attend pas, toujours dans la surprise d'où l'originalité (par exemple de la guitare « flamenco » sur « Drop Dead » ou du cor de chasse sur « Jerk of all trades » !!!).

On trouve trois morceaux hyper rapides du vrai punk qui arrachent « Drop dead », « Buttplug » et « Jerk of all trades » (ah ce titre ! Implacable, imparable, une grosse claque !).
Le reste des titres est à géométrie variable c'est à dire alternance de tempos quasiment à chaque titres par exemple « Spoilt », « Bitterness Barbie », «  Insomnia », « Dogyard »...
Tous les titres sont bons donc mais mes morceaux préférés sont « Drop dead », « Fingerful », « Dogyard », « Insomnia », « Jerk of all trades » , « Brickface + stocco » mais le must du must reste l'enchaînement du génial et hallucinant « Bitterness Barbie » avec « Deal with it » (vocalises sublimes, effets de voix de haute tenue).

Plus original que L7, Babes in Toyland ou Hole davantage marqués grunge, plus déjanté aussi mais surtout plus créatif dans la démarche et dans ce que le groupe arrive à produire.
Une réussite incontestable, un groupe trop méconnu et qui mériterait d'être redécouvert y compris dans les milieux du punk et du rock alternatif (mais l'album est sorti sur un « petit » label c’est vrai et c’est l’éternel problème de nombreux groupes punk talentueux mais qui ont, volontairement ou non, fui les majors et sont victimes d’une distribution souvent limitée - et encore Go Kart n'est pas le plus petit d'entre eux).
Et n'hésitez pas à jeter une oreille sur « Pretty Ugly » l'autre super album des Lunachicks.
Un coup de maître et un de mes coups de cœur…mais peut-être que sur ce coup là vous ne me suivrez pas !




mercredi 29 avril 2020

BAD BRAINS : Bad Brains

Formation
H.R : chant
Dr Know : guitare
Darryl Jenifer ; basse
Earl Hudson : batterie



Imaginez : nous sommes à la fin des 70's, non vous ne rêvez pas il y a bien quatre types, quatre noirs, quatre rastas jouant du punk hardcore hyper rapide, hyper violent comme jamais et vous avez Bad Brains, groupe atypique s'il en est ! (et dont le nom vient d'un titre de l'album Road to ruin des Ramones).
Formé en 1977 le quatuor a galéré un moment jusqu'à ce « Bad brains » véritable premier album sorti en 1982 (même si certaines démos, les fameuses « Black dots », datent de 1978), l'album qui a fait découvrir le groupe, celui qui contient ses classiques.
Le groupe a également eu un petit coup de pouce de Martin Scorcese en 1985 en participant à la bande son du film After hours avec « Pay to cum » leur titre phare, une tuerie (vous savez la scène qui se déroule qui un club un peu glauque avec un groupe de « malades » sur scène et bien ce groupe c'est Bad Brains).
Comme je le disais précédemment les classiques sont présents : du punk hardcore dévastateurs, des morceaux courts, sans fioritures : « Sailin on », « Attitude », « Banned in DC » (dans lequel le groupe raconte ses déboires pour jouer à Washington), « Fearless Vampire Killers », « I », « Rock brigade » et Pay to cum ; sur « Pay to cum » et « Banned in DC » les deux brûlots, les Bad brains font carrément parler la foudre avec une guitare qui crache du feu.


Et comme à chaque album Bad Brains délivre quelques reggae de bon niveau / « Jah calling » Leaving babylone » « I luv I Jah » qui font figure d'interlude entre deux déflagrations.
Parfois le punk se fait un peu plus mélodique et cela donne « Big take over ».
On reste globalement proche Dead Kennedys, MDC ou Minor threat, du punk/hardcore sans concession qui annonce les vagues déferlantes venues de Boston et de New York ; Bad Brains est un vrai pionner, un des fers de lance du punk / HC americain (auquel on peut rajouter Black Flag) mais pas toujours reconnu à sa juste valeur car les 4 rastas font sans contestation possible partie des trois ou quatre groupes qui ont inventé le genre...tout en étant souvent oubliés !


Je ne suis pas loin de penser que si le groupe était blanc son influence majeure dans le mouvement punk serait encore davantage reconnue (mais ça on le saura jamais).
Quant aux textes ils naviguent entre prises de position politique, sociale avec une partie centrée sur la religion rastafari mais pour être complet il faut aussi préciser que le groupe a été accusé d'homophobie.
Et puis n'oublions pas « Pay to cum » l'un des 5 meilleurs morceaux punk hardcore de tous les temps.


Les Bad Brains sont de redoutables musiciens aussi bons dans le punk hardcore, le reggae que plus tard dans d’autres style (par exemple sur l’album Quickness sorti en 1989 avec une sorte de rock lourd et presque expérimental difficile à classer) notamment le guitariste dont les riffs tranchants sont plus que travaillés pour du punk hardcore.Quant au chanteur avec son phrasé très saccadé sa voix surprend donnant encore un plus d’originalité.
Après leur âge d’or (1980-1986) là suite de leur carrière est un long fleuve pas vraiment tranquille, ponctué de hauts et de bas, problèmes judiciaires, hospitalisations, histoires de drogues et d’embrouilles entre membres avec toutefois quelques sursauts et retours en force mais ceci est une autre histoire...

Toutefois Bad Brains, quoi qu'il arrive, restera un groupe unique dans l'histoire du punk rock.

dimanche 1 mars 2020

The saints : I'm Stranded


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Nous sommes en 1977 et, menée par une bande de faux frères New Yorkais, une horde de musiciens amateurs lancent leurs glaviots minimalistes sur le cadavre du mouvement hippie.
La révolte fut en réalité initiée dès la fin des sixties, avec les cris rageurs d’Iggy Pop , et la poésie nihiliste du Velvet Underground. Fustigeant l’immobilisme d’une musique qui trainait ses vieilles légendes comme des boulets, le punk est progressivement tombé dans une autre impasse.

Sa philosophie incitait les groupes à se saborder après quelques mois. La plupart n’avait même pas le temps de laisser une trace de leur passage. Le punk était une étoile filante au milieu d’un champ de ruine, et on essaie aujourd’hui de reconstituer son fulgurant parcours.

Les saints sont sans doute une des parties les plus lumineuses de cet héritage oublié. Respectant à la lettre l’esthétique « do it yourself » , ils produisirent eux mêmes leur premier single. Nous sommes à l’apogée du punk et de la power pop et, si il n’a pas fait de vague dans les charts , le 45 tours attire rapidement l’intérêt d’un label. Sire record s’empresse donc de signer le groupe, et de promouvoir son disque aux Etat Unis.

La firme est bien consciente qu’une déflagration pareille risque de ne pas durer, et elle doit elle aussi en profiter. L’album « I’m stranged » sort donc en 1977, quelques mois avant nevermind the bollocks.

On peut logiquement se demander ce que le punk serait devenu si, à sa sortie, I’m stranded avait été aussi célébré que son petit frère anglais. Rugueux est corrosif, une bonne part de ce disque ramène l’auditeur à l’époque où les stooges balançait un rock plus bruyant que toutes les usines de Detroit.

Les saints étaient des gladiateurs chargés de mettre l’Amérique face à cette énergie d’une violence inouïe, que les stooges domptèrent au péril de leur vie. Guerriers de la routes, ces australiens n’hésitent pas à croiser le fer avec les riffs déchirants des frères Asheton.

« Erotic neurotic » et « I wanna Be your dog » sont aussi synonyme que « Come together » et « you can’t catch me » , ce sont les puissants échos d’une énergie abrasive. La production très crue fait tout pour accentuer cette proximité, et nous transporte dans la genèse du son de Détroit.

Heureusement, contrairement au groupe d’Iggy, les saints ne feront pas l’erreur de ralentir le rythme à mi parcours. Ils parviennent au contraire à insuffler un peu de finesse à ce brasier électrique.

Story of love et missin with the kid sont dotés d’une douceur punk pop qui annonce les jams , plusieurs mois avant la sortie d’in the city . One way street, lui, place le groupe dans le sillon du punk new yorkais, ses riffs speedés flirtant avec le son des Ramones.

Après ça, le punk pouvait déjà mourir. Suite à la sortie de « nevermind the bollocks » , la critique ne verra « i ‘m stranded » que comme un autre écho de la verve du groupe de Johnny Rotten.

En fin de compte, le mouvement Punk n’est pas mort assez tôt pour rendre justice à ses plus grands héros.       

dimanche 23 février 2020

METAL URBAIN : Les hommes morts sont dangereux *


Formation : (musiciens ayant participé à Métal Urbain période 1976-80)

Clode Panik : chant

Eric Débris : machines puis chant après le départ de Panik

Pat Luger : guitare

Hermann Schwartz : guitare

Ricky Darling : guitare

Zip Zinc : machines

Charlie H : machines




Métal Urbain fondé en 1976 est l'un des premiers groupes punk français (avec Asphalt Jungle et Stinky toys) mais surtout le meilleur.
Dès le départ il créé son propre style, différent du punk anglais, avec une esthétique clairement influencée par Warhol (et le pop art), le Velvet Underground, Bowie, sans négliger les Stooges dont il reprend « No Fun ». Mais surtout avec
sa boîte à rythme, ses "machines" et ses "bidouillages" vaguement électro, Métal Urbain est un vrai pionnier, le créateur d'un nouveau genre dont il vient de donner naissance sans le savoir : l'électro punk (nommé ainsi bien plus tard) ; Métal Urbain se place d'emblée à l'avant garde  et influencera de nombreux groupes des années 80 et 90, les Bérurier Noir en tête, presque un précurseur du post punk mais ils ont  peut-être eu le tort d'être trop tôt en avance sur son époque car la reconnaissance ne viendra que beaucoup plus tard. Trop tard
même.


La première chose qui frappe est que la boîte à rythme est remarquablement utilisée, donnant aux morceaux une créativité nouvelle et jusque là quasi inédite : mélange de punk et d'électro (attention ce sont bien les guitares qui sont en avant les "machines" et "programmations" n'étant là pour que "colorer" les compos). Et en fait en écoutant attentivement c'est plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord notamment au niveau des arrangements.
« Les hommes morts sont dangereux» sorti en 1981 alors que le groupe était déjà dissous est en fait une compilation de divers enregistrements de 1976 à 1980 (45 tours, Peel sessions...) ; de même que l'excellente compilation « l'Age d'or » reprend l'album « Les hommes morts sont dangereux » bonifié d'inédits, de reprises et de live.


En fait les albums/compils « l'age d'or », « crève salope » ou « les hommes dangereux » regroupent plus ou moins les mêmes titres.
Comme de nombreux groupes punk les textes sont provocants, subversifs mais intelligents et plutôt originaux, associés à une certaine sophistication, à un esthétisme assez avant-gardiste.
Ajouté à cela un sens inné de la compositions, une utilisation des machines qui apporte indéniablement un plus, des morceaux entraînants et des refrains au petit oignon (« Atlantis ») et vous avez du punk remarquablement novateur pour l'époque.
D'ailleurs de nombreux groupes ou artistes ont reconnu l'influence de Metal Urbain : Bérurier Noir, Jello Biafra (Dead Kennedys, Lard), Steve Albini (Big Black, Shellac).


« Ghetto » : on a l'impression d'écouter le premier album des Ludwig von 88 dix ans avant sa sortie.
« Hystérie connective » : ma préférée, avec des textes complètement délirants ET surréalistes.
Beaucoup d'excellentes compositions : « Panik » (le titre qui les a fait connaître) , « Paris maquis », « 50/50 », « Anarchie au palace » (qui dénonce dès la fin des 70s la récupération du punk par les snobinards  branchés, Régine en tête), « Crève salope » et ses paroles sulfureuses qui s'en prend au chroniqueur rock Philippe Manoeuvre ... des classiques du groupe et plus généralement du punk français.


A noter également le très bon « Numéro zéro » et « E 202 » qui se moque des écologistes de manière assez marrante et provocatrice.
Sur « Lady coca cola » on a une autre facette de Métal Urbain : de la cold wave electro avant gardiste différent des autres titres où l'esthétisme pop art est présent et où les bidouillages synthétiques sont délibérement mis en avant, donnant une sensation de froideur majestueuse.


Citons enfin « Clé de contact », morceau là aussi différent au niveau du rythme, plus rapide tout en restant très rock.
Le groupe a connu un certain succès à l'étranger notamment aux USA mais il a été descendu en France par la presse rock de l'époque (Best et Rock and folk) d'où une rancune tenace vis à vis de ces magazines et notamment vis à vis de Manoeuvre et Eudeline (pourtant un ancien punk celui là !!).
Metal Urbain se reformera en 2006 pour un nouvel album (produit par Jello Biafra himself) correct sans être extraordinaire « J'irais chier dans ton vomi »), Eric Débris qui officiait au synthé/programmation ayant remplacé avec moins de talent Clode Panik le premier chanteur.


Mais que ce soit avec cet album ou avec l'Age d'or ou Crève salope on réécoutera avec plaisir l'un des groupes les plus marquants et innovants de l'histoire du rock français. Et si Métal Urbain demeure moins connu que les Bérurier Noir il reste le groupe français le plus important, le plus influent et le plus créatif de l'histoire du punk de notre Héxagone
Car si la France n'est pas un pays de culture rock on a quand même eu quelques sacrés bons groupes, il suffit juste de chercher un peu pour les trouver...


* Sorti en 1981 mais composé de titres enregistrés entre 1976 e
t 1980 et essentiellement de 1977/1978 (singles, Peel Sessions
..)


jeudi 21 novembre 2019

The ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 2


Rocket to russia

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Seul contre tous , voilà comment on peut encore résumer le statut des ramones lors de la sortie de ce disque. Les critiques qualifient leur musique de « son de dix milles chasses d’eau » , les radios refusent de passer leurs titres , et les disques ne se vendent pas.

Ceux-là n’ont pas encore compris que le génie des ramones est progressif, le groupe monte en puissance par paliers, comme un missile en plein décollage. Rocket to russia est justement le titre de ce dernier manifeste en trois accords, et le chemin parcouru en un an est encore une fois impressionnant.

A l’époque , le groupe tourne encore sans discontinuer et , si la cadence infernale qu’il s’inflige lui permet de progresser rapidement , elle met les nerfs des musiciens à rude épreuve. Quant Joey chante « I wanna be well » , il exprime autant ses propres névroses que les tensions qui commence à frapper son groupe.

Celles-ci nourrissent encore des riffs qui n’ont jamais été aussi incisifs que sur cretin hop et rockaway beach, alors que le groupe commence paradoxalement à révéler une certaine finesse minimaliste. Des embryons de mélodies commencent à pointer timidement leur nez , comme sur locket love et I don’t care , et leurs mélodies qui s’impriment dans notre mémoire comme des parodies de slogans révolutionnaires.

Et puis il y’a « surfin bird » et « we’re an happy family » , rock cartonneuse qui semblent joués par des personnages de tex avery. Encore une fois, le disque ne se vend pas, et la critique ira jusqu’à prendre ce gang de dadaiste punk pour des fafs , après les avoir entendu chanter « je suis un béret vert au vietnam ».

« Nous étions trop innocents » déclarera Joey , on lui répondra que c’est bien là que se situe leur grandeur. La politique, les ramones s’en foutent comme de leurs premiers diabolos menthe. Leur truc c’est le rock, le vrai , celui qui sera toujours le cri rageur de ceux « qui ont la fureur de vivre, de parler, qui veulent jouir de tout, qui jamais ne baillent ni ne disent une banalité, mais qui brûlent, brûlent, brûlent, comme une chandelle dans la nuit."*

Et pour eux, la vie est un combat dont les ramones ont fourni la bande son.


Road to ruin

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Des morceaux de plus de trois minutes , des solos certes minimalistes mais bien présents, le tout sur un album dépassant allégrement la demie-heure syndicale. Road to ruin est clairement l’album qui marque une nouvelle ère pour les ramones.

En amélioration constante depuis son premier brouillon libérateur, la fausse fratrie new yorkaise livre ici son disque le plus équilibré. Fini les riffs sonnants comme des tronçonneuses prêtes à déchiqueter toute notion de virtuosité rock , Johnny développe désormais son propre feeling. Et réussit désormais à varier les registres.

I just want to have somethin to do sonne comme une version punk des premiers led zeppelin , le guitariste ayant appris à laisser respirer ses décharges rythmiques, afin d'en décupler l’effet. On trouve toujours notre lot de rythmiques foudroyantes, comme bad brain ,ou i’m against it, mais la production ample s’éloigne du son tranchant des premiers disques.

Road to ruin n’est plus un pavé primitif, c’est un véritable album varié et travaillé. Le groupe réclame une reconnaissance qui tarde à venir, la ballade acoustique « don’t come close » s’alliant à la classieuse reprise de « needles and pins », et à la mélodie réconfortante de « questionengly », pour tenter d’imposer les ramones au sommet des ventes. Ajoutez à cela les progrès vocaux d’un Joey Ramones qui ne se contente plus de crier dans le micro, et vous obtenez le disque le plus abouti des marginaux américains.

Road to ruin est le plus parfait équilibre entre les ambitions commerciales du quartet , et sa rage juvénile, leur sergent pepper en quelque sorte. Mais, malheureusement, le succès ne sera toujours pas au rendez-vous, obligeant le groupe à poursuivre le rythme infernal de ses tournées.

Lassé de cette cadence, Tommy Ramones jette l’éponge à la fin des sessions d’enregistrement. Pour le remplacer, les ramones recrutent Marc Bells , qui est surtout connu pour avoir participé à l’enregistrement de blank generation des vodoids.

Une page se tourne, mais la prochaine n’est pas moins passionnante.

End of the century

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Parler de End of the century , c’est rejouer l’éternel combat entre les pros et les antis Spectors. Si son Wall of sound a inspiré Springsteen lors de l’élaboration du lumineux born to run , le boss ne devait sa réussite qu’à un équilibre que le cinglé pop serait bien incapable de reproduire.
                                                                                                                                                       
Ancêtre de la compression, qui transforme toute musique en glaviot informe, sa technique d’enregistrement se résume à une fange sirupeuse qui engloutit même le génie des beatles.  Pourtant, l’incompréhension autour de cet album est autant lié à l’erreur de jugement des rares fans des ramones qu’aux bourdes Spectoriennes.

Avant d’être des punk, les ramones étaient de grands fans des beatles et de la pop de la grande époque . Leurs racines sont là , dans ses refrains innocents et légers qui firent le succès des premiers titres des grands groupes de pop anglaise. C’est d’ailleurs pour cela que Spector choisit de commettre son prochain forfait sur les new yorkais, il avait compris que gabba gabba hey était l’équivalent moderne de « da doo ron ron ». Et, contre toute attente, la sauce va en partie prendre, end of the century s’affirmant comme un des rares disques du producteur qui ne donne pas envie de balancer sa platine par la fenêtre. 

L’enregistrement , lui , fut un enfer , le producteur se conduisant comme un véritable dictateur , usant de tous les moyens pour faire répéter le groupe, jusqu’à trouver la formule collant à ses idées foireuses. Ne se promenant jamais sans son arme, le docteur Jekyll des studios va jusqu’à pointer son pétard sur Dee Dee, pour l’obliger à recommencer ses parties de basse.

A la fin, l’expérience ne laissera de bons souvenirs à personne, et donnera naissance à un disque étonnant sans être brillant. Même si la rencontre entre le wall of sound et le wall of noise produit son lot de moments d’anthologie.

Les Ramones semblent transportés au milieu des sixties , l’annonce ouvrant l’album semble d’ailleurs tout droit sortie d’un vieux transistor. Voilà donc nos ramones balançant leurs refrains punks dans un décor vintage, Joey chantant « it’s the end of the seventies , it’s the end of the century » au milieu d’une production grandiloquente que n’aurait pas renié les groupes les plus raffinés.

Cette première partie n’est pas une compromission, c’est une révélation, les ramones renaissent grâce à ce son ample et plein d’écho qui fit le bonheur de John Lennon. Les premiers titres sont des réussites, les ramones se contentant de poursuivre les progrès effectués sur road to ruin, pendant que Spector ne fait qu’en souligner la simplicité pop. Classique du groupe de Dee Dee Ramone , Chinese rock montre un Spector qui a enfin compris qu’il n’était qu’un humble artisan chargé de mettre en valeur ses nouveaux protégés.

Et puis l’égo de l’escroc Spector reprend le dessus, et l’incite à répéter sur « baby i love you » le crime qu’il avait déjà commis sur « the long and winding road », les violons effectuant un travail de sape écœurant.

Le reste de la seconde face est du même niveau, montrant ainsi que le mur du son et le mur du bruit ne cohabitent pas, ils se succèdent. Spector s’est réservé la seconde face, détruisant ainsi tout ce que le groupe avait réussi sur la première , et si les ramones parviennent à reprendre la main sur « rock n roll higt school », c’est sans doute grâce à une négligence de ce terroriste du son.

Au final , on obtient une demie réussite , un disque frustrant et massacré par le plus grand tartuffe de l’histoire du rock.


Pleasant dreams

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D’une certaine façon, Spector a tenu ses promesses avec end of the century. Sans doute boosté par la réputation surfaite du producteur, le disque devient vite le plus vendu du groupe. Les chiffres restent toutefois modestes, et couvrent à peine les frais d’enregistrement. Mais surtout, les fans de la première heure voient d’un mauvais œil cette main tendue au grand public, et sa participation à un ridicule film de série B.

Pendant ce temps, le punk commence déjà à s’essouffler. Avec Sandinista , les clash ont signé leur arrêt de mort , en produisant un triple album cacophonique et inécoutable en une fois. Vulgairement appelé new wave , les restes du punk survivent difficilement à travers les quelques pépites d’Elvis Costello et des Jam, pendant que blondie , Patti Smith , et les stranglers se noient dans les méandres de la pop synthétique.

Pleasant dreams sort donc au milieu de ce vide, et obtiendra le même mépris que ses prédécesseurs. Pour les fans , Spector a tué les ramones , et la production très pop de pleasant dreams ne fait que confirmer leur sentiment. L’homme était pourtant une étape logique dans le parcours d’un groupe qui n’a cessé de s’affiner, mais les ramones resteront toujours prisonnier de l’image de gentils sauvages qu’on leur a collé.
                                                               
Si il durcit le ton , la critique fustige sa violence primaire , alors que toute touche pop est vue comme une trahison par les fans, laissant le groupe coincé entre le marteau et l’enclume. Pleasant dreams est pourtant un bouillonant manifeste pop punk , we want the airwave s’affirmant comme le nouvel hymne rageur d’un groupe qui s’est toujours vu comme le sauveur du rock. Et d’hymnes , ce disque n’en manque pas. The KKK took my baby away botte le cul de la pop , pendant que le groupe pose des bases que les punk rockers ne feront que copier sur «  sitting in my room » , « this business is killing me » , et autres perles juvéniles.    

Au final , si les ramones ont sans doute accentué leur coté pop, pour échapper à la déchéance de la vague punk , ils sont les seuls à le faire en gardant une telle énergie. Non, Spector n’a pas tué les ramones , le groupe a juste digéré ses enseignements, pour les soumettre à grands coups d’hymnes punk rock .