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mardi 3 mars 2020

Bonamassa Beth Hart : Don't Explain


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On le croyait perdu, déchiré par les fils spirituels d’Hendrix, écartelés par les riffs mitrailleurs du heavy metal. Le blues, ce vieil hôtel qui survécut même aux piteuses eighties, se mourrait. Jack White était bon, mais son amour des stooges l’éloignait des grands anciens.

 Chercher le blues, le vrai, celui qui soigne l’âme et sonne comme un puissant cri du cœur, est devenu une mission complexe. Bloomfield était plus grand que Hendrix, mais les solos grandiloquents du second furent plus séduisants que la classe un peu austère du premier. Nous sommes donc les héritiers d’une culture falsifiée , d’un mauvais choix lourd de conséquence, et qui conditionne encore le son de la plupart des groupes actuels.  

On ne parle plus de rock n roll, mais de rock. Keith Richard lui-même sentait que ce changement de terme était lourd de sens, et regrettait de ne plus retrouver « ce putain de roll ». Aujourd’hui, on sait ce qu’il est devenu, il a disparu quand une violence féconde est venue noyer le feeling des origines. Le résultat de ce basculement était parfois brillant, mais laissait tous les puristes, ceux pour qui une note pleine d’émotion vaut tous les solos du monde, orphelins.

Quand la tempête créative est passée, elle a laissé le blues et le rock tiraillés entre deux chapelles. Hendrix et Bloomfield sont toujours les dieux à l’origine de ces chapelles, les icônes incarnant l’affrontement entre le théâtral et le traditionnel, les tripes et l’esprit. 
                                                                                                                    
Bonamassa , mieux que tout autre , incarne parfaitement ce tiraillement. Passé du hard rock tapageur de black country communion, au purisme de redemption , c’est un bluesmen amoureux du rock anglais. Tel un mari infidèle, il fait parfois quelques escapades dans l’univers de led zepp et black sabbath , avant de revenir humblement consoler sa muse abandonnée. 

Et il ne l’honore jamais mieux, que quand il rend hommage à ceux qui firent l’histoire du blues. Son respect du matériel original l’incite alors à plus de sobriété, et chacune de ses notes semble contenir tout une partie de lui-même.

Invitée à célébrer cet héritage avec lui, Beth Hart sublime le tout d’une voix qui s’apparente au fruit d’un mélange entre la puissance grasse d’un Muddy Water , et le charisme spirituel de Janis Joplin. Sur « your heart is black has night » ou « i’d rather go blind » , sa voix atteint des sommets émotionnels oubliés, depuis que Plant a chanté « le plus beau blues chanté par des blancs » (since I’ve been lovin you ).

Son guitariste ménage ses effet, sa guitare devient le prolongement de son esprit, un objet sacré qu’il laisse s’exprimer. Même quand il lâche un peu prise, comme sur le boogie « something get a hold on me », la rigueur reste de mise.

Le jeu est rythmique, presque Richardien, et les riffs, s’épanouissent dans de grands silences, qui laissent résonner les notes. Les pédales d’effet sont rares, les solos au service des mélodies, et la voix mesurée n’a pas besoin de crier pour transmettre son émotion.

Ce n’est pas seulement une certaine idée du blues qui ressuscite ici , c’est une certaine idée de la musique.